CHEMIN DES CARON

 

Nous assistons, � l'h�tel de ville, � un ph�nom�ne relativement nouveau lorsque des visiteurs nous �crivent ou se pr�sentent pour conna�tre qui �taient leurs anc�tres.

Leur but est de conna�tre quelques actions authentiques de leurs anc�tres afin de "recr�er" dans une ambiance qu'ils imaginent, les faits et gestes de leurs a�eux.

Ils d�dient souvent � leurs petits enfants cette histoire romanc�e qui s'inspire de faits v�cus.

En voici un exemple o� l'on peut constater le souci de la recherche et de l'authenticit� chez l'auteur.

 

La Romanci�re

 

La romanci�re Madeleine Ferron, (�dition Bor�al 1993) dans son oeuvre Adrienne, une saga familiale, dresse l'historique du village des Caron en se basant sur le r�cit que l'on retrouve dans Yamachiche et son histoire (1978) de J. Alide-Pellerin.

Nous vous reproduisons les pages 33 � 42 de son livre en esp�rant que cela vous incitera � lire le reste de son roman:

Il fait encore nuit en ce 19 juillet 1783, quand Michel Caron, aid� de quelques-uns de ses gar�ons, ach�ve de charger sa longue charrette.  Ils y montent les coffres o� sont rang�s les outils et les objets dont la famille peut d'ores et d�j� se passer.  Son fils Augustin l'accompagnera.  Il a dix-sept ans, il est fort, courageux et patient:  heureusement, puisque la route sera longue.  Une fois le fleuve travers� sur la barge � aubes, ils prendront le chemin du Roy, qui est �tortueux, raboteux et serr�.  Les rivi�res ne sont pas toutes pourvues de pont.  On les traverse � gu�, comme on peut.  J'apprends aussi, dans une relation d'Isaac Weld, que �les chevaux du Canada sont petits, lourds mais infatigables.  Ils se rendent, en quatre jours, de Qu�bec � Montr�al�.  Michel et Augustin en mirent sans doute deux pour se rendre � Yamachiche, la destination qu'ils avaient choisie sur les conseils de Fran�ois qui, cabotant tout au long du fleuve, avait appris qu'il y avait l� des lots � conc�der et une paroisse en plein d�veloppement.

Ce qui est juste.  D�j�, dans le recensement de Murray en 1763, on observe que Yamachiche se compare avantageusement aux paroisses avoisinantes, m�me � Trois-Rivi�res qui, n'a que 672 habitants.  La population de Machiche, comme on dit alors, est de 567 �mes.  Elle surpasse donc celle de Rivi�re-du-Loup (aujourd'hui Louiseville) qui n'a que 500 habitants.

En ce mois de juillet 1783, quand Michel Caron se pr�sente au manoir de Yamachiche et demande � voir le seigneur Gugy, c'est Mlle �lizabeth Wilkinson qui le re�oit.  Si les habitants la soup�onnent d'�tre la concubine du seigneur, aucun d'entre eux ne peut nier qu'elle est l'administratrice de la seigneurie.

Elle observe avec curiosit� cet homme costaud qui se tient devant elle et annonce le but de sa visite:  acheter une tr�s grande concession pour y �tablir ses dix gar�ons !  Il a de l'assurance, certes, des mani�res polies, mais elle ne le conna�t pas...et il est v�tu comme un colon avec sa culotte d'�toffe, ses �bottes de beu� et sa tuque, qu'il enl�ve.  Mlle Wilkinson dit que c'est elle qui se charge des affaires, mais elle demeure h�sitante, interloqu�e par l'importance de la demande de cet homme � l'air fatigu�, qui approche de la cinquantaine et qui est v�tu d'habits poussi�reux.

Devant l'ind�cision de son interlocutrice, Michel Caron, piqu� dans sa fiert�, se redresse, s'excuse d'avoir � retourner � sa voiture, pour y chercher, annonce-t-il s�chement, l'argent d'un premier versement.

Mlle Wilkinson se rend � la fen�tre.  De plus en plus, l'assurance de cet homme lui pla�t.  Il est certain de r�ussir une transaction, pense-t-elle en remarquant qu'il a d�j� commenc� � transporter ses coffres.  Elle le voit se pencher pour d�tacher les cordes qui retiennent, tout pr�s de l'essieu de sa voiture, un sac oblong, qui est lourd, remarque-t-elle, ainsi rassur�e.  Puis, stimul�e par l'attrait subit de cette rencontre, elle s'empresse d'aller ouvrir la porte et prie poliment son visiteur de bien vouloir s'asseoir, afin qu'ils puissent parler affaires.  Apr�s lui avoir fait r�p�ter la demande et pr�ciser le nombre de lots qu'il veut acheter, Mlle Wilkinson ouvre les ench�res.

