CHEMIN
DES CARON
Nous
assistons, à l'hôtel de ville, à un phénomène relativement nouveau
lorsque des visiteurs nous écrivent ou se présentent pour connaître qui
étaient leurs ancêtres.
Leur but
est de connaître quelques actions authentiques de leurs ancêtres afin de
"recréer" dans une ambiance qu'ils imaginent, les faits et gestes
de leurs aïeux.
Ils dédient souvent à leurs
petits enfants cette histoire romancée qui s'inspire de faits vécus.
En voici un exemple où l'on
peut constater le souci de la recherche et de l'authenticité chez l'auteur.
La
Romancière |
La romancière Madeleine
Ferron, (Édition Boréal 1993) dans son oeuvre Adrienne, une saga familiale, dresse l'historique du village des
Caron en se basant sur le récit que l'on retrouve dans Yamachiche et son histoire (1978) de J. Alide-Pellerin.
Nous vous reproduisons les
pages 33 à 42 de son livre en espérant que cela vous incitera à lire le
reste de son roman:
Il
fait encore nuit en ce 19 juillet 1783, quand Michel Caron, aidé de
quelques-uns de ses garçons, achève de charger sa longue charrette.
Ils y montent les coffres où sont rangés les outils et les objets
dont la famille peut d'ores et déjà se passer.
Son fils Augustin l'accompagnera.
Il a dix-sept ans, il est fort, courageux et patient:
heureusement, puisque la route sera longue.
Une fois le fleuve traversé sur la barge à aubes, ils prendront le
chemin du Roy, qui est «tortueux, raboteux et serré».
Les rivières ne sont pas toutes pourvues de pont.
On les traverse à gué, comme on peut.
J'apprends aussi, dans une relation d'Isaac Weld, que «les chevaux du
Canada sont petits, lourds mais infatigables.
Ils se rendent, en quatre jours, de Québec à Montréal».
Michel et Augustin en mirent sans doute deux pour se rendre à
Yamachiche, la destination qu'ils avaient choisie sur les conseils de
François qui, cabotant tout au long du fleuve, avait appris qu'il y avait là
des lots à concéder et une paroisse en plein développement.
Ce
qui est juste. Déjà, dans le
recensement de Murray en 1763, on observe que Yamachiche se compare
avantageusement aux paroisses avoisinantes, même à Trois-Rivières qui, n'a
que 672 habitants. La population
de Machiche, comme on dit alors, est de 567 âmes.
Elle surpasse donc celle de Rivière-du-Loup (aujourd'hui
Louiseville) qui n'a que 500 habitants.
En
ce mois de juillet 1783, quand Michel Caron se présente au manoir de
Yamachiche et demande à voir le seigneur Gugy, c'est Mlle Élizabeth
Wilkinson qui le reçoit. Si les
habitants la soupçonnent d'être la concubine du seigneur, aucun d'entre eux
ne peut nier qu'elle est l'administratrice de la seigneurie.
Elle
observe avec curiosité cet homme costaud qui se tient devant elle et annonce
le but de sa visite: acheter une
très grande concession pour y établir ses dix garçons ! Il a de l'assurance, certes, des manières polies, mais elle
ne le connaît pas...et il est vêtu comme un colon avec sa culotte d'étoffe,
ses «bottes de beu» et sa tuque, qu'il enlève.
Mlle Wilkinson dit que c'est elle qui se charge des affaires, mais elle
demeure hésitante, interloquée par l'importance de la demande de cet homme
à l'air fatigué, qui approche de la cinquantaine et qui est vêtu d'habits
poussiéreux.
Devant
l'indécision de son interlocutrice, Michel Caron, piqué dans sa fierté, se
redresse, s'excuse d'avoir à retourner à sa voiture, pour y chercher,
annonce-t-il sèchement, l'argent d'un premier versement.
Mlle
Wilkinson se rend à la fenêtre. De
plus en plus, l'assurance de cet homme lui plaît.
Il est certain de réussir une transaction, pense-t-elle en remarquant
qu'il a déjà commencé à transporter ses coffres. Elle le voit se pencher pour détacher les cordes qui
retiennent, tout près de l'essieu de sa voiture, un sac oblong, qui est
lourd, remarque-t-elle, ainsi rassurée.
