RUE DE CARUFEL

 

Lorsque l'abbé Elzéar S. ( S pour Sicard ) De Carufel prit charge de la cure d'Yamachiche, il eût le privilège, pendant 6 ans, de cohabiter au presbytère avec son prédécesseur, Monseigneur Napoléon Caron, dont nous avons résumé la biographie le mois dernier.

L'abbé De Carufel (1870-1956) avait 55 ans quand il s'installa à Yamachiche, après avoir occupé la cure de Saint-Sévère pendant 13 ans (1912-1925), après celle de Saint-Mathieu (1907-1912), après avoir été vicaire à Maskinongé (1902-1907) à Sainte-Ursule (1897-1902) et à Ste-Flore (1896-1897).

À Saint-Sévère, il avait restauré l'église en 1915 en y ajoutant une sacristie et, en face de l'église, un monument du Sacré-Coeur encore vénéré de nos jours.

On doit à Elzéar S. De Carufel, curé d'Yamachiche de 1925 à 1956, le chemin de croix du cimetière d'Yamachiche qu'il mit en place le 22 juin 1932 après avoir érigé le Calvaire en 1931, les dons provenant des personnes pieuses de la communauté.

Chacune des sculptures, sauf la croix du calvaire, porte l'inscription "Union artistique Vaucouleurs France", D. Cogne, Montréal.

Chacune des stations et les statues du calvaire ont été restaurées au milieu des années 1990, le donateur est inscrit dans le coin gauche, en haut des socles des sculptures.

C'est une pure merveille que de posséder une telle oeuvre, d'autant plus que l'emplacement des 14 stations indique bien le pourtour du cimetière à cette époque.

À noter également les appellations de l'époque: Melle, Mde, Delle.

TITRE DE LA SCULPTURE

DONATEUR POUR LA MISE EN PLACE

DONATEUR POUR LA RESTAURATION

1 Jésus est condamné à mort M. Mde Adélard Bellemare Lucien Ferron
2 Jésus est chargé de sa croix Melle Adèle Trahan Famille Jacques St-Louis
3 Jésus tombe pour la 1ère fois Melle Marie Boucher Joséphine Milot
4 Jésus rencontre sa sainte mère Famille Arthur Héroux Raoul Villemure
5 Simon aide Jésus à porter sa croix Mde Hyacinthe Trahan M. Mme Raymond Bellemare
6 Véronique essuie la face de Jésus Melle Sara Lamy Armand et Alma Bellemare
7 Jésus tombe pour la 2e fois M. Mde Philippe Villemure M. Mme Jean-B. Gélinas
8 Jésus console les filles d'Israël M. Mde Denis Villemure M. Mme Pierre-Armand Gélinas
9 Jésus tombe pour la 3e fois Mde Théodore Abram M. Mme Octave Ferron
10 Jésus dépouillé de ses vêtements M. Mde J. Fortunat Côté M. Mme Rosaire Lemay
11 Jésus est attaché à la croix M. Mde Noé Milot et leurs enfants M. Mme Benoît Castonguay
12 C'est le calvaire

Jésus meurt sur la croix

Curé Ernest-Jacob

Victor A. Gélinas

Melle Lucinda Chainé

Camille Dupont

Mde Vve Léon L. Desaulniers

M. Alide L. Desaulniers

Melle Léonide Desaulniers

Elzéar S. De Carufel

Frères des Écoles chrétiennes

Soeurs C.N.D.

Les Tertiaires

Les ligueurs du Sacré-Coeur

Les enfants de Marie

Philippe Dussault

Charles O. Gélinas

M. Mde A.O. Bellemare

Dr. Mde Nérée Beauchemin

Mde Arthur Chevalier

Mde Har. Lemire

Melle M.A. Grenier

M. Mde Arthur P. Bellemare

M. Mde W. Michelin

Hubert Milot

L'Amicale Notre-Dame de l'Étoile (c'était l'amicale du couvent)

Mgr. Napoléon Caron

Melle Anna S. De Carufel

Famille Théodore Abram

Joseph F. Boucher

Donat Lapointe

M. Mde Honorat Lamy

Pierre C. Milot

Pierre Paquet

Arthur Descôteaux

Donat Ricard

Delle. C. et A.M. Chevalier

Philias Gélinas

M. Mde Maxime Milot

M. Mde Zéphirin Lambert

Les Paroissiens d'Yamachiche

Alma Lamy

Céline Villemure

M. Mme Jacques Lacerte

Achille Trahan

13 Jésus est déposé de la croix M. Mde Esdras Lamy Berthe, Marie-Claire, Madeleine Desaulniers
14 Jésus est mis dans le tombeau Don de feu M. Mde Arthur E. Lacerte Armand Milot

Geste de profanation, la Fabrique Sainte-Anne d'Yamachiche a fait enlever au milieu des années 1980 les anciennes pierres tombales sous prétexte que plus personne ne payait pour ces terrains. Nous avons ainsi perdu le côté historique du cimetière, certaines pierres tombales ont même été laissées en place, le texte a été effacé pour être remplacé par le texte annonçant les nouveaux occupants.

