(Yamachiche) Les conseillers municipaux Paul Carbonneau, Dominic
Germain et Dany Trahan ont fait front commun vendredi, afin de
dénoncer l'ingérence du maire Michel Isabelle dans l'administration
municipale. Dans un communiqué envoyé aux médias, ils ont notamment
critiqué l'attitude de M. Isabelle, qui a fait parvenir cette
semaine une mise en demeure aux six conseillers de Yamachiche. Si le
motif de ce geste demeure encore inconnu, les trois conseillers ont
indiqué que la discorde concernait une affaire liée au comité des
ressources humaines.
Paul Carbonneau, Dominic Germain et Dany Trahan sont tous les trois
membres du comité des ressources humaines de la municipalité de
Yamachiche. En siégeant à ce comité, ils ont entre autres le mandat
d'étudier les plaintes pour harcèlement déposées par les employés
municipaux. Selon eux, c'est en exerçant ce rôle que les conseillers
semblent s'être attiré les foudres du maire. Mais quoi que ce
dernier en dise, les conseillers considèrent avoir fait leur devoir
avec intégrité, et au meilleur de leurs connaissances.
«La municipalité de Yamachiche s'est dotée d'une politique sur le
harcèlement en milieu de travail qui s'applique aux fonctionnaires,
aux employés et aux élus. Lorsqu'une plainte est déposée, le comité
de ressources humaines doit vérifier son bien-fondé et faire des
recommandations au conseil municipal afin de corriger la situation»,
explique M. Carbonneau. «Le maire, pour ses propres raisons, tente
d'empêcher qu'une décision soit prise à la suite d'une plainte. Nous
croyons qu'il devrait, en toute transparence, permettre que le
conseil fasse son travail», ajoute-t-il.
De son côté, le maire a invité les conseillers à se préoccuper
davantage de l'intérêt de la population. Face à cette remarque, M.
Trahan a rappelé qu'aucun membre de l'administration municipale
n'était au-dessus des lois, et que chacun était sujet à des plaintes
advenant un écart de conduite.
«La loi nous impose, en tant qu'employeur, de s'assurer que le
milieu dans lequel oeuvrent nos employés est exempt de toute forme
de harcèlement. Éventuellement, il est possible qu'une instance
régissant les relations de travail au Québec soit chargée de
l'affaire, qu'elle procède à une enquête complète, et qu'elle se
prononce sur le bien-fondé de la plainte», souligne M. Trahan.
Malgré le climat de frictions qui règne à l'hôtel de ville, les
conseillers ont assuré aux citoyens que des mises en demeure ou des
possibilités de poursuites judiciaires ne les empêcheraient pas
d'aller de l'avant.
Clarifier les choses
Par ailleurs, M. Germain a démenti les rumeurs selon lesquelles les
conseillers allaient demander la destitution du maire. «Les coûts
d'une telle démarche ne seraient pas justifiés. D'ailleurs, les
citoyens de notre municipalité auront bientôt l'occasion de choisir
la personne qui occupera le poste de maire pour les quatre
prochaines années», a-t-il soutenu.
M. Germain a également spécifié que les mises en demeure n'étaient
pas liées aux travaux illégaux effectués par le maire. Rappelons que
M. Isabelle avait effectué des travaux de drainage devant sa
propriété, sans que la municipalité lui ait octroyé un permis.
Lors d'une entrevue accordée à TVA Trois-Rivières, le maire s'est
défendu en affirmant que le service des travaux publics avait été
informé de ses intentions. L'émission du permis aurait cependant
pris du retard, ce qui l'aurait poussé à aller de l'avant avec les
travaux. Le maire a par ailleurs soutenu qu'il avait respecté les
normes municipales, et a admis qu'il avait commis une erreur en
effectuant les travaux sans attendre le permis. Au final, il a dû
payer une amende de 280 $.
M. Isabelle considère cependant que cette affaire a attiré plus
d'attention qu'elle n'en méritait, considérant l'approche des
élections municipales. À cet égard, rappelons que le maire de
Yamachiche est en poste depuis 1999, et qu'il siège au conseil
municipal depuis 1979. Notons également que le conseiller Paul
Charbonneau est candidat à la mairie de Yamachiche. Il a été élu
pour une première fois en 2013, et occupe le poste de maire
suppléant depuis l'an dernier. Au lancement de sa campagne, M.
Carbonneau avait indiqué qu'il souhaitait apporter une nouvelle
vision à la direction du conseil municipal.