L'Écho 28 novembre 2018
 

Pénurie de logements pour les travailleurs étrangers

 


Jonner Mina Sanchez, coordonnateur du Service d'accueil des nouveaux arrivants de la MRC de Maskinongé et Éric Ferron, promoteur et investisseur de Ferron Groupe Immobilier.
Crédit photo : Photo Pier-Olivier Gagnon

 

Une solution envisagée dans la MRC de Maskinongé


IMMIGRATION. La région fait non seulement face à une rareté de la main-d’œuvre, mais également à une pénurie de logements pour accueillir les nouveaux arrivants.

Le Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de la MRC de Maskinongé est aux premières loges de ce nouveau défi et constate la problématique depuis plus d’un an. L’organisme, dont le mandat est de contribuer à l’attraction des personnes immigrantes dans la MRC et de faciliter leur installation et leur intégration, estime qu’il manque présentement plus d’une vingtaine de logements pour permettre aux travailleurs étrangers de bien s’établir.

«Ça fait partie des besoins du milieu et ça n’ira pas en diminuant. C’est présentement difficile de trouver des logements et des maisons pour ces gens-là. Des logements à des prix abordables et bien situés, près des services, il n’y en a pas! À cause de ça, plusieurs immigrants ne peuvent s’installer chez nous et c’est de la main-d’œuvre qu’on n’a pas dans nos entreprises», reconnait Jonner Mina Sanchez, coordonnateur du SANA de la MRC de Maskinongé.

Depuis le 1er avril dernier, la MRC de Maskinongé a accueilli 44 travailleurs étrangers. Le SANA prévoit que ce nombre va augmenter d’ici la fin de l’année, en fonction des besoins sur le territoire. Bon an mal an, près d’une soixantaine de travailleurs étrangers viennent s’établir dans la région.

«Une vague s’en vient et nous ne sommes pas prêts pour ça. Il n’existe pas d’infrastructures ou de logements pour accueillir ces travailleurs qui sont 80% du temps seuls lorsqu’ils arrivent chez nous. Ces gens veulent aussi vivre seuls et nous n’avons pas la capacité pour les accueillir en ce moment en raison du manque de logements», partage M. Mina Sanchez.

En date du 22 novembre dernier, le site d’Emploi-Québec affichait 400 postes à combler à Louiseville et dans les environs. Plusieurs entreprises du territoire envisagent toujours la possibilité d’avoir recours à de la main-d’œuvre étrangère pour occuper ces postes vacants.

Un promoteur intéressé à aider la région

Témoin de cette réalité et voyant une opportunité d’affaires, Ferron Groupe Immobilier de Yamachiche a approché la MRC de Maskinongé, le SANA, les députés ainsi que les élus locaux afin de proposer des solutions à cette pénurie de logements. L’entreprise travaille sur deux projets distincts pour répondre aux besoins du milieu.

Le premier consiste à faire l’acquisition d’un bâtiment à Louiseville dans lequel seront aménagés des appartements abordables de type loft. «Ce qu’on veut offrir avec ce projet, c’est une solution rapide et clé en main pour pouvoir faire venir les travailleurs ici le plus tôt possible. Ensuite, ils pourront regarder pour trouver un autre appartement plus adapté à ce qu’ils recherchent. Ces lofts seraient meublés, chauffés et avec les commodités essentielles, dont l’Internet et le service de buanderie», explique Éric Ferron, promoteur. Si tout se déroule comme prévu, huit lofts pourraient être accessibles à Louiseville en mars 2019.

Ferron Groupe Immobilier projette également de construire, dès l’an prochain à Yamachiche, des maisons de ville modernes qui comprennent chacune quatre unités. «C’est un produit populaire et polyvalent qui pourrait être offert aux travailleurs étrangers, à ceux d’ici, mais également à la population en général et aux familles. Ces logements, avec une belle superficie, pourraient être offerts en location ou à l’achat. Ils seraient construits pour avoir un faible coût énergétique. Ce projet est bien avancé avec la municipalité. On attend simplement que les travaux soient réalisés dans le développement domiciliaire en question pour démarrer notre projet. Nous avons étudié le marché et nous sommes présentement dans les études techniques du projet. On veut, entre autres, savoir si les infrastructures de la municipalité pourraient accueillir autant de population dans un espace aussi restreint», mentionne M. Ferron, dont le projet permettrait à plus long terme et selon la rentabilité la construction de huit bâtiments semblables pour un total de 32 logements.

«Dans une unité, il y a un potentiel de faire quatre chambres. Ça va venir répondre à beaucoup de besoins dans la région. On sent le marché saturé. Ce serait un produit qu’on n’a pas ailleurs dans la région», confie-t-il.

Le promoteur, avec son équipe, travaille sur ce projet depuis un an. «C’est notre propre initiative après qu’on ait constaté le besoin. On évalue constamment la rentabilité de ça et il ne faut pas perdre de vue les risques qui y sont liés. C’est pourquoi on veut travailler ce projet-là avec la MRC de Maskinongé, les municipalités et les entreprises. Le besoin est là, mais il faut s’assurer que les logements seront occupés et utilisés», admet Éric Ferron.

Ce dernier souligne qu’en concentrant les travailleurs dans un secteur comme le prévoit son projet, il sera plus facile d’organiser un service de transport collectif vers les lieux de travail.

À Yamachiche, ce projet est bien accueilli. «C’est vraiment un très beau projet. C’est innovateur. On a une belle ouverture à cet égard. Les travaux de notre développement résidentiel doivent débuter ce printemps et on s’attend à avoir 75 terrains disponibles. Yamachiche est favorable à recevoir un projet comme celui présenté», répond Paul Carbonneau, maire de Yamachiche.

La Ville de Louiseville a également été approchée pour la réalisation d’un projet semblable. À ce chapitre, les discussions se poursuivent.