À votre prochaine visite du cimetière, attardez-vous à l'entrée sur les obélisques comme par exemple celui de la famille Delisle, propriétaires d'un important moulin dont nous parlerons dans quelques semaines, du "caveau" daté de 1909, genre de petite chapelle où reposent Euchariste Ricard, son épouse Thirza et son fils le Dr. Johnny, de certaines plaques au sol comme, par exemple, celle où n'est inscrit que le patronyme Milot, une plaque existait même autrefois qui recouvrait la totalité du lot du docteur Alexis Bellemare et de son épouse Joséphine.

Et bien sûr, portez attention à la statue de Sainte-Anne et à son pavillon, richement décoré.

Soulignons enfin qu'au milieu des années 1970, les rives du cimetière ont été consolidées par des gabions afin de prévenir les risques d'éboulis.

À Yamachiche, la plus grande réalisation de Elzéar S. De Carufel sera la reconstruction en 1946 de l'Hospice Sainte-Anne, devenu le Foyer Ernest-Jacob avant d'être considérée par le gouvernement du Québec non plus comme une institution mais, comme l'écrivait l'ancien ministre Rochon, comme une "installation".

 

Pourtant, c'est la communauté d'Yamachiche qui a construit, géré, financé et administré l'institution pendant 50 ans, les Soeurs de la Providence et leurs chers pensionnaires n'ayant jamais manqué de quoi que ce soit, l'une des belles traditions étant celle de la livre lorsque, à chaque automne, chaque résidant d'Yamachiche se faisait un devoir de donner une livre de victuailles ou de tout autre utilité pour supporter leurs personnes âgées. On devine que la générosité proverbiale des gens d'Yamachiche ne se limitait pas à une seule livre.

 

H I S T O R I Q U E

1871

Arrivée des Soeurs de la Providence

Une nouvelle église a été bâtie et l'ancienne église fut convertie en Hospice.

Monsieur le curé Dorion, dont la soeur était religieuse de la Providence, obtint l'implantation de cette communauté à Yamachiche.

 

1875

Agrandissement de l'Hospice

Monsieur le curé Dorion fit remplir la rivière à ses frais et contribua personnellement d'un montant de 1 200.$ pour la transformation et l'agrandissement de l'ancienne église en hospice.

 

1905

Agrandissement de l'Hospice

Les paroissiens contribuent en 15 jours à une collecte permettant un agrandissement par la construction d'un bâtiment de deux étages de 100 pieds par 30 pieds.

 

1922

Incendie de l'Hospice

Les Soeurs de la Providence demeurent dans la communauté en intervenant dans les familles qui prennent en charge les personnes âgées.

Des montants avaient été recueillis:

  • 11 500.$ provenant des municipalités
  • 8 500.$ provenant des citoyens

Mais le projet de construction ne put se réaliser

 

1945

Construction de l'édifice actuel

Monsieur le curé De Carufel et le maire Omer Milot mettent sur pied une fondation qui recueille 85% des argents nécessaires à la construction d'un édifice neuf, à l'épreuve du feu.

L'historien J. Alide Pellerin dresse une liste d'une trentaine de donateurs dont:

  • Madame Esdras Lamy 5 600.$
  • Madame Honorat Lacerte 5 000.$
  • Madame Steve Lacombe 4 000.$
  • Monsieur le curé Dorion 3 200.$

Les Soeurs de la Providence seront appuyées par des tombolas, des bazars, des quêtes, des dons, des octrois pour entretenir, réparer, chauffer, éclairer l'édifice jusqu'à sa prise en charge par une corporation locale.

 

1970

L'Hospice est cédé à une corporation locale et est nommé Foyer Ernest-Jacob

Les 21 lits n'étant plus suffisants, il a fallu solliciter l'autorisation du ministère de la Famille et succéder aux Soeurs de la Providence qui n'avaient plus les effectifs nécessaires.

 

1971

Agrandissement du Foyer Ernest-Jacob

Il fallait une contribution financière locale et un comité présidé par Monsieur Marcel Duchesne répondit aux exigences du gouvernement.

Le Foyer Ernest-Jacob compte 56 lits.

RÉCENTS ÉVÉNEMENTS

1993

Regroupement du Foyer Ernest-Jacob avec la Résidence Avellin-Dalcourt

Les deux centres d'accueil furent réunis sous un même conseil d'administration. Le Foyer Ernest-Jacob n'aura connu qu'une seule année de déficit (fort modeste d'ailleurs) avant ce regroupement.

Le pouvoir décisionnel ne relève plus des gens de la communauté.

