Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage semble être le sort de la rue Saint-Louis. Parallèle à la route 138, elle prend son origine à la rue Notre-Dame.
Le 4 juin 1973, le conseil municipal est disposé à acheter le terrain nécessaire du promoteur Lucien Bellemare (alors présent à la séance du conseil municipal) pour prolonger la rue Saint-Louis.
Mais l'échange s'avère ardu car Lucien Bellemare a déjà fait une rue et le conseil municipal lui offre une compensation de 500.00$ le 3 juillet 1973 pour ses 278 verges carrées de gravier sur cette section de rue de 24 pieds de largeur par 385 pieds de longueur.
Le 4 septembre 1973, les parties se réunissent mais une demi-heure suffit. Le conseil municipal se voit dans l'obligation de retirer les services municipaux aux résidants de ce secteur, la rue ne sera pas éclairée, les vidanges devront être déposées à l'intersection Dorion/138 et l'hiver s'annonce ardu pour les résidants qui doivent se "collecter" afin de payer eux-mêmes le déneigement de leur rue. Heureusement, l'entreprise Thomas Bellemare Ltée, consciente de la mauvaise situation des résidants, leur fera un bon prix.
Le 29 octobre 1973, Roland Girardin succède à son cousin Charles-Denis Girardin à la mairie et les parties se rencontrent à nouveau le 5 novembre 1973 lors de la séance du conseil municipal:
Ça ne vas pas bien et tout le monde en a ras-le-bol, particulièrement les résidants. Le conseiller Marcel Duchesne fait adopter une résolution à l'effet qu'aucun permis ne sera donné pour une nouvelle rue à compter de ce soir là.
Le 23 novembre 1973, les parties se rencontrent à nouveau, toujours en séance du conseil municipal.
Cependant, Monsieur Bellemare donne l'autorisation à la municipalité de faire faire l'entrée d'eau chez Monsieur Marcel Trahan. Elle devra être faite par écrit et la municipalité ne sera pas responsable d'accident ou dommage fait sur le terrain de Monsieur Bellemare par les employés de la municipalité.
Il est proposé par Monsieur le conseiller Denis Côté et résolu à l'unanimité que la résolution du 4 juin 1973, se rapportant à la signature du contrat d'achat de terrain de Monsieur Lucien Ph. Bellemare soit et est rescindée dans sa forme et teneur.
Le conseil municipal durcit le ton:
On le devine...les résidants de la rue Saint-Louis multiplient les appels mais le conseil municipal demeure sur ses positions. Le 3 décembre 1973, le conseil municipal décrète:
L'affaire traînera jusqu'au 18 mars 1974:
CONSIDÉRANT que le conflit qui a existé entre les nouveaux propriétaires, Monsieur Bellemare et la municipalité;
CONSIDÉRANT que s'il y a obligation de la part de la municipalité de faire l'expropriation des terrains pour les rues, le coût en sera très dispendieux et l'on ne sait quand l'affaire sera réglée;
CONSIDÉRANT qu'après avoir fait un téléphone à Monsieur Lucien Bellemare de bien vouloir venir rencontrer le conseil et qu'il est présent;
CONSIDÉRANT que Messieurs les conseillers après avoir fait les calculs et plusieurs commentaires sont prêts à lui faire le paiement d'un montant de 1 833.00$ pour le travail qu'il a déjà fait;
CONSIDÉRANT que Monsieur Bellemare accepte de vendre l'assiette des rues de ce secteur pour le prix de 1.00$ et qu'il mettra un minimum de douze pouces de sable et que le tout sera à la satisfaction du conseil; sur une distance de 200 pieds.
EN CONSÉQUENCE, il est proposé par Monsieur le conseiller Bruno Lamy et résolu à l'unanimité que la somme de 1 833.00$ soit payée à Monsieur Lucien Bellemare pour les travaux exécutés sur les rues Dorion et St-Louis.
