Le 17 février 1894, le conseil municipal prend en considération l'expropriation du terrain nécessaire pour la rue devant établir une communication entre les rues Sainte-Victoire et Saint-Georges. Il est résolu:
À l'époque, cette rue devenait la 8e du village, qui s'était séparé de la paroisse en 1887:
- Sainte-Anne
- Notre-Dame
- St-Pierre
- St-Jean
- St-Jacques
- Ste-Victoire
- St-Georges
On remarque que les 8 rues portent toutes des noms religieux et il est tout naturel de croire que le nom de Joseph fasse référence ou au propriétaire Joseph Carbonneau ou à Joseph Hélie selon la tradition orale rapportée par l'historien J. Alide Pellerin.
Rappelons que la rivière avait été redressée en 1875 et il est surprenant de déduire qu'il n'y aurait pas eu de construction en 1894 le long de cette rue.
Le secteur où se situe les rues Saint-Joseph, Sainte-Victoire, Saint-Georges et Saint-Jacques forme un quadrilatère et a la particularité d'être situé au sud de la Petite Rivière Yamachiche que les gens pourront traverser, selon les époques, par les ponts:
Ce secteur avait un surnom: c'était la Côte et il fut une époque où les gens de la côte étaient considérés comme une société distincte.
Je vais risquer une explication à ce surnom, qui, à défaut d'être écrite à quelque part, devrait vous sembler logique.
Comme c'est souvent le cas en milieu rural, tout débuta par l'incendie de l'église en 1780. Située à la bretelle nord de la sortie 180 de l'autoroute 40, l'église devait subir de fréquentes inondations et on résolut de la rebâtir ailleurs.
Ce fut l'amorce d'une véritable guerre entre le Grand Machiche et le Petit Machiche, chacun se mit à construire sa propre église mais le clergé opta pour le Petit Machiche et l'on décida de construire l'église sur le site qu'elle occupe actuellement, l'autre église en construction devant même être défaite.
Les autres résidants de la Paroisse, en moins grand nombre à l'époque, adoptaient de plus en plus le centre urbain actuel et comme ils se localisaient le long de la Petite Rivière Yamachiche, on les appelait les habitants du Petit Machiche.
Yamachiche comptait déjà 1,667 habitants en 1790 (ce qui incluait ne l'oublions pas Saint-Barnabé et Saint-Sévère) et inutile de dire que les fréquentes inondations du Lac Saint-Pierre incitèrent les gens à délaisser le Grand Machiche pour le Petit Machiche.
Une fois construite la nouvelle église en 1794 au Petit Machiche, 14 ans après l'incendie, on ferma l'ancien cimetière pour déterrer et transporter tous les corps, environ 1,330 au cimetière actuel dès 1795.
En plus de relocaliser les cadavres enterrés, on se mit à relocaliser les résidences. Or, ces résidences provenaient du chemin du coteau et il s'avérait trop coûteux de leur faire traverser la Petite Rivière Yamachiche.
Ces résidences se retrouvèrent donc au sud de la rivière tandis qu'au nord, on voyait les plus riches se construire des résidences plus huppées qui font encore la fierté de notre communauté et constituent, par leur succession et la beauté de leur construction, un patrimoine architectural exceptionnel.
On devine que les plus pauvres devaient se contenter des maisons au sud de la rivière et les plus riches, établis au nord, vinrent à considérer leurs voisins avec un certain recul.
Le phénomène d'économie de langage qui consiste à comprimer certains mots comme par exemple, dire extra au lieu de dire extraordinaire tout au long, s'est appliqué pour ce secteur rassemblant surtout les maisons du Chemin du Coteau.
Alors qu'on sait pertinemment qu'il n'y a aucune côte et qu'il n'y a jamais eu de côte dans ce secteur si ce n'est du réservoir aqueduc construit en 1957.
Heureusement, ces jeux de société n'existent plus de nos jours et les gens de ce secteur occupent des postes importants autant à leur travail qu'en société et les résidences du secteur sont aussi rénovées et aussi belles que celles des autres secteurs de la municipalité.
Il existe une partie de la rue Saint-Joseph, celle au sud de la rue Sainte-Victoire, qui n'est pas un chemin public mais bien une rue privée à cause de son étroitesse. Ce secteur n'est donc pas entretenu pas la municipalité mais bénéficie cependant des services municipaux autres que ceux de la voirie et de l'éclairage des rues.
Paul Desaulniers
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