�On peut vous offrir, dit-elle, huit cents arpents, soit trente arpents de front sur vingt-sept de profondeur, pour la somme de 22 000 livres en monnaie anglaise�.  Comme il marchande avec v�h�mence, elle lui conc�de un arpent de prairie � gros foin, aux �lets d'Obuchon, en bordure du lac Saint-Pierre.  La proposition ne d�pla�t pas � l'acheteur, puisqu'il p�che l'anguille, le dor� et aime, � l'automne, d'une cache de roseaux, chasser la sarcelle et le canard.  Il a aussi remarqu� de la route que les toits des b�timents de ferme des environs sont couverts de chaume, ce gros foin qu'elle lui offre.  Tant mieux...pense-t-il tout en feignant la d�ception.  Elle ajoute aussit�t un droit de commune, c'est-�-dire un p�turage qu'il partagera avec les habitants de Grand-Pr�.  Comme Michel Caron demeure silencieux et r�ticent, elle dit avec un d�but d'agacement qu'elle cl�t son offre avec un campeau, cette petite pi�ce de terre o� il y a d�j� quelques b�timents.  Rudimentaires peut-�tre, songe l'acheteur, mais qui leur permettront de ranger ce qu'ils apportent d�j� et d'�tre � l'abri pendant qu'ils construiront une premi�re maison pour recevoir sa femme et sa fille de cinq ans, Rose-F�licit�.

Comme Mlle Wilkinson se l�ve, Michel Caron, se m�prenant sur son intention, lui dit qu'elle peut aller chercher le seigneur, qu'il est pr�t � signer.  Elle se retourne, le regard sec, hausse les �paules et se dirige vers le secr�taire d'o� elle revient avec le terrier.  Avant d'en arriver au mode de paiement, Mlle Wilkinson annonce, avec une subite bienveillance, qu'elle condescend � ajouter � l'acte de vente, s'il a lieu, une paire de boeufs de cinq ans, une vache laiti�re et une charrue compl�te.

Michel Caron acquiesce d'un mouvement de t�te, tout en se frottant le menton de satisfaction:  non seulement il a acquis tout ce qu'il lui faut, mais les dix lots qu'il ach�te sont contigus.

Comme le seigneur Conrad Gugy n'est mort qu'en 1786, il est curieux de constater que c'est aussi avec Mlle Wilkinson que Michel Caron signe son contrat.  C'est tout de m�me au seigneur qu'il paiera le cens et s'acquittera du reste de sa dette, en de�� de quatre ans, comme convenu.  La famille, sit�t install�e, ne dut pas ch�mer souvent !

Michel Caron commence par ��tablir� Joseph, l'a�n�, en partant de la ligne nord-est de son territoire.  La maison construite, Joseph �pouse Em�rencienne Pelletier.

En 1783, l'�ge respectif des dix fils s'�chelonne de dix � vingt-quatre ans.  Joseph install�, on passe � Jean-Marie qui �pouse Madeleine Carbonneau.  Michel fils �pouse Marie-Anne Trahan; Augustin, Josephte Lamothe; Fran�ois, Catherine Soucy; Charles, Fran�oise Dufresne; Ambroise, Josephte Langlois; Gabriel, Th�r�se B�land; et Cyrille, Antoinette Lacerte.

Louis, le plus, jeune, occupera avec ses parents le dernier lot � l'ouest, comme si l'on pressentait d�j� que la famille, en se multipliant, d�borderait vers la seigneurie de Rivi�re-du-Loup.

Ainsi est n�e la gigantesque entreprise de Michel Caron et de Marie-Josephte Parent, qui deviendra le village des Caron.  L'appellation �tait justifi�e par la superficie du territoire d�frich� et cultiv� par les dix fr�res, dont les descendants seront, en 1900, au nombre de six cents.

