Yamachiche en cour pour avoir
de l'eau pour Olymel
Martin Lafrenière
L'usine ATrahan a besoin de plus d'eau pour
atteindre ses objectifs de production dans ses
installations agrandies et modernisées, soir 36 000
porcs abattus par semaine au lieu de 18 000.
YAMACHICHE — La mise en marche à plein régime, le 23
avril, de l’usine agrandie et modernisée d’Olymel à
Yamachiche risque d’être plus compliquée que prévu si
jamais la mésentente entre la Municipalité de Yamachiche
et la Régie d’aqueduc de Grand Pré ne trouve pas une fin
à court terme.
Yamachiche ne s’entend pas avec la Régie d’aqueduc de
Grand Pré à propos des modalités reliées à sa demande
d’ajouter 300 000 gallons d’eau par jour à son débit
réservé de 500 000 gallons par jour. Le bras de fer qui
dure depuis des mois vient de prendre le chemin des
tribunaux. Yamachiche a déposé en février une demande
d’injonction en Cour supérieure pour forcer la Régie, au
plus tard le 4 avril, souhaite-t-elle, à permettre le
branchement d’une nouvelle conduite afin d’acheminer
directement l’eau à cette usine de transformation du
porc, une industrie qui nécessite de grandes quantités
d’eau.
La Régie refuse d’accorder le branchement sans obtenir
la signature d’une entente en bonne et due forme
concernant la fourniture maximale de 800 000 gallons
d’eau par jour. La Municipalité soutient que le
comportement de la Régie place Yamachiche et ATrahan
dans une «situation insoutenable», tel qu’écrit dans
l’injonction.
En août 2018, la Municipalité s’est engagée
officiellement à fournir à Olymel l’eau dont elle a
besoin pour son usine ATrahan fraîchement agrandie au
coût de 110 millions de dollars. Dès le 23 avril,
l’usine aura intégré les quelque 430 travailleurs de
l’usine Lucyporc qui cessera ses opérations. Quelque
1100 travailleurs y œuvreront d’ici quelques semaines. À
elle seule, Olymel a besoin de ces 300 000 gallons
supplémentaires.
L’usine ATrahan doit fonctionner à plein régime à
partir du 23 avril.
STÉPHANE LESSARD
Selon l’injonction déposée par Yamachiche, ATrahan
devra avoir recours à des camions-citernes pour
acheminer l’eau nécessaire à son exploitation si jamais
la cour n’ordonne pas le branchement de la nouvelle
conduite. Cette méthode comporte des risques
opérationnels, notamment en ce qui concerne la
salubrité, et entraînera des coûts supplémentaires pour
l’entreprise qui refilera la facture à Yamachiche.
Après des mois de discussions et des rencontres avec la
Commission municipale du Québec, Yamachiche et la Régie
seraient parvenues à s’entendre l’automne dernier, ce
qui a conduit à l’adoption de résolutions le 10 et le 13
décembre. Mais le 19 décembre, toujours selon
l’injonction de Yamachiche, la Régie a présenté une
nouvelle mouture du projet d’entente. Le document
indique que la Régie «a retiré la notion de débit sur
une moyenne annuelle», un élément inclus dans une
entente de principe datant de mars 2018. Cette notion
suggère que Yamachiche souhaiterait jouir d’un débit de
800 000 gallons par jour, mais calculé sur une base
annuelle, ce qui laisse entendre que la consommation
pourrait être supérieure durant certaines journées et
inférieure durant d’autres journées.
Cette première entente de principe indiquait la
nécessité de construire une conduite et de réviser le
mécanisme palliatif, les municipalités membres de la
Régie étant tenues de payer pour tout dépassement de
consommation de leur débit réservé.
Dans sa proposition du 19 décembre 2018, la Régie ajoute
qu’elle a déjà réalisé les travaux préparatoires au
raccordement d’une conduite déjà installée par
Yamachiche en octobre 2018. Yamachiche soutient avoir
effectué un raccordement provisoire de cette conduite à
son réseau afin d’augmenter le débit d’eau vers ATrahan.
Selon la Municipalité, les travaux préparatoires menés
par la Régie ne respectent pas l’entente de mars 2018 et
ne permettront pas de fournir le débit d’eau
supplémentaire. La «méthode de branchement imposée par
la Régie n’apporte pas les mêmes performances en volumes
d’eau et en pression d’eau». Toujours selon Yamachiche,
la Régie a fait à son insu «des travaux différents de ce
qu’elle avait pourtant autorisé».
Voilà pourquoi Yamachiche demande au juge Bernard
Tremblay d’imposer le branchement de la conduite pour
éviter d’importantes conséquences à ATrahan. Une
audience de la cause a eu lieu le 15 mars. Yamachiche
plaide l’urgence d’agir dans ce dossier. Selon la
Municipalité, il faut compter deux semaines pour
réaliser un tel branchement.
Elle souhaite obtenir une réponse du juge Tremblay d’ici
le 4 avril.