CHEMIN
DES ACADIENS
En septembre 1755, c'est la
déportation des Acadiens.
Nombre
d'acadiens
10 000
·
Avaient
fui dans les forêts
3 000
·
Ont
été déportés
7 000
Des 7 000 déportés
2 000 le furent au Massachussets le 8 octobre 1755
Il faut
comprendre que ces 2 000 déportés pouvaient retourner en France ou
s'établir dans d'autres états américains mais il leur était interdit de
revenir au Canada.
La plupart
étaient totalement démunis puisqu'en décembre 1755, il ne restait plus rien
de la colonie acadienne, les britanniques s'étant appropriés tous les
troupeaux de bêtes et ayant brûlé toutes les demeures, les églises, les
moulins, les champs et les vergers.
En 1763,
Louis XV refuse de payer 50 000.00$ pour permettre aux 1 200 exilés Acadiens
du Massachussets de revenir au Canada.
Le
gouverneur Murray lèvera l'interdiction en 1765 et demande aux seigneurs de
faire preuve d'humanisme.
·
Conrad
Gugy, toujours aussi féru de la Couronne britannique, était bien prêt à
les tolérer mais de là à les établir sur sa seigneurie de Grosbois
Ouest...
·
Pierre
Lesieur, par contre, avait une concession dans sa seigneurie de Grosbois Est
qui pourrait faire l'affaire, bien qu'elle soit encore en forêt.
En juillet 1767, un imposant
contingent d'Acadiens pénétrait en goélette dans la Grande Rivière
Yamachiche où un grand nombre de paroissiens s'était rassemblé pour les
accueillir chaleureusement et leur offrir l'hospitalité.
Le population d'Yamachiche
accueillit ainsi au fil des ans 42 familles, soit 192 Acadiens.
Les gens d'Yamachiche se
montrèrent particulièrement généreux et les Acadiens s'intégrèrent
d'autant plus facilement qu'ils étaient d'une grande vaillance et
n'hésitaient pas à s'entraider eux-mêmes en partageant tout.
Les Acadiens provenaient des
maritimes, leur français (surtout
après un séjour de 10 ans aux États-Unis)
devait être quelque peu différent de celui des gens d'Yamachiche.
Il devait sûrement y avoir une différence au niveau de l'accent
français, de la prononciation et de l'usage des mots.
Mais ils étaient en quelque
sorte apparentés et l'adaptation fut sûrement facile car que serait
Yamachiche aujourd'hui si nous n'avions pas eu la chance de compter sur ces
Acadiens.
Ils réglèrent d'abord ce
dont ils avaient tant souffert: il
était interdit aux prêtres catholiques de se rendre aux États-Unis.
Les Acadiens avaient baptisé "à l'interne" leurs enfants et
avaient dû se marier civilement.
À compter du dimanche 9 août
1767, à tous les dimanches, le curé Chefdeville a ainsi rebaptisé tous les
enfants et remarié tous les couples en procédant ainsi, par groupes de
familles, jusqu'en novembre 1767.
À leur tour, les Acadiens
auront l'occasion d'entraider non pas des déportés mais des exilés en 1778
et en 1779 lorsque le Seigneur Conrad Gugy aménagera des casernes pour
accueillir 440 Loyalistes (américains
restés fidèles à la Couronne britannique).
Ce devait être tout une ambiance pour les gens d'Yamachiche que de
voir se côtoyer ces Acadiens (déportés pour leur attachement à la France) et ces Loyalistes (exilés pour leur attachement
à l'Angleterre) et
ça devait jaser fort dans les chaumières...
Mais si les Loyalistes
quittèrent Yamachiche en 1784, les Acadiens s'y enracinèrent à un tel point
que toutes les familles qui ont vécu quelques générations à Yamachiche ont
sûrement du sang Acadien dans leur ascendance.
Les
routes |
Aux 42 familles Acadiennes
succédèrent beaucoup plus de familles et on sait qu'à cette époque, ça se
multipliait allègrement. Il n'y
eût donc pas une seule Concession mais deux Concessions:
·
La
Concession de la Grande Acadie
·
La
Concession de la Petite Acadie
bien que les concessions
avoisinantes ne tardèrent pas à se peupler des descendants de nos premiers
Acadiens.