Puis, stimulée par l'attrait subit de cette rencontre, elle s'empresse
d'aller ouvrir la porte et prie poliment son visiteur de bien vouloir
s'asseoir, afin qu'ils puissent parler affaires.
Après lui avoir fait répéter la demande et préciser le nombre de
lots qu'il veut acheter, Mlle Wilkinson ouvre les enchères.
«On
peut vous offrir, dit-elle, huit cents arpents, soit trente arpents de front
sur vingt-sept de profondeur, pour la somme de 22 000 livres en monnaie
anglaise». Comme il marchande
avec véhémence, elle lui concède un arpent de prairie à gros foin, aux
îlets d'Obuchon, en bordure du lac Saint-Pierre.
La proposition ne déplaît pas à l'acheteur, puisqu'il pêche
l'anguille, le doré et aime, à l'automne, d'une cache de roseaux, chasser la
sarcelle et le canard. Il a aussi
remarqué de la route que les toits des bâtiments de ferme des environs sont
couverts de chaume, ce gros foin qu'elle lui offre.
Tant mieux...pense-t-il tout en feignant la déception. Elle ajoute aussitôt un droit de commune, c'est-à-dire un
pâturage qu'il partagera avec les habitants de Grand-Pré.
Comme Michel Caron demeure silencieux et réticent, elle dit avec un
début d'agacement qu'elle clôt son offre avec un campeau, cette petite
pièce de terre où il y a déjà quelques bâtiments.
Rudimentaires peut-être, songe l'acheteur, mais qui leur permettront
de ranger ce qu'ils apportent déjà et d'être à l'abri pendant qu'ils
construiront une première maison pour recevoir sa femme et sa fille de cinq
ans, Rose-Félicité.
Comme
Mlle Wilkinson se lève, Michel Caron, se méprenant sur son intention, lui
dit qu'elle peut aller chercher le seigneur, qu'il est prêt à signer.
Elle se retourne, le regard sec, hausse les épaules et se dirige vers
le secrétaire d'où elle revient avec le terrier.
Avant d'en arriver au mode de paiement, Mlle Wilkinson annonce, avec
une subite bienveillance, qu'elle condescend à ajouter à l'acte de vente,
s'il a lieu, une paire de boeufs de cinq ans, une vache laitière et une
charrue complète.
Michel
Caron acquiesce d'un mouvement de tête, tout en se frottant le menton de
satisfaction: non seulement il a
acquis tout ce qu'il lui faut, mais les dix lots qu'il achète sont contigus.
Comme
le seigneur Conrad Gugy n'est mort qu'en 1786, il est curieux de constater que
c'est aussi avec Mlle Wilkinson que Michel Caron signe son contrat.
C'est tout de même au seigneur qu'il paiera le cens et s'acquittera du
reste de sa dette, en deçà de quatre ans, comme convenu.
La famille, sitôt installée, ne dut pas chômer souvent !
Michel
Caron commence par «établir» Joseph, l'aîné, en partant de la ligne
nord-est de son territoire. La
maison construite, Joseph épouse Emérencienne Pelletier.
En
1783, l'âge respectif des dix fils s'échelonne de dix à vingt-quatre ans.
Joseph installé, on passe à Jean-Marie qui épouse Madeleine
Carbonneau. Michel fils épouse
Marie-Anne Trahan; Augustin, Josephte Lamothe; François, Catherine Soucy;
Charles, Françoise Dufresne; Ambroise, Josephte Langlois; Gabriel, Thérèse
Béland; et Cyrille, Antoinette Lacerte.
Louis,
le plus, jeune, occupera avec ses parents le dernier lot à l'ouest, comme si
l'on pressentait déjà que la famille, en se multipliant, déborderait vers
la seigneurie de Rivière-du-Loup.
Ainsi
est née la gigantesque entreprise de Michel Caron et de Marie-Josephte
Parent, qui deviendra le village des Caron.
L'appellation était justifiée par la superficie du territoire
défriché et cultivé par les dix frères, dont les descendants seront, en
1900, au nombre de six cents.
Dommage
que la photographie n'ait pas existé au début de cette mémorable aventure.
Dommage que personne n'ait fait de croquis ou tenu un journal.
