Le Nouvelliste 7 juin 2017

Les producteurs locaux à l'avant-plan



Parmi les participants au lancement de la saison des marchés publics, notons la présence de Guy Belletête (Saint-Élie-de-Caxton), Guy Fradette (propriétaire, Les Couleurs de la terre), Gilles Lafrenière (président du Marché public de Shawinigan), Justine Prud'homme (propriétaire, chef Justine), Michel Angers (maire de Shawinigan) et Norman Houle (directeur régional au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec).
François Gervais, Le Nouvelliste

 

 

Guy Veillette

(Shawinigan) Pour une deuxième année consécutive, le Marché public de Shawinigan a été choisi pour procéder au lancement de la saison de quatre lieux de rencontres qui se chargeront de faire découvrir des saveurs au cours des prochaines semaines. De nombreuses activités spéciales seront aussi proposées pour mettre en valeur les richesses du terroir.

La formule a fait ses preuves à Shawinigan, où le marché public continue d'offrir des produits frais à l'année depuis maintenant 115 ans, dont 51 dans le quartier Saint-Marc. Sur la rive sud, le Marché Godefroy célèbre déjà sa 23e saison. Ces deux institutions ont provoqué de nouvelles pousses en Mauricie, avec les marchés publics de Yamachiche, qui entreprend son septième été et ceux de Saint-Narcisse et de Saint-Élie-de-Caxton, qui viennent de prendre leur envol.

Pour lancer cette saison, les administrations ont conçu en commun un véhicule promotionnel sous un format de carte postale afin d'informer la population des emplacements des marchés publics et de leurs horaires.

Intitulé «De la ferme à la table, on mange local!», cet outil de marketing sera distribué à 20 000 exemplaires dans les bureaux d'information touristique, les bureaux d'accueil touristique, dans les quatre marchés publics de la Mauricie et au Marché Godefroy.

Norman Houle, directeur régional pour la Mauricie et le Centre-du-Québec au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, précise qu'au Québec, 70 % des consommateurs visiteront au moins une fois un marché public au cours de l'année. Il considère que la région possède les infrastructures pour recevoir cette clientèle avide de produits frais.

«En Mauricie, nous sommes en croissance constante», s'encourage-t-il. «Mais il faut dire que nos marchés sont jeunes. Ils sont apparus dans l'engouement des consommateurs pour les produits locaux. Il faut maintenant les soutenir, les faire connaître pour que ça devienne une tradition, un geste naturel comme en Europe.»

Le maire de Shawinigan, Michel Angers, se félicite d'avoir pris le pari de soutenir le Marché de public de Shawinigan dans sa phase de transformation. Aujourd'hui, le site accueille une moyenne de 5000 visiteurs par semaine.

Le Marché public de Shawinigan vient d'élire un nouveau président en la personne de Gilles Lafrenière, le même qui avait travaillé sur la transformation de l'endroit à l'ex-Centre local de développement.

Dès son arrivée, le directeur général, Pidjouma Traoré, a déposé au conseil d'administration un plan stratégique qui tourne autour de cinq axes. L'un d'eux consiste justement à mutualiser les services des marchés publics de la région. Les autres visent à entretenir de bonnes relations avec la Ville, à créer des outils de marketing pour stimuler l'achalandage, à s'engager dans la communauté et à inclure cet attrait dans le patrimoine touristique de la région.

Ouvert à l'année du mercredi au dimanche, le Marché public de Shawinigan regroupera une trentaine de marchands au coeur de l'été, avec les saisonniers.

Jean-Nick Trudel, coordonnateur des marchés publics de Yamachiche et de Saint-Élie-de-Caxton, souligne que la saison sera lancée dès le samedi 10 juin, à... Saint-Sévère.

Une première incursion dans ce village, avant de revenir à Yamachiche pour le reste de l'été, du 17 juin au 26 août. À Saint-Élie-de-Caxton, le concept remporte un succès boeuf, avec une moyenne de 1100 visiteurs par jour! Ce marché lancera sa troisième saison le 25 juin et reviendra tous les dimanches jusqu'au 10 septembre.

