Le Nouvelliste 11 novembre 1999

L'eau coûtera
plus cher

Louiseville s'apprête à instaurer le principe de l'utilisateur-payeur

Brigitte Trahan
Louiseville

Le prix de l'eau potable subira une augmentation considérable d'ici environ un an ou deux pour les grands utilisateurs, à Louiseville.

La mairesse, Mme Jocelyne Élliot-Leblanc, rappelle qu'au cours des derniers mois, la Ville a effectué une élude sur la consonunation de l'eau après avoir installé des compteurs chez les gros preneurs d'eau potable. Les données sont présentement à l'étape de la compilalion.

À la suite de cette analyse, le montant de la taxe d'eau, qui est présentement uniforme, sera «rééquilibré selon le principe de l'utilisateur-payeur», explique Mme Leblanc, puisqu'on s'est rendu compte que certains preneurs utilisent des débits très importants d'eau alors qu'ils ne sont facturés qu'au tarif de base. La Ville cherche donc à établir une équité entre preneurs. Il est à noter que les particuliers ne sont pas visés par ce futur règlement.

En se basant sur le tarif actuel, elle estime donc que certaines entre prises, comme les productions agricoles, pourraient voir leur compte passer de 390 $ à 5000 $ d'ici un an ou deux.


(Photo Alain Bédard)
Chez Duchesne et Fils , à Yamachiche, on a trouvé un
ingénieux moyen de réduire la facture du débitmètre en recueillant l'eau de pluie comme l'explique ici
M. René Villemure
.

Cette mesure affectera aussi les résidences pour personnes âgées qui consomment elles aussi de grandes quantités d'eau. «On pense qu'il pourrait en coûter quelque chose comme 3200 $ pour les résidences de neuf bénéficiaires», estime la mairesse tout en précisant que ces chiffres ne sont pas définitifs.

Cette dernière explique que dans de tels cas, il y aura moyen de faire payer les entreprises au mois. Mme Leblanc estime que les grands consommateurs d'eau pourront aussi trouver des moyens de réduire leur consommation. «Par exemple, on en connaît qui ont une climatisation à l'eau parce qu'autrefois, c'était moins cher qu'à l'électricité. Il y au rait là des modifications à apporter», dit-elle.

La Ville entend examiner aussi la possibilité de laisser une période d'ajustement d'un an aux preneurs même si le règlement doit entrer en vigueur lors du prochain budget.

Louiseville n'est pas la seule à avoir recours aux débitmètres poui encourager l'économie de l'eau potable et récupérer du même coup plus de taxes. Yamachiche, par exemple, a implanté l'usage généralisé des débitmètres il y a 40 ans. Malgré un retard apparent sur Yamachiche, Louiseville est d'avant-garde puis que seulement 12 0/o des villes au Québec font usage de débitmètres présentement contre plus de 80 % des villes ontariennes, fait valoir M. Roger Nadeau, surintendant du service d'eau potable de Cap-de-la-Madeleine.

Avec ce principe, plus on consomme, plus ça coûte cher. À Yamachiche, un des abattoirs de la municipalité, par exemple, verse jusqu'à 31 000 $ dans les coffres de la trésorerie uniquement pour sa consommation d'eau potable. Il faut dire que dans de tels cas; on parle de débits d'eau énormes. Chez Univiande, on emploie quotidiennement pas moins de 100 000 gallons impériaux d'eau potable illustre le secrétaire-trésorier, M. Paul Desaumiers.

«Avant qu'il n'appartienne à Yamachiche, le réseau des Petites-Terres consommait à lui seul 12 millions de gallons d'eau par année. Depuis que la municipalité a posé des débitmètres, le secteur n'en consomme plus que 3 millions», illustre-t-il. «Les toilettes qui coulent, c'est fini, à Yamachiche. Tout le monde est au compteur.»

À Cap-de-la-Madeleine, les débitmètres ont crée un engouement pour l'économie d'eau potable. «Les industries recyclent leur eau pour que ça coûte moins cher», explique M. Nadeau.

Si l'avènement des compteurs d'eau peut paraître inquiétant pour les résidences de personnes âgées, à Yamachiche, on a pu constater que la facture n'a finalement pas été aussi salée que l'appréhende la mairesse de Louiseville. «Chez nous, une résidence pour aînés de 15 personnes paie environ 600 $ par année. Une personne âgée ne consomme que quelque 20 000 gallons par année», précise M. Desaulniers.

«Beaucoup d'études disent que la pose de compteurs réduit considé rablement les débits consommés», explique M. André Lahaie, ingénieur à la Régie intermunicipale d'aqueduc de Grandpré.

Pour la Régie, il serait avantageux que toutes les municipalités membres fassent un usage répandu des compteurs puisque c'est un moyen efficace de contrôler les dé bits et même les fuites, ajoute-t-il. Quatre des huit municipalités de la Régie en sont équipées. Certaines municipalités qui n'en possèdent pas ont récemment contesté leur facturation, ce qui a incité la Régie à convoquer tous ses membres afin de leur vanter les mérites du débitmètre.

À Cap-de-la Madeleine, on a d'ailleurs remarqué que l'imposition des débitmètres à tous les commerces, industries et institutions, en 1989, a permis de faire un meilleur bilan de la consommation d'eau et même de stabiliser la chute du niveau de la nappe phréatique. Tous les gros preneurs (commerces, industries et institutions) sont dotés d'un débitmètre et paient ce qu'ils consomment. Pour certains, cette méthode est avantageuse puisque nombreux sont ceux qui ne dépensent que très peu d'eau, comme c'est le cas des commerces.

__________________

(cliquez ici pour fermer la fenêtre)