Une solution envisagée dans la MRC de
Maskinongé
IMMIGRATION. La région fait non seulement face à
une rareté de la main-d’œuvre, mais également à
une pénurie de logements pour accueillir les
nouveaux arrivants.
Le Service d’accueil des
nouveaux arrivants (SANA) de la MRC de
Maskinongé est aux premières loges de ce nouveau
défi et constate la problématique depuis plus
d’un an. L’organisme, dont le mandat est de
contribuer à l’attraction des personnes
immigrantes dans la MRC et de faciliter leur
installation et leur intégration, estime qu’il
manque présentement plus d’une vingtaine de
logements pour permettre aux travailleurs
étrangers de bien s’établir.
«Ça fait partie des besoins du
milieu et ça n’ira pas en diminuant. C’est
présentement difficile de trouver des logements
et des maisons pour ces gens-là. Des logements à
des prix abordables et bien situés, près des
services, il n’y en a pas! À cause de ça,
plusieurs immigrants ne peuvent s’installer chez
nous et c’est de la main-d’œuvre qu’on n’a pas
dans nos entreprises», reconnait Jonner Mina
Sanchez, coordonnateur du SANA de la MRC de
Maskinongé.
Depuis le 1er avril dernier,
la MRC de Maskinongé a accueilli 44 travailleurs
étrangers. Le SANA prévoit que ce nombre va
augmenter d’ici la fin de l’année, en fonction
des besoins sur le territoire. Bon an mal an,
près d’une soixantaine de travailleurs étrangers
viennent s’établir dans la région.
«Une vague s’en vient et nous
ne sommes pas prêts pour ça. Il n’existe pas
d’infrastructures ou de logements pour
accueillir ces travailleurs qui sont 80% du
temps seuls lorsqu’ils arrivent chez nous. Ces
gens veulent aussi vivre seuls et nous n’avons
pas la capacité pour les accueillir en ce moment
en raison du manque de logements», partage M.
Mina Sanchez.
En date du 22 novembre
dernier, le site d’Emploi-Québec affichait 400
postes à combler à Louiseville et dans les
environs. Plusieurs entreprises du territoire
envisagent toujours la possibilité d’avoir
recours à de la main-d’œuvre étrangère pour
occuper ces postes vacants.
Un promoteur intéressé à aider
la région
Témoin de cette réalité et
voyant une opportunité d’affaires, Ferron Groupe
Immobilier de Yamachiche a approché la MRC de
Maskinongé, le SANA, les députés ainsi que les
élus locaux afin de proposer des solutions à
cette pénurie de logements. L’entreprise
travaille sur deux projets distincts pour
répondre aux besoins du milieu.
Le premier consiste à faire
l’acquisition d’un bâtiment à Louiseville dans
lequel seront aménagés des appartements
abordables de type loft. «Ce qu’on veut offrir
avec ce projet, c’est une solution rapide et clé
en main pour pouvoir faire venir
les travailleurs ici le plus tôt
possible. Ensuite, ils pourront regarder pour
trouver un autre appartement plus adapté à ce
qu’ils recherchent. Ces lofts seraient meublés,
chauffés et avec les commodités essentielles,
dont l’Internet et le service de buanderie»,
explique Éric Ferron, promoteur. Si tout se
déroule comme prévu, huit lofts pourraient être
accessibles à Louiseville en mars 2019.
Ferron Groupe Immobilier
projette également de construire, dès l’an
prochain à Yamachiche, des maisons de ville
modernes qui comprennent chacune quatre unités.
«C’est un produit populaire et polyvalent qui
pourrait être offert aux travailleurs étrangers,
à ceux d’ici, mais également à la population en
général et aux familles. Ces logements, avec une
belle superficie, pourraient être offerts en
location ou à l’achat. Ils seraient construits
pour avoir un faible coût énergétique. Ce projet
est bien avancé avec la municipalité. On attend
simplement que les travaux soient réalisés dans
le développement domiciliaire en question pour
démarrer notre projet. Nous avons étudié le
marché et nous sommes présentement dans les
études techniques du projet. On veut, entre
autres, savoir si les infrastructures de la
municipalité pourraient accueillir autant de
population dans un espace aussi restreint»,
mentionne M. Ferron, dont le projet permettrait
à plus long terme et selon la rentabilité la
construction de huit bâtiments semblables pour
un total de 32 logements.
«Dans une unité, il y a un
potentiel de faire quatre chambres. Ça va venir
répondre à beaucoup de besoins dans la région.
On sent le marché saturé. Ce serait un produit
qu’on n’a pas ailleurs dans la région»,
confie-t-il.
Le promoteur, avec son équipe,
travaille sur ce projet depuis un an. «C’est
notre propre initiative après qu’on ait constaté
le besoin. On évalue constamment la rentabilité
de ça et il ne faut pas perdre de vue les
risques qui y sont liés. C’est pourquoi on veut
travailler ce projet-là avec la MRC de
Maskinongé, les municipalités et les
entreprises. Le besoin est là, mais il faut
s’assurer que les logements seront occupés et
utilisés», admet Éric Ferron.
Ce dernier souligne qu’en
concentrant les travailleurs dans un secteur
comme le prévoit son projet, il sera plus facile
d’organiser un service de transport collectif
vers les lieux de travail.
À Yamachiche, ce projet est
bien accueilli. «C’est vraiment un très beau
projet. C’est innovateur. On a une belle
ouverture à cet égard. Les travaux de notre
développement résidentiel doivent débuter ce
printemps et on s’attend à avoir 75 terrains
disponibles. Yamachiche est favorable à recevoir
un projet comme celui présenté», répond Paul
Carbonneau, maire de Yamachiche.
La Ville de Louiseville a
également été approchée pour la réalisation d’un
projet semblable. À ce chapitre, les discussions
se poursuivent.