Du côté de Saint-Narcisse, la coordonnatrice, Linda MacCulloch, inaugurera sa deuxième saison le 2 juillet. Ce marché public accueillera les visiteurs jusqu'au 24 septembre, tous les deux dimanches. Les consommateurs pourront donc s'y rendre à sept reprises pendant l'été. Un total de 35 exposants se relaieront, pour une moyenne d'une vingtaine par occasion. Des visites à la Maison Dupont et à l'église seront proposées à la même occasion.

Une croissance fragile

Le lancement de la saison des marchés publics de la région, mercredi matin à Shawinigan, mettait en valeur l'offre proposée en Mauricie pour les prochains mois. Il manquait toutefois une délégation par rapport à l'an dernier, puisqu'en début de semaine, le Marché Mékinac diffusait un communiqué pour annoncer la fin des opérations de cet organisme sans but lucratif. 

L'an dernier, l'organisation avait établi ses quartiers à Saint-Tite, après trois années en itinérance dans la MRC. La nouvelle formule n'a visiblement pas réussi à s'imposer. Toutefois, des producteurs se réuniront à cinq reprises cet été pour le bénéfice des consommateurs.

Ces derniers pourront les retrouver au Métro Saint-Tite le 17 juin, au Bonichoix de Sainte-Thècle le 21 juillet, au Marché Traditions de Lac-aux-Sables le 23 juillet, à la Coopérative de Saint-Adelphe le 6 août et finalement, chez Pur Safran de Notre-Dame-de-Montauban le 7 octobre.

«Le coeur des décisions d'un marché public appartient aux producteurs», explique Norman Houle, directeur régional au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. «Les municipalités forment les terres d'accueil, en offrant des infrastructures. Mais les décisions appartiennent aux producteurs. Nous vivons dans une société où l'argent a encore de l'importance et il faut que ça tourne, qu'ils voient un potentiel de croissance. Si la formule mise de l'avant n'a pas rejoint les objectifs, ça entraîne un geste.»

Ceci dit, le retour du marché itinérant sied peut-être mieux à ce milieu, fait remarquer M. Houle. 

«Les producteurs ont fait une action pour continuer à offrir des produits à la population, sous une forme différente», souligne-t-il. «Dans le stationnement des épiceries, ce sera peut-être une formule moins énergivore. Les gens de Mékinac vont rebondir, avec une approche qui va leur ressembler. Il n'y a pas une formule unique de marché public. Au MAPAQ, on n'est pas contre les marchés itinérants. La formule doit rejoindre les producteurs et les consommateurs.»

Et Trois-Rivières?

Guy Fradette, producteur de pommes de terre, affiche son commerce Les Couleurs de la terre aux marchés publics de Yamachiche, Saint-Élie-de-Caxton, Bécancour et Shawinigan. De sa vingtaine d'années d'expérience dans le milieu, il retient certains éléments incontournables pour qu'un marché public atteigne ses objectifs.

«Ça prend un noyau de quatre ou cinq producteurs solides qui vont se tenir. Il faut aussi que la population locale embarque. Les gens de l'extérieur vont y aller de temps en temps, mais si les locaux ne viennent pas, il y aura un problème.»

M. Fradette considère que la collaboration entre les responsables de marchés de la région aide aussi la pérennité des initiatives locales, puisque chaque organisation est sensibilisée aux réalités et aux contraintes du voisin. 

Ce qui nous amène au dossier de Trois-Rivières, où des discussions demeurent ouvertes sur l'opportunité de créer un marché public. Un joueur de cette importance risquerait-il de nuire aux autres? 

«Le Marché Godefroy avait été créé parce qu'il n'y en avait plus à Trois-Rivières», fait remarquer M. Fradette. «Chose certaine, il faudrait qu'on se parle...»