Même s'ils en étaient capables, peut-être n'en avaient-ils pas le
temps ? En plus des incessants
travaux domestiques et agricoles, ne faut-il pas inclure dans leur emploi du
temps les rituels et célébrations qui accompagnent les baptêmes et les
mariages ? Et les fêtes qui
jalonnent l'année ? Sans oublier
les corvées et les travaux collectifs qui s'agrémentent de réjouissances.
Il
me semble voir les longues tables, faites de planches de bois posées sur des
tréteaux, recouvertes d'épaisses nappes de lin que Marie-Josephte a sorties
de ses coffres. Elle va d'une
table à l'autre, surveillant le transport des plats et la circulation des
cruchons de rhum et de vin domestique. J'entends
les discussions qui enflamment les hommes et que surveillent les femmes.
Et avec les heures, prend forme leur ambitieux projet d'étendre leur
influence, en même temps que leurs propriétés.
«Ils sont tous hommes de talent, clairvoyants et habiles en affaires,
affirme leur coryphée, J.Alide Pellerin.
Ils ont réussi, en peu d'années, à se créer des situations
enviables, grâce à leur bel esprit familial, à leur entraide mutuelle et à
leur honnêteté».
«Clairvoyants
et habiles en affaires», voilà ce qui explique qu'en 1880, à peine un
siècle après le début de l'aventure agricole, il n'y a plus aucun
descendant direct des premiers occupants pour cultiver les terres au village
des Caron. Ceux qui succèdent
aux dix pionniers constatent, cependant, que si le sol n'est pas des plus
fertiles, il a été fort bien mis en valeur, puisqu'ils y vivent
confortablement et sont tous à l'aise.
L'agriculture
a donc été un tremplin pour les frères Caron.
«La
famille Caron n'est pas une des plus anciennes à Yamachiche, puisqu'elle
n'arriva qu'en 1783, mais elle n'en est pas moins l'une des plus illustres par
le nombre de personnages remarquables qu'elle a fournis à l'État et à
l'Église», écrit J.Alide Pellerin. Elle
manifeste, en tout cas, une attirance indiscutable pour les emplois dont
l'ambition et le goût du pouvoir sont les ferments !
Il
n'est pas désagréable de découvrir, parmi les commentaires, ceux qui
désignent les descendants comme bénéficiaires, puisque «leurs vertus et
leurs talents sont comme héréditaires», assure François-Sévère
Desaulniers.
Je
m'approche des années où j'aurai plus facilement l'appui de la tradition
orale, bien que ce soit déjà grâce à elle que j'ai pu assister à
l'arrivée de Michel Caron et à l'achat des terres au manoir du seigneur Gugy
en 1783. La transmission de cette
scène initiale éveille dans mon imagination un second tableau: l'arrivée à Machiche de plusieurs longues charrettes
recouvertes de bâches poussiéreuses qui transportent la famille au complet.
Dès le lendemain commencent à retentir dans la forêt avoisinante le
bruit sourd des cognées et celui, plus rapide et plus sec, des marteaux.
La
construction des multiples habitations et bâtiments, la mise en culture des
terres se firent rondement puisque, déjà en 1804, Michel, qui porte le
prénom de son père et a quarante et un ans, commence à participer à la vie
publique. Ce qui suppose qu'il a
déjà les moyens de s'absenter pour aller siéger, comme député du comté
de Saint-Maurice, à l'Assemblée législative.
Il le sera jusqu'en 1814.
Il
s'est marié en 1787 avec Marie-Anne Trahan, une Acadienne du groupe des
quarante familles qui, en 1767, sont venues s'établir à Yamachiche et à
Saint-Grégoire, de l'autre côté du fleuve.
François
Caron est aussi député du comté de Saint-Maurice,
conjointement avec son frère Michel. C'est
possible à l'époque et sans doute nécessaire, le comté s'étendant de
Batiscan à Maskinongé.
Comment
se rend-on à Québec à l'époque ? Isaac
Weld, qui visite le pays en 1797, affirme que «quoique les calèches soient
lourdes et grossièrement construites, elles ne cahotent pas les voyageurs
comme les diligences américaines... Si
on a eu la précaution de se pourvoir de coussins, on n'arrive pas les côtes
et les bras meurtris».