Encore en 1875, sur le plan du
Cadastre, les chemins de la Concession de la Grande Acadie et de la Concession
de la Petite Acadie ne portent pas d'appellation alors que sur ce plan, il y a
une Route de l'Acadie qu'on peut aujourd'hui situer entre la croix de chemin
de la propriété Mario (Jules) Lamy (située
à l'intersection 153/Chemin des Caron)
et la croix de chemin de la propriété François Héroux (non loin de l'intersection route de Saint-Sévère/Chemin
des Acadiens).
Aujourd'hui, cette Route de
l'Acadie porte le nom de Boulevard Trudel.
Le Chemin des Acadiens est
aujourd'hui le chemin qui origine à l'intersection Chemin Rivière-du-Loup et
qui se rend à l'intersection de la route 153 (Boulevard
Trudel).
Le Chemin des Acadiens ne
répond donc pas intégralement à l'implantation des premiers Acadiens mais
témoigne plutôt de cette arrivée massive des Acadiens à Yamachiche.
Les
premiers arrivants |
L'historien J. Alide Pellerin
indique 43 familles dans son livre mais n'en nomme que 42:
1)
Les Aucoin
· Alexis Aucoin, marié à Thérèse Loriault, leurs enfants: Alexis et Pierre.
2)
Les Benoît
·
François
Benoît, marié à Marguerite Daigle, leurs enfants: Marguerite, Madeleine.
·
Godfroy
Benoît, marié à Madeleine Babin, leur enfant:
Marie.
·
Jean
Benoît, marié à M.-Anne Thibodeau, leur enfant:
Étienne.
· Joseph Benoît, marié à Blanche Benoît, leurs enfants: Marguerite, Firmin, Geneviève, Marie.
3
Les Corriveau
· Jean Corriveau, marié à Marie Simoneau, leurs enfants: Rose, Josephte, Louis.
4)
Les Douairon
· Philippe Douairon, marié à Ursule LeJeune, leur enfant: Pierre.
5)
Les Doucet
·
Beloni
Doucet, marié à Marie Raymond.
·
Jean-Bte
Doucet, marié à Marie Benoît, leurs enfants:
Louise, Jean-Baptiste.
·
Joseph
Doucet, marié à M.-Anne Mélançon, leurs enfants:
Joseph, Marie.
· Pierre Doucet, marié à Françoise Dugas, leurs enfants: Joseph, Charles.
6)
Les Dupuis
· Pierre Dupuis, marié à Marguerite Benoît.
7)
Les Garceau
·
Daniel
Garceau, marié à M.-Anne Doucet, leurs enfants: Marguerite, Josephte, Jean, Charles, Pierre, Hipolyte,
Madeleine, François.
· Joseph Garceau, marié à M. Josephte Dubois, leurs enfants: Paul, M.-Josephte, M.-Anne, Joseph, Jean.
8)
Les Girouard
· Pierre Girouard, marié à M.-Josephte Beaudin, leurs enfants: Pierre, Jean-Marie.
9)
Les Hébert
· Joseph Hébert, marié à M.-Josephte Thibodeau, leurs enfants: Joseph, Marguerite et marié en second à M.-Rose Corriveau.
10)
Les Landry
·
Charles
Landry, marié à Marie Hébert, leurs enfants:
Marguerite, Pierre, Charles, Cécile, Madeleine
·
Jean
Landry, marié à Madeleine Mélançon.
·
Joseph
Landry, marié à Madeleine Douairon, leurs enfants:
Joseph, Marguerite, Pierre, Paul, Jean-Bte, Madeleine.
·
Paul
Landry, marié à Rosalie Benoît, leurs enfants:
Marie, Paul, Jean-Bte.
·
René
Landry, marié à Jeanne Benoît, leurs enfants:
Cécile, Siméon.