Il est proposé par Monsieur le conseiller Bertrand Milot et résolu à l'unanimité que Monsieur le maire Roland Girardin et le secrétaire-trésorier J. Armand Pellerin sont autorisés à signer le contrat d'achat du terrain des rues du nouveau développement chez Monsieur Lucien Bellemare. Le contrat sera fait par Me Yvon Milot de Louiseville"....
Le 28 mars 1974, les parties signeront le contrat de la nouvelle rue et c'est dans l'harmonie que seront signés les contrats ultérieurs pour l'ouverture de la rue Pierre-Boucher et le raccordement entre les terrains des promoteurs Dame Thomas Bellemare et Lucien Bellemare.
Le conseil municipal ne s'y fera plus reprendre et c'est bien encadré par une réglementation municipale que s'ouvriront dans la décennie suivante les secteurs domiciliaires Terrasses Sainte-Anne et Terrasses Gélineault.
Le saint ou la famille ? |
On lit au procès-verbal de 1909:
La rue portait déjà, comme on le voit, l'appellation Saint-Louis avant que le conseil municipal la prenne à sa charge.
On ne saura jamais si c'est en l'honneur de Saint-Louis, d'une personnalité du temps qui portait le prénom de Louis ou de la famille Saint-Louis qu'on donna cette appellation à cette rue. En effet, sur les 9 rues de l'époque, 8 portaient le nom d'un saint:
- Notre-Dame
- Sainte-Anne
- St-Pierre
- St-Jean
- St-Jacques
- Ste-Victoire
- St-Georges
- Saint-Joseph
- Saint-Louis
En ce qui concerne la famille Saint-Louis, elle n'a pas fait défaut à l'effort communautaire.
Les hommes politiques |
Paroisse
Didier St-Louis | 1889-1891 |
Village
Adrien St-Louis | 1895-1898 | |
Didier | 1906-1909 | Maire 1919-1921 |
Omer | 1924-1926 | Maire 1943-1951 |
puis maire 1953-1957 |
L'ancêtre Nicolas |
Autrefois, dans les registres d'Yamachiche, le nom de GADIOUX précédait toujours le nom de Saint-Louis. Ce nom est aujourd'hui complètement disparu.
Gilles (1649-1699) Saint-Louis (1ère génération) s'est établi à Sainte-Foy vers 1688 et son fils Jean-Baptiste (1690-1760) s'établit à Beauport. Nicolas (3e génération) (1736-1814) est le premier à s'établir à Yamachiche quelques mois après le décès de son père.
Les funérailles |
On ne peut dissocier la famille Saint-Louis des funérailles car cette famille a révolutionné la façon de disposer de nos chers défunts.
Avant la Première guerre mondiale, on n'embaumait pas les défunts. On les exposait, souvent sur de simples planches, dans la maison "en chapelle ardente", c'est-à-dire qu'on s'assurait que quelqu'un puisse veiller le défunt, jour et nuit.
C'était les "veillées au corps" où parents et amis venaient rendre hommage au défunt dans une atmosphère de piété qui, avec les heures, pouvaient les amener, la fatigue s'accumulant, à des scènes cocasses.
Le 16 septembre 1887, le curé Dorion convainc les marguilliers d'accepter le corbillard qui est offert à la Fabrique par un groupe de paroissiens.
En 1896, Thomas-Jos. Lamy et Onésime Ricard achètent ce corbillard et s'en procurent un deuxième.
En 1898, Jos. Hélie achète leur commerce, se dote d'un carrosse (toujours à attelage on s'en doute) pour les mariés et d'un petit corbillard blanc en 1902 pour les enfants qu'il fait sculpter par Joseph Milette et Donat Carbonneau.
En 1912, Jos. Hélie cesse d'élever des chevaux de carrosse et loue plutôt ceux de ... Didier Saint-Louis puis en 1920, ceux ... d'Omer Saint-Louis.
L'entrepreneur funéraire se limitait donc à transporter les défunts, à vendre des cercueils et à enterrer les corps.
Il était donc évident que le cultivateur Omer Saint-Louis pouvait facilement succéder à Jos. Hélie, alors âgé de 71 ans, en 1930.
