RUE SAINT-GEORGES

 

Sur le plan cadastral de 1875, occupant presque tout le sud de la Petite Rivière Yamachiche, on retrouve le lot 748, un genre de presqu'île puisque borné à l'ouest, à l'est et au nord par la Petite Rivière Yamachiche.

Plus précisément, au sud du lot 748, c'est la rue Sainte-Victoire et à l'est, c'est la rue Saint-Jacques. Il y a donc une grande pointe de terre qui appartenait entièrement à Charles Gérin-Lajoie, député à Ottawa de 1874 à 1878 comme on l'a vu précédemment, il était également le gendre de Charles Dupont ( le pont à l'intersection 138-153 porte son nom et il y avait à cette intersection le manoir Dumontier connue comme maison Dupont qui a été détruite en 1980 malgré un engagement de restauration des Affaires culturelles du Québec ).

On doit conclure qu'entre 1875 et 1887, l'implantation de résidences s'est faite peu à peu sur cette pointe de terre.

En effet, le 18 juin 1887, à la quatrième rencontre du conseil municipal de la nouvelle municipalité du village d'Yamachiche, on adoptait le nom d'une 7e rue, soit la rue Saint-Georges.

On y écrit:

  • ..."traversant la pointe de terre appartenant à Joseph Carbonneau jusqu'à la rivière"...
  • Jusqu'à la rivière...comme si le pont n'existait pas encore...

    C'est que le pont n'était pas encore pris en charge par la municipalité comme en fait foi le procès-verbal du 13 juillet 1887 dans lequel on nomme les ponts qui seront à l'entretien de la municipalité:

    De fait, le cours d'eau Langevin a été verbalisé le 21 juin 1889 et c'est le 7 juin 1897 qu'on le prolongera dans les autres rues et qu'on le désignera Ruisseau Langevin.

    Comme vous pouvez le constater, aucune mention n'est faite du Pont Carbonneau.

    Pourtant , ce pont existait puisque le 14 décembre 1887, la nouvelle municipalité décide de prendre en charge l'entretien du Pont Carbonneau qui était de toute évidence déjà construit et qu'on doit même le réparer le 8 septembre 1894.

    Voilà pourquoi j'estime que la construction de ce pont a dû se faire au début des années 1880.

    On a précédemment vu que le curé Dorion avait fait remplir une partie de la rivière dans les années 1871-1875 afin d'éliminer le rond-point qui encerclait alors le terrain où est actuellement construit le Foyer Ernest-Jacob.

    Mais le détournement d'une rivière de son ancien lit ne se fait jamais sans difficultés et il fallut le concours des autres générations pour mettre fin au remplissage de la rivière, le comité d'hygiène de la municipalité, établi depuis le tout début de la nouvelle municipalité pour veiller sur la santé publique, contrer les épidémies, juger des cas d'insalubrité, allant même par faire accepter au conseil municipal une réglementation le 7 août 1993 afin:

  • ..."que le bout de l'ancien lit de la rivière, en face de la rue Sainte-Anne, soit rempli de manière à empêcher l'eau d'y rester stagnante et d'exhaler une mauvaise odeur"...
  • Le curé Jean-Baptiste Comeau a même incité ses paroissiens en juillet 1894 et en septembre 1898 à fournir deux voyages de terre par habitant pour remplir la rivière.

    Je n'ai pas retracé dans les écrits le fait que le pont Carbonneau a été fait avec les anciens matériaux du pont qui reliait l'arrière de l'église à la rue Sainte-Victoire. On indique plutôt:

    Le 16 octobre 1909, un important vote est tenu au conseil municipal à l'effet de fermer le Pont Carbonneau. 3 conseillers votent pour sa fermeture, 3 voteront contre et le maire Napoléon Pellerin doit trancher: il vote pour la fermeture du Pont Carbonneau.

  • Mais comme vous vous en doutez, le pont ne sera pas fermé, le conseil municipal revient sur sa décision le 15 janvier 1910 et on le reconstruit le 1 juin de la même année sur son emplacement précédent (et actuel), ce nouveau pont avait à l'époque une largeur de 14 pieds entre les garde-fous.
  • L'historien J. Alide Pellerin indique que la tradition orale attribue les noms de rue Saint-Georges et le Pont Carbonneau en référence à Georges Carbonneau.

  • Georges Carbonneau habitait dans une résidence qui longe la rivière, actuellement le 611 Saint-Georges en face de la rue Saint-Joseph.

    Conseiller municipal pendant 4 ans, Georges Carbonneau s'est distingué en travaillant pour les architectes Héroux, il était celui qui fabriquait les escaliers.

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    Paul Desaulniers

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