Dommage que la photographie n'ait pas exist� au d�but de cette m�morable aventure.  Dommage que personne n'ait fait de croquis ou tenu un journal.  M�me s'ils en �taient capables, peut-�tre n'en avaient-ils pas le temps ?  En plus des incessants travaux domestiques et agricoles, ne faut-il pas inclure dans leur emploi du temps les rituels et c�l�brations qui accompagnent les bapt�mes et les mariages ?  Et les f�tes qui jalonnent l'ann�e ?  Sans oublier les corv�es et les travaux collectifs qui s'agr�mentent de r�jouissances.

Il me semble voir les longues tables, faites de planches de bois pos�es sur des tr�teaux, recouvertes d'�paisses nappes de lin que Marie-Josephte a sorties de ses coffres.  Elle va d'une table � l'autre, surveillant le transport des plats et la circulation des cruchons de rhum et de vin domestique.  J'entends les discussions qui enflamment les hommes et que surveillent les femmes.  Et avec les heures, prend forme leur ambitieux projet d'�tendre leur influence, en m�me temps que leurs propri�t�s.  �Ils sont tous hommes de talent, clairvoyants et habiles en affaires, affirme leur coryph�e, J.Alide Pellerin.  Ils ont r�ussi, en peu d'ann�es, � se cr�er des situations enviables, gr�ce � leur bel esprit familial, � leur entraide mutuelle et � leur honn�tet�.

�Clairvoyants et habiles en affaires�, voil� ce qui explique qu'en 1880, � peine un si�cle apr�s le d�but de l'aventure agricole, il n'y a plus aucun descendant direct des premiers occupants pour cultiver les terres au village des Caron.  Ceux qui succ�dent aux dix pionniers constatent, cependant, que si le sol n'est pas des plus fertiles, il a �t� fort bien mis en valeur, puisqu'ils y vivent confortablement et sont tous � l'aise.

L'agriculture a donc �t� un tremplin pour les fr�res Caron.

�La famille Caron n'est pas une des plus anciennes � Yamachiche, puisqu'elle n'arriva qu'en 1783, mais elle n'en est pas moins l'une des plus illustres par le nombre de personnages remarquables qu'elle a fournis � l'�tat et � l'�glise�, �crit J.Alide Pellerin.  Elle manifeste, en tout cas, une attirance indiscutable pour les emplois dont l'ambition et le go�t du pouvoir sont les ferments !

Il n'est pas d�sagr�able de d�couvrir, parmi les commentaires, ceux qui d�signent les descendants comme b�n�ficiaires, puisque �leurs vertus et leurs talents sont comme h�r�ditaires�, assure Fran�ois-S�v�re Desaulniers.

Je m'approche des ann�es o� j'aurai plus facilement l'appui de la tradition orale, bien que ce soit d�j� gr�ce � elle que j'ai pu assister � l'arriv�e de Michel Caron et � l'achat des terres au manoir du seigneur Gugy en 1783.  La transmission de cette sc�ne initiale �veille dans mon imagination un second tableau:  l'arriv�e � Machiche de plusieurs longues charrettes recouvertes de b�ches poussi�reuses qui transportent la famille au complet.  D�s le lendemain commencent � retentir dans la for�t avoisinante le bruit sourd des cogn�es et celui, plus rapide et plus sec, des marteaux.

La construction des multiples habitations et b�timents, la mise en culture des terres se firent rondement puisque, d�j� en 1804, Michel, qui porte le pr�nom de son p�re et a quarante et un ans, commence � participer � la vie publique.  Ce qui suppose qu'il a d�j� les moyens de s'absenter pour aller si�ger, comme d�put� du comt� de Saint-Maurice, � l'Assembl�e l�gislative.  Il le sera jusqu'en 1814.

Il s'est mari� en 1787 avec Marie-Anne Trahan, une Acadienne du groupe des quarante familles qui, en 1767, sont venues s'�tablir � Yamachiche et � Saint-Gr�goire, de l'autre c�t� du fleuve.

Fran�ois Caron est aussi d�put� du comt� de  Saint-Maurice, conjointement avec son fr�re Michel.  C'est possible � l'�poque et sans doute n�cessaire, le comt� s'�tendant de Batiscan � Maskinong�.

Comment se rend-on � Qu�bec � l'�poque ?  Isaac Weld, qui visite le pays en 1797, affirme que �quoique les cal�ches soient lourdes et grossi�rement construites, elles ne cahotent pas les voyageurs comme les diligences am�ricaines...  Si on a eu la pr�caution de se pourvoir de coussins, on n'arrive pas les c�tes et les bras meurtris�.