Au
début du XIXe siècle, le confort des routes s'est amélioré.
Le voyage de Québec à Montréal n'est plus que de trois jours, et la
diligence est tirée par quatre chevaux.
Mais que d'arrêts dans les auberges pour loger les voyageurs, sans
compter les vingt-deux relais où il faut changer de chevaux !
Et il y a toujours danger de s'enliser dans les fondrières s'il a plu,
de verser en accrochant une souche ou en prenant le bac.
Pour
toutes ces raisons, c'est le voyage en bateau qui est le plus confortable,
même par temps houleux et même s'il est plus long.
Je vois très bien aussi les frères Caron descendre à Québec dans la
carriole ou la calèche de la famille avec, dans le coffre de bois, à
l'arrière de la voiture, le sac de provisions qui réduira les dépenses du
voyage.
Charles
Caron, un autre fils de Michel, représente lui aussi le comté de
Saint-Maurice de 1824 à 1830. Sans
doute fut-il influencé par son beau-père Augustin Rivard Dufresne, lui aussi
député, mais sa véritable inclination me semble avoir été pour sa terre,
qu'il cultiva jusqu'à l'âge de quatre-vingt-cinq ans.
Comment
percevoir, même vaguement, ce qui est propre à cette famille du XIXe
siècle?
En
politique, on peut consulter l'analyse de Jean-Charles Bonenfant concernant
René-Édouard Caron, homme politique, juriste, maire de Québec et
lieutenant-gouverneur. Ces postes
importants lui donnèrent une notoriété et une autorité qui ont
certainement influencé la famille de Michel, son cousin.
Le comportement de l'un et de l'autre n'est pas sans analogie.
Les éléments sont assez nombreux qui permettent de découvrir un
même esprit de famille, les mêmes tendances politiques et des traits de
caractère communs.
D'abord,
René-Édouard et Michel sont issus de ce milieu paysan dont les membres
franchissent avec une aisance remarquable la frontière des classes sociales.
René-Édouard remplit «sa charge de lieutenant-gouverneur avec
beaucoup de dignité [...] et donna à la résidence de Spencer Wood un cachet
vice-royal». Cette allure correspond à celle d'Euphrosine Caron,
petite-fille de Michel, laquelle, supérieure des ursulines en 1829, reçoit
au monastère la visite inattendue de Lord Gosford.
Le gouverneur général écrit: «La
révérende mère Michel qui vient de me recevoir ferait honneur à un
trône». Voilà des manières
qui manifestent une remarquable confiance en soi !
La
famille est aussi pieuse. La
prière du soir et le chapelet sont récités quotidiennement à Spencer Wood
et les «Chantres de Machiche», dont font partie les frères Caron, chantent
dans le choeur de l'église, avec une ferveur qui suscite des vocations
religieuses chez les femmes de la famille.
Celles-ci canalisent ainsi leur énergie et leur sens des affaires vers
des postes de prestige au sein des communautés.
Vide-poche |
Le Chemin des Caron, là où
on le situe actuellement, n'est que l'une des 3 routes qu'on doit associer aux
toponymes Des Caron et Vide-Poche.
De nos jours, la Route de la
Chicane débute au Chemin des Petites-Terres et se prolonge jusqu'au Chemin
des Caron.
Ce n'était pas le cas
autrefois. À partir du Chemin
des Petites-Terres, les premiers 400 pieds portaient le nom de Route de la
Chicane mais l'excédent de la route, pour se rendre à la Concession du
Village des Caron, portait le nom de Route du Village des Caron.
C'était donc cette petite
portion de route qui portait alors le nom de Route du Village des Caron.
Le chemin actuellement connu
comme le Chemin des Caron portait-il alors le nom de Vide-Poche?
Et bien non. La Route de Vide-Poche était l'actuelle route 153 (ou plus précisément le
Boulevard Trudel) entre la voie ferrée et
l'actuel Chemin des Caron.
Comment appelait-on alors
l'actuel Chemin des Caron? C'est
qu'il faut comprendre qu'à l'époque, les limites des divers secteurs de la
municipalité portaient le nom de Concession.
À l'époque, on allait donc
pas sur telle ou telle rue, on se rendait plutôt à une Concession.