Après la seconde guerre mondiale, une nouvelle révolution nous amène à la thanatopraxie (l'embaumement) et Omer Saint-Louis l'offre progressivement à sa clientèle.
En 1952, il achète son premier corbillard-automobile mais surtout, il ouvre cette année-là, son premier salon funéraire, rue Saint-Jacques.
En 1966, il construit avec son fils Jacques le salon funéraire de la rue De Carufel, l'un des nombreux salons qu'opère la famille Saint-Louis qui en sont à leur 4e génération avec François et Martin, les 2 fils de Michel (3e génération), (Jacques 2e génération) (Omer 1ère génération).
Le moulin Saint-Louis |
Nous n'avons jamais à ce jour encore abordé l'historique des nombreux moulins qui ont été opérés à Yamachiche.
Nous le ferons plus tard mais d'ici là, il faut comprendre que l'évolution d'Yamachiche, tout comme celle du Québec d'ailleurs, a débuté par le sud pour s'établir, au fur et à mesure que la forêt disparaissait, plus au nord.
Lorsque les distances pour aller couper les forêts étaient devenues trop grandes, on construisait un moulin plus au nord.
Bien qu'il n'y ait pas de rapport entre la rue et le moulin Saint-Louis, nous profitons comme toujours de l'appellation pour entreprendre la question.
Le moulin Saint-Louis a été le premier moulin à scie qui ait existé à Yamachiche.
L'auteur J. Alide Pellerin n'a pu retracer de moulin à scie mécanisé dans la région avant 1825.
L'abbé Raoul Lamy nous relate dans son histoire de la construction de la première église de Saint-Barnabé-Nord quel était le procédé pour le sciage en long:
Pour ce genre de sciage, on utilisait des billots de pin jaune, bois tendre et durable. Aujourd'hui, à l'occasion de la démolition d'une ancienne maison, nous pouvons nous rendre compte de l'étrange manière dont elles étaient construites: pièce sur pièce et en queue d'aronde. Tout le bois que requérait une construction était façonné sur place, à la grand'hache, à la scie de long et à l'herminette. Ces laborieuses habitudes, qu'avaient nos pères de débiter ainsi le bois, ne les rendaient pas plus malheureux; elles faisaient partie de leurs coutumes.
Mgr Napoléon Caron relate quelques faits notoires des tout premiers débuts du Moulin St-Louis.
En 1831, Augustin St-Louis s'associa à Benjamin Dumoulin, co-seigneur, en vue de la construction d'un moulin à scie et à farine combiné. Le pouvoir moteur était fourni par les eaux de la Grande-Rivière au moyen d'un canal et d'une chaussée construits à grands frais. Situé au Canton, lot 525, le moulin St-Louis, de considérables proportions, était une solide construction en pierre à deux étages dont le premier servait à l'outillage des deux scies de long, et le deuxième aux moulanges à grain. Pour faciliter l'accès aux voitures chargées de sacs de grain d'atteindre ce dernier étage, une large montée de terrassement y avait été établie. Ce bâtiment dont la nécessité se faisait grandement sentir au début de ce siècle, fut accueilli favorablement de tous les résidants et acquit tôt une grande renommée.
Nous avons constaté que nos ancêtres n'eurent pas trop à se plaindre au cours du premier siècle de colonisation, de l'absence de moulin à scie; ils nous paraissent parfaitement adaptés à la scie-de-long manuelle: procédé presque aussi efficace que la scie à lame motorisée qui existait depuis des siècles. Cet antique genre de moulin à scies combinées fut implanté sur nos rives, par François Dumoulin et Antoine St-Louis en 1831.
