Le Nouvelliste 26 mai 1999

ÉDITORIAL

Le remède universel

Ginette Gagnon

L'hiver dernier, quand le président du Centre local de développement de Francheville, Normand Ricard, a dit qu'il valait mieux commencer par remplir les parcs industriels existants avant d'en aménager d'autres, il s'est fait rabrouer sèchement par les élus de Pointe-du-Lac.

Ce qu'il a dit a peut-être écorché quelques susceptibilités politiques mais M. Ricard n'avait pas tort.

Trop de municipalités entretiennent l'idée qu'elles n'ont qu'à se doter d'un parc industriel pour que les emplois leur tombent dessus comme par enchantement. Il y a là une vision naïve du développement économique. Une sorte de fuite en avant maladive. Une sorte de compétition intrarégionale stérile. Il faut s'y arrêter et y réfléchir sérieusement avant d'investir à fonds perdus dans de nouveaux grands espaces, locaux ou régionaux, voués peut-être à l'inoccupation chronique pendant des décennies.

Aussi doit-on accueillir comme une nouvelle intelligente, la décision de la MRC de Francheville et du CLD de collaborer à une étude qui vise à dresser l'inventaire des espaces disponibles et à mettre en place une nouvelle politique de développement des espaces industriels. On va aussi en profiter pour voir dans quelle mesure il est nécessaire de travailler éventuellement à créer un nouveau parc industriel à dimension régionale. On regarde ce qu'il en est. On projette pour l'avenir sans se précipiter. Fort bien.

Il est plus inquiétant de voir ce qui se passe dans la MRC de Maskinongé où on fonce tête baissée dans un projet de grand parc régional sans trop se préoccuper de l'avenir de ceux qui existent déjà localement et qui sont largement sous-utilisés.

On assiste depuis quelque temps un peu partout à une sorte de course au parc industriel comme si c'était le problème numéro i du taux de chômage en région. Revenons les deux pieds sur terre. Ce qui fait le plus défaut en Mauricie, surtout dans la grande région de Trois-Rivières, ce n'est pas le manque de terrains c'est le manque d'entrepreneurs et le manque de concertation entre les municipalités qui ont eu trop tendance à se compétitionner plutôt qu'à s'entraider. C'est cette mentalité qu'il faut changer. C'est cette vision régionale qu'il faut susciter.

Le parc industriel de Bécancour a 30 ans et il est loin d'être saturé. Il ne demande pas mieux que d'attirer de nouveaux projets majeurs. C'est d'ailleurs sa vocation première. Est-il nécessaire de lui mettre de la compétition dans les pattes?

Ailleurs en région, on n'affiche pas complet non plus pour ce qui est des PME. Il y a de la place à peu près partout. Les deux seules villes à pouvoir se vanter d'avoir des parcs industriels qui se remplissent à un rythme accéléré ce sont Drummondville et Victoriaville. Et pourquoi la créa4 ion d'emplois y est-elle plus florissante? C'est aussi la question qu'il faut se poser.

De toute évidence, et le Forum sur le renouveau économique l'a fait ressortir, ce qu'il faut en Mauricie c'est travailler à stimuler l'entrepreneurship, privilégier la concertation et développer des stratégies gagnantes.

Nous avons nombre d'entreprises en place qui vont bien et qui exportent de plus en plus, heureusement, mais la releve n'est pas aussi fructueuse qu'elle le devrait. Est-ce une question de terrains disponibles? Hélas, non! Il y a tout lieu de croire qu'il faut travailler davantage la prospection et mettre plus de vigueur dans nos offensives. Pourquoi les entrepreneurs choisissent-ils la Rive-Sud plutôt que la Rive-Nord? Parce qu'ils ne trouvent pas de terrains ou parce qu'on n'a pas le tour de les attirer?.

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