L'actuel Chemin des Caron
longeait alors deux Concessions et l'on référait à ce chemin selon qu'il
longeait la Concession de Vide-Poche ou la Concession du Village des Caron.
Et c'était même un peu plus
compliqué en réalité car:
·
la
partie de la route comprise entre les lots 1032 à 1042 s'appelait la Route de
la Concession du Village des Caron;
Il y
eût d'ailleurs en 1835 un procès retentissant obligeant les 2 frères Pierre
et Alexis Gélinas à raccorder le chemin en ligne directe et à relocaliser
leurs résidences le long de la nouvelle route qui reliait enfin les 2
chemins.
·
le
lot 1019 fait partie de la Concession de la Chicane et la partie de la route
qui le longe s'appelait alors la Route de la Concession de la Chicane;
·
la
partie de la route comprise entre les lots 1044 et 1059 s'appelait la Route de
la Concession de Vide-Poche.
Vous voulez un peu plus
compliqué?
Et bien sachez que le Chemin
des Caron n'a jamais été officialisé comme tel.
Le 14 octobre 1969, le conseil
municipal adopte une résolution afin que le député Philippe Demers sache
quels sont les chemins de la municipalité prêts à recevoir l'asphalte avec
les numéros de lots que ces chemins traversent ainsi que leur longueur.
On y inscrit le ... Chemin de Vide-Poche des lots 1032 à 1061 sur une longueur de 1.42
mille.
Le 8 décembre 1969, le
conseiller Pierre Milot donne un avis de motion afin que son secteur soit
desservi en aqueduc. Celui-ci
fait inscrire ...Chemin des Caron.
Et ce sera ainsi qu'on
commencera à lire Chemin des Caron dans les procès-verbaux de la
municipalité, sans autre forme ou adoption officielle par la municipalité.
C'est donc lorsqu'ils se
virent attribuer leurs numéros civiques, le service d'aqueduc et l'asphalte
que les citoyens ont fort probablement, pour éliminer une triple appellation
dans un même chemin, commencé à adopter l'unique appellation de Chemin des
Caron.
En ce qui concerne Vide-Poche,
l'historien Mgr Napoléon Caron a consacré un chapitre entier de son livre Histoire
de la Paroisse d'Yamachiche sous une appellation très humble:
quelques notes sur chacun des rangs de la paroisse d'Yamachiche.
Voici ce qu'il y a inscrit sur
Vide-Poche:
Voilà un
nom qui ne sonne pas mélodieusement aux oreilles; il désigne cependant l'un
des plus beaux rangs de la paroisse d'Yamachiche.
On ne s'accorde pas sur l'origine du nom qui lui fut donné.
Les uns prétendent qu'on l'appela ainsi parce que les braves
défricheurs qui y ouvraient des terres partaient, le lundi, le sac bien
rempli...sur le dos, et revenaient le samedi le sac vide...sous le bras.
D'autres y voient une allusion au peu d'argent que possédaient les
habitants de cet endroit, lesquels ayant commencé à s'établir quand les
terres étaient très avancées partout ailleurs, se sont trouvés dans une
pauvreté relative. Quoiqu'il en
soit, ce nom n'a plus sa raison d'être aujourd'hui.
Les Milot comptent parmi les premiers défricheurs de Vide-Poche.
Dans la
tradition de la famille Milot on se rappelle encore de me confier mon bon ami
Jean-Pierre Milot, que la croix de chemin à l'entrée Est du Chemin des Caron
était d'abord destinée à la nouvelle église paroissiale construite en
1959. Cependant, le curé Ernest
Jacob ne jugeait pas la taille de la croix suffisante et incita plutôt Omer
Milot à l'utiliser comme croix de chemin, celle-ci devint donc la première
croix de chemin fabriquée avec d'autres matériaux que le bois.
Monseigneur
Caron |
Je vous en réfère à la
rubrique de toponymie parue le 3 mars 1999 sur le site internet de la
municipalité d'Yamachiche pour mieux connaître Monseigneur Napoléon Caron.
Au cas où vous auriez la
paresse de ne pas vous y rendre...rappelons que nous devons à cet homme de
mieux connaître notre communauté puisqu'il a initié un formidable mouvement
d'écriture qui a permis, autour des années 1900, à plusieurs érudits
locaux d'écrire sur Yamachiche.