11)
Les Leblanc
·
Augustin
Leblanc, marié à Françoise Hébert, leurs enfants: Jean, Augustin, Charles, Joseph, Élisabeth, Étienne,
Rosalie.
·
Jean-Bte
Leblanc, marié à Marguerite Hébert, leurs enfants: Pierre, Jean, M.-Josephte, Joseph, Marguerite,
Madeleine, Élisabeth, M.-Anne, Honoré, M.-Julie.
·
Pierre
Leblanc, marié à Marie Landry.
12)
Les Leroy
·
Benoît
Leroy, marié à Marguerite Hébert, leur enfant:
Jean-Baptiste.
13)
Les Mélançon
·
Benoît
Mélançon, marié à Marie-Françoise Benoît, leur enfant:
Étienne.
·
Jean
Mélançon, marié à Françoise Benoît, leur enfant:
Jean-Baptiste.
·
Jean-Bte
Mélançon, marié à M.-Anne Richard, leur enfant: M.-Anne.
·
Pierre
Mélançon, marié à Élisabeth Richard, leurs enfants: Pierre, Louise.
14)
Les Pellerin
·
Pierre
Pellerin, marié à M.-Anne Girouard, leurs enfants: Pierre, Anselme, Marie-Anne, Grégoire, Jean-Baptiste,
Olivier, Joseph, M.D. Judith.
15)
Les Proulx
·
François
Proulx, marié à Marguerite Delâge, leur enfant: Basile.
16)
Les Raymond
·
Jacques
Raymond, marié à Marie Pellerin, leurs enfants: Marie, Joseph.
17)
Les Thibault
·
Basile
Thibault, marié à Marguerite Douairon.
·
François
Thibault, marié à Josephte Bourque, leur enfant: Louis
·
Louis
Thibault, marié à M.-Anne Bigot, leurs enfants: Marie, Marguerite.
18)
Les Thibodeau
·
Alain
Thibodeau, dit Castin, marié à Nathalie Hébert, leurs enfants:
M.-Anne, Joseph, Jean-Baptiste.
·
Alexis
Thibodeau, marié à Marguerite Dupuis, leurs enfants: Charles, Marguerite.
·
René
Thibodeau, marié à M.-Anne Boudrot, leur enfant: Joseph.
19)
Les Trahan
·
Charles
Trahan, marié à M.-Anne Landry, leurs enfants:
Joseph, Madeleine, Grégoire, Marguerite, Jean-Baptiste, Marie-Anne,
Marie.
20)
Les Vallée
·
Michel
Vallée (Lavallée), marié à Geneviève Benoît,
leurs enfants: Michel, Charlotte,
Augustin.
21)
Les Vincent
·
Joseph
Vincent, marié à Jeanne Benoît, leur enfant:
Simon.
·
Joseph
Vincent, marié à Marie Daigle, leurs enfants:
Joseph, Charles, Michel, Marguerite.
L'Entraide
acadienne |
L'entraide et j'ajouterais
l'esprit créatif acadien, l'historien J. Alide Pellerin nous en donne le plus
parfait exemple dans "Yamachiche et
son Histoire":
..."La
Grande-Acadie, par sa situation géographique, domine le bassin du St-Laurent,
en pleine vue du village et du lac St-Pierre.
Pour un bon rendement en récoltes, son sol argileux requiert des
pluies estivales bien réparties; sinon, il y a sécheresse et les puits
tarissent. De plus, en raison de
la rareté de cours d'eau l'irrigation devient impraticable.
C'est pour obvier à cet inconvénient que les colonisateurs acadiens,
selon la tradition, se creusèrent un vaste puits communautaire, permettant un
bon service d'eau aux usagers du rang. Ce
mémorable puits creusé en bordure de la voie publique, sur la propriété de
M. Aimé Gélinas, était maçonné de grosses pierres, de sa base à la
margelle. Des arbres avoisinants
conservaient la fraîcheur de l'eau, qu'on puisait au moyen d'une haute
brimbale basculante. Ce profond
réservoir, connu sous le nom de «Puits des Cayens», ne fut jamais à sec,
aux dires des anciens. Finalement,
comme tout fuit avec le temps, ce puits fut définitivement détruit, lors de
la réfection du chemin asphalté, vers 1970..."