Au d�but du XIXe si�cle, le confort des routes s'est am�lior�.  Le voyage de Qu�bec � Montr�al n'est plus que de trois jours, et la diligence est tir�e par quatre chevaux.  Mais que d'arr�ts dans les auberges pour loger les voyageurs, sans compter les vingt-deux relais o� il faut changer de chevaux !  Et il y a toujours danger de s'enliser dans les fondri�res s'il a plu, de verser en accrochant une souche ou en prenant le bac.

Pour toutes ces raisons, c'est le voyage en bateau qui est le plus confortable, m�me par temps houleux et m�me s'il est plus long.  Je vois tr�s bien aussi les fr�res Caron descendre � Qu�bec dans la carriole ou la cal�che de la famille avec, dans le coffre de bois, � l'arri�re de la voiture, le sac de provisions qui r�duira les d�penses du voyage.

Charles Caron, un autre fils de Michel, repr�sente lui aussi le comt� de Saint-Maurice de 1824 � 1830.  Sans doute fut-il influenc� par son beau-p�re Augustin Rivard Dufresne, lui aussi d�put�, mais sa v�ritable inclination me semble avoir �t� pour sa terre, qu'il cultiva jusqu'� l'�ge de quatre-vingt-cinq ans.

Comment percevoir, m�me vaguement, ce qui est propre � cette famille du XIXe si�cle?

En politique, on peut consulter l'analyse de Jean-Charles Bonenfant concernant Ren�-�douard Caron, homme politique, juriste, maire de Qu�bec et lieutenant-gouverneur.  Ces postes importants lui donn�rent une notori�t� et une autorit� qui ont certainement influenc� la famille de Michel, son cousin.  Le comportement de l'un et de l'autre n'est pas sans analogie.  Les �l�ments sont assez nombreux qui permettent de d�couvrir un m�me esprit de famille, les m�mes tendances politiques et des traits de caract�re communs.

D'abord, Ren�-�douard et Michel sont issus de ce milieu paysan dont les membres franchissent avec une aisance remarquable la fronti�re des classes sociales.  Ren�-�douard remplit �sa charge de lieutenant-gouverneur avec beaucoup de dignit� [...] et donna � la r�sidence de Spencer Wood un cachet vice-royal�.  Cette allure correspond � celle d'Euphrosine Caron, petite-fille de Michel, laquelle, sup�rieure des ursulines en 1829, re�oit au monast�re la visite inattendue de Lord Gosford.  Le gouverneur g�n�ral �crit:  �La r�v�rende m�re Michel qui vient de me recevoir ferait honneur � un tr�ne�.  Voil� des mani�res qui manifestent une remarquable confiance en soi !

La famille est aussi pieuse.  La pri�re du soir et le chapelet sont r�cit�s quotidiennement � Spencer Wood et les �Chantres de Machiche�, dont font partie les fr�res Caron, chantent dans le choeur de l'�glise, avec une ferveur qui suscite des vocations religieuses chez les femmes de la famille.  Celles-ci canalisent ainsi leur �nergie et leur sens des affaires vers des postes de prestige au sein des communaut�s.

 

Vide-poche

 

Le Chemin des Caron, l� o� on le situe actuellement, n'est que l'une des 3 routes qu'on doit associer aux toponymes Des Caron et Vide-Poche.

De nos jours, la Route de la Chicane d�bute au Chemin des Petites-Terres et se prolonge jusqu'au Chemin des Caron.

Ce n'�tait pas le cas autrefois.  � partir du Chemin des Petites-Terres, les premiers 400 pieds portaient le nom de Route de la Chicane mais l'exc�dent de la route, pour se rendre � la Concession du Village des Caron, portait le nom de Route du Village des Caron.

C'�tait donc cette petite portion de route qui portait alors le nom de Route du Village des Caron.

Le chemin actuellement connu comme le Chemin des Caron portait-il alors le nom de Vide-Poche?

Et bien non.  La Route de Vide-Poche �tait l'actuelle route 153 (ou plus pr�cis�ment le Boulevard Trudel) entre la voie ferr�e et l'actuel Chemin des Caron.

Comment appelait-on alors l'actuel Chemin des Caron?  C'est qu'il faut comprendre qu'� l'�poque, les limites des divers secteurs de la municipalit� portaient le nom de Concession.

� l'�poque, on allait donc pas sur telle ou telle rue, on se rendait plut�t � une Concession.