La
maison Barthélémy-Caron |
En face du presbytère
d'Yamachiche, du côté nord de la route 138, la résidence du 531 Sainte-Anne
a connu diverses vocations assez remarquables.
Michel Caron avait légué cet
emplacement à son fils Barthélémy qui érigea la propriété actuelle vers
1850.
En 1875, ses 3 filles
héritent de la maison et c'est Marie Josephine qui l'habitera, son mari, le
Dr. Alexis Nérée Bellemare, y établissant son bureau de médecin.
En 1932, l'hôtelier
Gérésime Jacob qui revient des États-Unis y tiendra une maison de pension
fort prisée à l'époque.
Après quelques années de
vocation uniquement résidentielle, un commerce de club video, salon de
coiffure et comptoir de crème glacée s'y établit au début des année 1990
pour être remplacé à la fin des années 1990, avec Josette Noël comme
nouvelle propriétaire, par une résidence pour personnes retraitées
redonnant vie à cette résidence qui reflète bien les qualités de
constructeurs de la famille Milette dont nous avons parlé dans notre
chronique de toponymie du 2 août 1999.
C'est Josette Noël qui a
redonné à la résidence l'appellation Barthélémy-Caron, une heureuse idée
qui n'égalera cependant jamais la qualité des interventions que celle-ci
fait auprès de sa vingtaine de protégés qui ont le privilège de compter,
en Josette, sur une personne entièrement dédiée à cette vocation bien
unique que celle de s'occuper d'une maison de gens retraités.
Barthélémy Caron mérite
d'ailleurs de voir son nom perpétué car il fut le tout premier à construire
pour le Village à Yamachiche en 1873 un réseau d'aqueduc dont les lignes de
distribution étaient construites en bois, avec des outils qu'il patenta
lui-même.
Cet aqueduc bien que construit à même des troncs d'arbres était aussi résistant que le PVC d'aujourd'hui tant et aussi longtemps que le bois n'était pas exposé à l'air, ce qui le faisait alors pourrir. Ce n'est d'ailleurs qu'en 1957 que fut remplacé l'aqueduc provenant de Vide-Poche par un nouveau système alimenté par des puits artésiens situés à Pointe-du-Lac.
L'Association
des familles Caron d'Amérique inc. |
Plusieurs familles se sont
dotées d'une association afin de tisser des liens.
Monsieur Henri Caron a eu la délicatesse de me faire parvenir le
bulletin d'informations Tenir et servir
de l'Association des familles Caron d'Yamachiche inc.
L'appellation
"bulletin" est toutefois bien modeste puisqu'il s'agit d'une
publication de 24 pages qui, en décembre 1998, en était déjà à sa 45e
édition.
Références historiques,
événements, actualités, les intéressés peuvent l'obtenir en adressant
leur demande par télécopieur au 514-532-2143.
Ne doutez pas que ce sont les
sujets qui viendront à leur manquer. Dans
son volume Yamachiche et son Histoire, l'historien
J. Alide Pellerin résume pour chacun d'eux en quelques lignes la vie de 38
vocations religieuses, 17 prêtres, 7 députés et 15 personnages réputés
qui sont des Caron d'Yamachiche.
Il y aurait ainsi plus de 80
Caron qui mériteraient notre souvenir car ils ont fait leur marque dans tous
les domaines, occupant tantôt le poste de Supérieure générale chez les
Ursulines, chez les Soeurs de la Providence, tantôt de prestigieuses cures,
tantôt d'importants postes politiques.
La communauté d'Yamachiche a
eu l'honneur de compter parmi ses enfants la famille Caron.
Ils ont été de toutes les influences, que ce soit dans les domaines
de l'agriculture, du commerce, de la musique, de la politique, de
l'organisation communautaire.
L'appellation Chemin des Caron
mérite d'être perpétuée à jamais puisque les Caron y ont laissé leur
marque, celle de la prospérité, de l'amour du travail et de l'implication
communautaire.
Fait cocasse, jamais un Caron,
malgré une descendance de 7 députés, n'aura été un élu municipal à
Yamachiche. Il faut croire en
l'adage Nul n'est prophète en son pays...
Paul Desaulniers
Pour voir la carte cliquez ici
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