Pour une meilleure compréhension de leur fonctionnement, nous reproduisons ici un extrait de la description technique que nous avons tiré de "Mauricie d'Autrefois" par Thomas Boucher:
"Les scies n'étaient pas des scies rondes ni des scies à rubans, car elles ne furent inventées que vers 1850, mais de légendaires scies-de-long comme on en employait depuis des siècles, avec cette différence qu'elles n'étaient pas mises en mouvement à force de bras mais au moyen de bielles actionnées par des turbines. Les bielles imprimaient aux scies le mouvement de va-et-vient qui les faisait mordre dans la pièce à débiter 50 ou 60 fois à la minute. L'on arrivait ainsi à faire un trait dans le billot de 13 pieds en l'espace de 7 ou 8 minutes. Les arbres de couche (shaft) étaient fabriqués aux Forges St-Maurice, en fer battu, carré, tournés seulement à l'endroit des coussinets. Dans les gros moulins à scie, il est évident que pour scier des milliers de billots par année et davantage avec des machines de ce genre, il en fallait un grand nombre. Il y avait des scies conjuguées en groupe de 6, même de 10, opérant simultanément sur la même pièce de bois. Ces nombreuses scies en opération faisaient trépider les bâtisses comme un tremblement de terre. Et le bruit qu'elles faisaient était une série de lents "crouches", comme en auraient produits de gigantesques rongeurs".
Nos deux rivières dont les eaux vont se perdre dans le Lac Saint-Pierre causent parfois beaucoup de dégâts en provoquant des éboulis désastreux. La plupart de nos moulins hydrauliques en furent grandement affectés, souvent ruinés. Que de fois lors de la crue des eaux, les digues furent emportées; il fallait alors tout recommencer. C'est en prévention de ces regrettables catastrophes que Augustin St-Louis fit creuser un canal de cinq arpents de longueur en vue de la régularisation du débit de la rivière. Ces travaux de canalisation furent la cause du détournement du lit de ce cours d'eau et de l'isolement de la pointe de rivière, lot 296, ayant pris la forme d'une île. Par la suite, l'ancien lit de rivière se comblera naturellement mais ce canal donnera lieu à un retentissant procès en 1841. Les tribunaux furent saisis de l'affaire et rendirent une sentence favorable au Moulin St-Louis.
Augustin St-Louis aurait régi son moulin jusqu'à son décès en 1860, âgé de 64 ans et c'est Zéphirin Gélinas qui lui succède.
Le 14 juin 1875, la compagnie "Beaver Lumber" fait l'acquisition du Moulin St-Louis, en même temps qu'elle effectue la gigantesque entreprise du Moulin à vapeur Taylor. C'est à ce moment que Joseph Bernard entre en scène comme administrateur du Moulin St-Louis. Ce dernier, n'en prendra possession personnellement qu'en 1892, lors de la dissolution de la "Cie Beaver Lumber". Il l'exploitera non sans difficultés, en raison des fréquentes inondations qui endommageaient le barrage.
En 1904, victime une dernière fois des méfaits de la rivière, Joseph Bernard résolu d'abandonner son entreprise vieille de trente ans, sous son administration; il la vendit à un nommé Arthur Chicoine. Le nouveau propriétaire, conscient de la difficulté à maintenir en place une digue, s'ingénia à démolir la bâtisse de pierre en vue d'utiliser les matériaux aux fins d'un nouveau barrage en maçonnerie; il reconstruit le moulin en charpente de bois.
La nouvelle chaussée tint le coup une bonne dizaine d'années, mais voilà qu'en 1913, elle céda à son tour. Sans se décourager Arthur Chicoine décida de remplacer la force motrice hydraulique par un moteur à essence. Il mit ainsi fin aux difficultés du passé et vendit le moulin et ses mécanismes à un nommé J. Bourque, qui l'abandonna bientôt, soit en 1916. Ici prend fin la longue existence du mémorable moulin St-Louis, qui a néanmoins joué un rôle primordial dans le contexte historique de la paroisse d'Yamachiche"....
Résidence Girardin |
C'est sur la rue Saint-Louis qu'on retrouve Résidence Girardin, le HLM de 21 logements destiné aux personnes provenant de Saint-Barnabé, Saint-Sévère et Yamachiche, un autre modèle de fonctionnement, un autre joyau que menace de regrouper nos mandarins et politicailleux du gouvernement du Québec.
Paul Desaulniers
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