L'actuel Chemin des Caron longeait alors deux Concessions et l'on r�f�rait � ce chemin selon qu'il longeait la Concession de Vide-Poche ou la Concession du Village des Caron.

Et c'�tait m�me un peu plus compliqu� en r�alit� car:

        la partie de la route comprise entre les lots 1032 � 1042 s'appelait la Route de la Concession du Village des Caron;

Il y e�t d'ailleurs en 1835 un proc�s retentissant obligeant les 2 fr�res Pierre et Alexis G�linas � raccorder le chemin en ligne directe et � relocaliser leurs r�sidences le long de la nouvelle route qui reliait enfin les 2 chemins.

        le lot 1019 fait partie de la Concession de la Chicane et la partie de la route qui le longe s'appelait alors la Route de la Concession de la Chicane;

        la partie de la route comprise entre les lots 1044 et 1059 s'appelait la Route de la Concession de Vide-Poche.

 

Vous voulez un peu plus compliqu�?

Et bien sachez que le Chemin des Caron n'a jamais �t� officialis� comme tel.

Le 14 octobre 1969, le conseil municipal adopte une r�solution afin que le d�put� Philippe Demers sache quels sont les chemins de la municipalit� pr�ts � recevoir l'asphalte avec les num�ros de lots que ces chemins traversent ainsi que leur longueur.  On y inscrit le ... Chemin de Vide-Poche des lots 1032 � 1061 sur une longueur de 1.42 mille.

Le 8 d�cembre 1969, le conseiller Pierre Milot donne un avis de motion afin que son secteur soit desservi en aqueduc.  Celui-ci fait inscrire ...Chemin des Caron.

Et ce sera ainsi qu'on commencera � lire Chemin des Caron dans les proc�s-verbaux de la municipalit�, sans autre forme ou adoption officielle par la municipalit�.

C'est donc lorsqu'ils se virent attribuer leurs num�ros civiques, le service d'aqueduc et l'asphalte que les citoyens ont fort probablement, pour �liminer une triple appellation dans un m�me chemin, commenc� � adopter l'unique appellation de Chemin des Caron.

En ce qui concerne Vide-Poche, l'historien Mgr Napol�on Caron a consacr� un chapitre entier de son livre Histoire de la Paroisse d'Yamachiche sous une appellation tr�s humble:  quelques notes sur chacun des rangs de la paroisse d'Yamachiche.

Voici ce qu'il y a inscrit sur Vide-Poche:

 

Voil� un nom qui ne sonne pas m�lodieusement aux oreilles; il d�signe cependant l'un des plus beaux rangs de la paroisse d'Yamachiche.  On ne s'accorde pas sur l'origine du nom qui lui fut donn�.  Les uns pr�tendent qu'on l'appela ainsi parce que les braves d�fricheurs qui y ouvraient des terres partaient, le lundi, le sac bien rempli...sur le dos, et revenaient le samedi le sac vide...sous le bras.  D'autres y voient une allusion au peu d'argent que poss�daient les habitants de cet endroit, lesquels ayant commenc� � s'�tablir quand les terres �taient tr�s avanc�es partout ailleurs, se sont trouv�s dans une pauvret� relative.  Quoiqu'il en soit, ce nom n'a plus sa raison d'�tre aujourd'hui.  Les Milot comptent parmi les premiers d�fricheurs de Vide-Poche.

Dans la tradition de la famille Milot on se rappelle encore de me confier mon bon ami Jean-Pierre Milot, que la croix de chemin � l'entr�e Est du Chemin des Caron �tait d'abord destin�e � la nouvelle �glise paroissiale construite en 1959.  Cependant, le cur� Ernest Jacob ne jugeait pas la taille de la croix suffisante et incita plut�t Omer Milot � l'utiliser comme croix de chemin, celle-ci devint donc la premi�re croix de chemin fabriqu�e avec d'autres mat�riaux que le bois.

 

Monseigneur Caron

 

Je vous en r�f�re � la rubrique de toponymie parue le 3 mars 1999 sur le site internet de la municipalit� d'Yamachiche pour mieux conna�tre Monseigneur Napol�on Caron.

Au cas o� vous auriez la paresse de ne pas vous y rendre...rappelons que nous devons � cet homme de mieux conna�tre notre communaut� puisqu'il a initi� un formidable mouvement d'�criture qui a permis, autour des ann�es 1900, � plusieurs �rudits locaux d'�crire sur Yamachiche.