 

1995

Perte du secrétariat et d'une partie de la cuisine

Les craintes de fermeture parviennent au conseil municipal d'Yamachiche qui n'a que des réponses rassurantes à ses interrogations, c'est le début des mensonges par les décideurs du réseau de la santé.

 

1997

Regroupement du Foyer Ernest-Jacob avec la Résidence Avellin-Dalcourt, le Centre Hospitalier Comtois et le CLSC

Le Regroupement de la Santé et des Services sociaux de la MRC-Maskinongé (RSSSMM) est mis sur pied.

Le Foyer Ernest-Jacob est administré par des personnes provenant de l'ensemble de la MRC de Maskinongé.

Les dirigeants laissent à peine quelques mois s'écouler avant d'annoncer sa fermeture, malgré les tentatives de sauvegarde des citoyens dont l'opinion est totalement ignorée, bien qu'ils expriment massivement leur volonté à s'impliquer à conserver les personnes âgées en perte d'autonomie au Foyer Ernest-Jacob.

C'est presque la totalité de la population d'Yamachiche qui se présente à l'église le mardi soir 17 février 1998 pour constater, dans une soi-disant soirée de "consultation", que le directeur général et le président du regroupement régional étaient disposés à toutes les bassesses pour arriver à leurs fins.

Les communautés de Saint-Barnabé, de Saint-Sévère, de Saint-Thomas-de-Caxton et d'Yamachiche appuient une armée de bénévoles sous la direction de Messieurs Serge Carbonneau, Denis Duchesne et Michel Isabelle et une importante couverture de presse relate les très nombreux rebondissements de l'affaire.

Le Comité de Sauvegarde Ernest-Jacob inc., un organisme sans but lucratif, vend 3 618 cartes de membres, les entreprises locales affichent des pancartes de solidarité, une Fondation est mise sur pied sous la présidence de Monsieur Maurice Carbonneau.

Mais toute opposition s'avérera inutile, le ministre traite l'immeuble (qui date de 27 ans) de vétuste, il le déclare non fonctionnel alors qu'il est encadré par une armée de bénévoles, une "étude" de spécialistes va même jusqu''à prétendre qu'il n'a pas de cuisine. Solidarité rurale, la Fédération des Clubs de l'âge d'Or, le témoignage des personnes âgées, le Comité Provincial des malades, l'UPA-Mauricie, même les plus grandes instances ne pourront faire changer d'avis les décideurs du régime.

Le député Désilets fera volte-face dans cette affaire et poursuit en catimini le sauvetage de la bâtisse, jouant le jeu des décideurs du réseau de la santé.

On reconnaît une société à la façon dont elle traite ses aînés. Les anciens n'ont sûrement pas rêvé de cette société dite moderne où les mandarins du système et les décideurs conviviaux exécutent à l'aveugle les ordres venant des obscures officines des ministères et de leurs régies.

Le curé De Carufel aura permis pendant 50 ans aux personnes âgées de demeurer à Yamachiche jusqu'à la fin, parmi les leurs, parents, amis, voisins, bénévoles, religieuses de la Providence et personnel dévoué jusqu'à ce que la bêtise gouvernementale et les décideurs d'un système qui ne soigne plus mais "gère" la santé viennent mettre fin à l'une des plus belles histoires d'amour qu'aura connue la communauté d'Yamachiche.

Voilà précisément ce que les gens savaient: le Foyer Ernest-Jacob, c'était un joyau du réseau de la santé, c'était une implication des gens du milieu auprès des personnes âgées, c'était une preuve du respect qu'une société dite civilisée doit porter envers ses personnes âgées.

Consolons-nous, même les plus beaux projets, même les plus beaux discours ne réussiront jamais à tromper la population qui aura appris, à ses dépens, à mieux connaître les entourloupettes des fonctionnaires de carrière qui devaient, comme les chasseurs, aller se chercher un "trophée" pour satisfaire leurs ambitions personnelles.

Le 8 octobre 1963, le conseil municipal rendait hommage à Elzéar S. De Carufel en décrétant que la nouvelle rue porte l'appellation "De Carufel" en mémoire de ce curé vénéré de tous dont la foi était si grande qu'on lui attribua même une guérison miraculeuse.

Le 3 avril 1923, le conseil municipal avait officialisé la rue De la Fabrique, à partir de la rue Sainte-Anne jusqu'au Pont Carbonneau, parce que ..." ce chemin est ouvert depuis un temps éloigné et attendu que la Fabrique Sainte-Anne d'Yamachiche a toujours laissé passer et circuler tous et chacun sur son terrain dans ledit chemin"...

Le 6 août 1973, il est résolu par le conseil municipal que la rue De la Fabrique portera à l'avenir le nom: rue De Carufel.

Cette portion de la rue De Carufel a été refaite en 1993 afin de mieux délimiter le stationnement de l'église de la rue.

 

Paul Desaulniers

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