ATrahan
Transformation inc. |
Une entreprise familiale est
devenue une Géante du Québec dans son domaine:
l'abattoir Achille Trahan.
Le président fondateur,
Achille Trahan, démarre les activités de l'entreprise en 1956.
À l'époque, moins de dix (10) employés y font l'abattage de porcs,
boeufs, veaux et moutons. La
conjointe du président, Gertrude, donne à dîner aux employés, agit à
titre de secrétaire et s'occupe d'une famille de six (6) enfants!
En 1975, la compagnie
familiale fait des investissements majeurs pour se conformer à la juridiction
agroalimentaire fédérale plutôt que provinciale.
Au début des années '80, elle perce le marché nord-est américain de
façon importante et se spécialise strictement dans l'abattage porcin.
Les années '90 amènent des
mises de fonds constantes annuellement en infrastructures et équipements, que
ce soient en terme de réfrigérateurs, équipements d'abattage, système de
traitement des eaux usées, conformité à des normes sanitaires restrictives,
etc. En 1997, en plus de faire
l'abattage, ATrahan Transformation inc.
se donne aussi comme mission de faire de la découpe porcine et investit donc
quelques millions de dollars.
Depuis l'année 1998, suite au
décès du président fondateur, des membres familiaux poursuivent la
destinée de l'entreprise au niveau des marchés régionaux et internationaux,
avec près de dix mille porcs transformés chaque semaine et l'appui d'une
centaine d'employés!
Président et directeur
général de l'entreprise, Denis Trahan est l'actuel président du Conseil des
viandes du Canada, pour le Québec, un organisme qui veille à ce que les
transformateurs membres répondent aux normes de l'inspection fédérale des
viandes.
Dans Yamachiche et son
histoire, J. Alide Pellerin qualifie les frères Achille et Gérard Trahan de
"tenace et travailleur".
J'ajouterais qu'Achille Trahan
personnifiait bien l'image qu'on peut se faire des premiers Acadiens qui se
sont implantés à Yamachiche.
Je me rappellerai toujours
d'une grande leçon de vie qu'il nous avait donné à ses bureaux lors de la
construction de leur réservoir d'eau potable de 35 000 gallons impériaux
qu'ils remplissent de nuit afin de l'utiliser pendant les jours d'abattage.
Ce réservoir devait enfin
régler un problème qui embêtait depuis plus de 10 ans les résidants
situés après l'abattoir qui souffraient d'un manque de pression et de débit
d'eau.
Il y avait à cette rencontre
des représentants du ministère, de la municipalité et de l'entreprise.
Tout au long de la rencontre,
Achille Trahan s'est abstenu d'intervenir, laissant à ses hommes toute la
latitude voulue, l'objectif de la rencontre étant de répondre aux exigences
du ministère de l'Environnement pour la construction de ce réservoir.
À la toute fin, je fais
remarquer à Achille Trahan qu'il y avait des subventions gouvernementales
disponibles pour ce projet.
"Je
ne mange pas de ce pain-là" me répondit-il succinctement.
Je venais de comprendre toute
la fierté de nos entreprises locales et leur souci d'indépendance.
Il s'ensuivit une conversation
aussi profitable qui démontrait hors de tout doute la culture de cette
remarquable entreprise et son respect pour ses employés.
De vrais Acadiens, quoi !!!
Je me souviens également
d'une grande tournée cycliste où près de 4 000 amateurs étaient en
région. Il pleuvait à boire
debout et les pauvres cyclistes étaient trempés aux os.
À l'intersection des routes Des Acadiens/Saint-Sévère, des employés
de l'Abattoir Trahan avaient érigé une tente de fortune, offrant abri et
breuvages aux infortunés cyclistes qui n'en croyaient pas leurs yeux tout
comme les organisateurs du Grand Tour de l'Île qui n'avaient jamais vue
pareille entraide.
De vrais Acadiens, je vous le
répète...
Paul Desaulniers
Pour voir la carte cliquez ici
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