 

La maison Barth�l�my-Caron

 

En face du presbyt�re d'Yamachiche, du c�t� nord de la route 138, la r�sidence du 531 Sainte-Anne a connu diverses vocations assez remarquables.

Michel Caron avait l�gu� cet emplacement � son fils Barth�l�my qui �rigea la propri�t� actuelle vers 1850.

En 1875, ses 3 filles h�ritent de la maison et c'est Marie Josephine qui l'habitera, son mari, le Dr. Alexis N�r�e Bellemare, y �tablissant son bureau de m�decin.

En 1932, l'h�telier G�r�sime Jacob qui revient des �tats-Unis y tiendra une maison de pension fort pris�e � l'�poque.

Apr�s quelques ann�es de vocation uniquement r�sidentielle, un commerce de club video, salon de coiffure et comptoir de cr�me glac�e s'y �tablit au d�but des ann�e 1990 pour �tre remplac� � la fin des ann�es 1990, avec Josette No�l comme nouvelle propri�taire, par une r�sidence pour personnes retrait�es redonnant vie � cette r�sidence qui refl�te bien les qualit�s de constructeurs de la famille Milette dont nous avons parl� dans notre chronique de toponymie du 2 ao�t 1999.

C'est Josette No�l qui a redonn� � la r�sidence l'appellation Barth�l�my-Caron, une heureuse id�e qui n'�galera cependant jamais la qualit� des interventions que celle-ci fait aupr�s de sa vingtaine de prot�g�s qui ont le privil�ge de compter, en Josette, sur une personne enti�rement d�di�e � cette vocation bien unique que celle de s'occuper d'une maison de gens retrait�s.

Barth�l�my Caron m�rite d'ailleurs de voir son nom perp�tu� car il fut le tout premier � construire pour le Village � Yamachiche en 1873 un r�seau d'aqueduc dont les lignes de distribution �taient construites en bois, avec des outils qu'il patenta lui-m�me.

Cet aqueduc bien que construit � m�me des troncs d'arbres �tait aussi r�sistant que le PVC d'aujourd'hui tant et aussi longtemps que le bois n'�tait pas expos� � l'air, ce qui le faisait alors pourrir.  Ce n'est d'ailleurs qu'en 1957 que fut remplac� l'aqueduc provenant de Vide-Poche par un nouveau syst�me aliment� par des puits art�siens situ�s � Pointe-du-Lac.

 

L'Association des familles Caron d'Am�rique inc.

  Site internet: Des Caron d'Am�rique.

Plusieurs familles se sont dot�es d'une association afin de tisser des liens.  Monsieur Henri Caron a eu la d�licatesse de me faire parvenir le bulletin d'informations Tenir et servir de l'Association des familles Caron d'Yamachiche inc.

L'appellation "bulletin" est toutefois bien modeste puisqu'il s'agit d'une publication de 24 pages qui, en d�cembre 1998, en �tait d�j� � sa 45e �dition.

R�f�rences historiques, �v�nements, actualit�s, les int�ress�s peuvent l'obtenir en adressant leur demande par t�l�copieur au 514-532-2143.

Ne doutez pas que ce sont les sujets qui viendront � leur manquer.  Dans son volume Yamachiche et son Histoire, l'historien J. Alide Pellerin r�sume pour chacun d'eux en quelques lignes la vie de 38 vocations religieuses, 17 pr�tres, 7 d�put�s et 15 personnages r�put�s qui sont des Caron d'Yamachiche.

Il y aurait ainsi plus de 80 Caron qui m�riteraient notre souvenir car ils ont fait leur marque dans tous les domaines, occupant tant�t le poste de Sup�rieure g�n�rale chez les Ursulines, chez les Soeurs de la Providence, tant�t de prestigieuses cures, tant�t d'importants postes politiques.

La communaut� d'Yamachiche a eu l'honneur de compter parmi ses enfants la famille Caron.  Ils ont �t� de toutes les influences, que ce soit dans les domaines de l'agriculture, du commerce, de la musique, de la politique, de l'organisation communautaire.

L'appellation Chemin des Caron m�rite d'�tre perp�tu�e � jamais puisque les Caron y ont laiss� leur marque, celle de la prosp�rit�, de l'amour du travail et de l'implication communautaire.

Fait cocasse, jamais un Caron, malgr� une descendance de 7 d�put�s, n'aura �t� un �lu municipal � Yamachiche.  Il faut croire en l'adage Nul n'est proph�te en son pays...

 

Paul Desaulniers

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