Le Nouvelliste 12 mai 1999

Yamachiche

se questionne sur

la pertinence d'un parc

Des millions de pieds carrés

déjà disponibles dans la MRC

Brigitte Trahan
Yamachiche

La municipalité d'Yamachiche se questionne sur la pertinence de créer un parc industriel territorial de 6 millions de pieds carrés, dans la MRC de Maskinongé, alors que plusieurs municipalités possèdent déjà des zones industrielles importantes.

À Yamachiche, a plaidé le conseil lors de la dernière assemblée publique, plus de 2,5 millions de pieds carrés de terrains en zone industrielle sont actuellement disponibles. Ces terrains sont déjà desservis par le gaz naturel, l'aqueduc et la voie ferrée tandis que l'autoroute 40 est à deux pas.

Un survol des diverses zones industrielles des municipalités de la MRC permet de constater que Saint-Alexis-des-Monts en possède près de 5 millions de pieds carrés dont à peine 2 % sont actuellement employés. Saint-Paulin est doté d'un motel industriel et d'une zone de 1,3 millions de pieds carrés pour accueillir l'industrie.

Parmi celtes qui comptent les plus grandes superficies de zones industrielles il y a aussi la municipalité de Maskinongé village (1 280 440 pieds carrés), Saint-Barnabé-Nord (2 618 037 pieds carrés) et Saint-Justin (1 377 688 pieds carrés).

À la MRC, les données portant sur les superficies de zones industrielles ont été colligées mais il semble que personne n'ait encore établi quel était le pourcentage des terrains déjà occupés par des industries dans chacune de ces zones.

Les conseillers d'Yamachiche estiment qu'il s'agirait pourtant là d'un élément important dans la discussion entourant la pertinence de créer un nouvel espace industriel régional. Les conseillers disent craindre qu'un nouveau parc industriel ne vienne nuire aux municipalités qui ont déjà des espaces prévus à cet effet.

Dans sa décision du 26 mai 1997 au sujet d'une requête de changement de zonage dans la municipalité de Sainte-Ursule, la Commission de protection du territoire agricole faisait part de la remarque suivante: "Le tribunal d'appel constate l'absence d'études régionales approfondies et semble percevoir une absence de concertation quant à 1'implantation d'un parc industriel régional dans un des nombreux espaces non agricoles de la région. Cette façon de faire serait moins destructrice pour l'agriculture."

Or, les trois emplacements potentiels retenus par la MRC de Maskinongé pour implanter le futur parc industriel sont presque tous agricoles. L'emplacement "A" est situe au nord du périmètre urbain et du parc industriel de Louiseville sur des terres agricoles de classe 2 (parmi les meilleures terres au Québec) appartenant à quatre propriétaires. L'emplacement "B" compte cinq terres agricoles, l'usine de cubage de foin Maski Cube, le commerce automobile Gilles Milot ainsi que diverses industries de Louiseville (Meubles Dinec, Coloridé, Choisy et Jacques Doucet.) Finalement, l'emplacement "C" est situé à Saint-Joseph de Maskinongé et compte trois terres agricoles boisées ainsi qu'une résidence. Les terres y sont de classe 3, c'est-à-dire excellentes pour l'agriculture.

Dans un document de travail de la MRC élaboré par le CLD, la SADC et la MRC à partir d'une étude réalisée par la firme Pluritec en 1993, on peut lire que l'implantation d'un parc industriel territorial "doit prioritairement être considérée dans les portions centre et ouest du territoire, évitant ainsi la portion est (Yamachiche) qui se veut limitrophe au territoire banlieusard de l'agglomération de Trois-Rivières." Le document justifie cette position en expliquant que des fuites commerciales de l'ordre de 71 millions $, dans la MRC de Maskinongé, ont lieu en faveur de Trois-Rivières chaque année.

"Regardez Bécancour", plaide la présidente du CLD, Mme Jocelyne Élliott-Leblanc. "Les gens qui y travaillent préfèrent rester à Trois-Rivières-Ouest. C'est une question de proximité. Mais ce n'est là qu'un élément, un critère parmi tant d'autres", tient-elle à nuancer. "Yamachiche a aussi un atout, elle est près de l'autoroute."

Le besoin de création d'un parc industriel territorial vient aussi beaucoup du fait que certaines municipalités, dont Sainte-Ursule, n'ont pas eu la permission de la CPTAQ pour créer leur propre parc industriel, fait valoir la présidente du CLD.

En créant un tel parc au centre ou à l'ouest du territoire, Mme Leblanc croit qu'on pourra attirer plus de résidants. "Si on ne s'entend pas et qu'on se tiraille, on va être un couloir que les gens vont emprunter pour s'en aller vers l'extérieur", craint-elle..

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