Le Nouvelliste 28 mai 2013


Du conflit dans l'air en région

 

Une grève de 24 heures a été déclenchée lundi à l'usine Duchesne et Fils à Yamachiche.

Photo: Stéphane Lessard

 


Marc Rochette


(Yamachiche) Décidément, dans le monde du travail, il y a du conflit dans l'air en région par les temps qui courent. Et on a droit à tous les scénarios: grève d'un jour qui risque de devenir illimitée dans un cas, lock-out décrété par l'employeur dans l'autre, mais perspective d'un règlement pour un troisième dossier.

 

D'abord, lundi matin, les travailleurs de l'usine Duchesne et Fils à Yamachiche ont déclenché une grève de 24 heures, histoire de faire avancer les négociations pour le renouvellement de la convention collective échue depuis le 31 décembre 2012. Et c'est ce matin, 7 h, qu'on saura si la centaine de syndiqués auront repris le boulot ou si, au contraire, la grève se poursuivra, cette fois de façon illimitée.

 

Mais de toute vraisemblance, c'est la première option qui devrait s'appliquer alors qu'au cours de la journée, la partie patronale visait officiellement la reprise des activités dès aujourd'hui, sans évoquer de menaces de lock-out.

 

«On trouve malheureux les moyens de pression qui affectent notre clientèle et les emplois à plus long terme», a commenté le porte-parole de l'entreprise, Pierre Gélinas, envisageant la poursuite du processus de négociations en cours.

 

Lundi, il était clair du côté syndical que sans protocole de retour au travail, au terme de cette «journée d'étude» légale, «on reste dehors», tout en étant conscient du risque de provoquer un lock-out. Sur le calendrier des pourparlers, une rencontre de conciliation est prévue le 4 juin.

 

Après avoir proposé un contrat de trois ans, le syndicat se dit maintenant prêt à consentir une période de cinq ans, soit la même durée que les deux conventions précédentes.

 

Au plan salarial, les travailleurs souhaitent des hausses variant entre 2 % et 4 % alors que la partie patronale privilégie du 1 % à 2 %. Traditionnellement, les augmentations sont basées sur l'indice du prix à la consommation.

 

Le syndicat digère mal que l'employeur ait décidé de mettre fin au régime de retraite à prestations déterminées pour le remplacer par un système à cotisations déterminées. Et on veut régler plusieurs irritants au plan normatif comme, par exemple, au niveau des vacances ou des assurances.

 

«On n'est pas si loin que ça. Si elle voulait y mettre du sien, on réglerait ça. C'est que les points sur lesquels on ne s'entend pas, ils ne veulent pas les mettre dans la convention», a expliqué le représentant national du SCEP-FTQ, Luc Deschênes, sur la ligne de piquetage.

 

Pas moins de 97 % des 110 syndiqués de l'usine ont déjà, en assemblée générale, accordé un mandat de grève à leurs représentants. Et pour plusieurs des grévistes d'un jour, l'enjeu est une question de respect.

 

Pendant ce temps, le lock-out décrété le 3 mai dernier par la direction de Silicium Québec, à Bécancour, prend une tournure juridique aujourd'hui même.

 

C'est que le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, section locale 184, est passé de la parole aux actes en déposant une demande pour l'émission d'une ordonnance provisoire et permanente pour violation du Code du travail. La requête sera entendue en audience ce matin à Québec par le commissaire Raymond Gagnon.

 

Le syndicat veut ainsi empêcher le recours à des briseurs de grève pendant que l'usine et ses 145 travailleurs syndiqués sont sous le coup d'un lock-out décrété par l'employeur le 3 mai dernier.

 

Le lock-out à l'usine Silicium Québec à Bécancour prend une tournure juridique à compter d'aujourd'hui.

Photo: Stéphane Lessard

 

Lors d'une inspection réalisée par un enquêteur du ministère du Travail le 16 mai dernier, il fut déterminé que dix personnes, sans être des cadres au sens du Code du travail, accomplissaient du travail normalement assuré par des syndiqués. Une pratique illégale qui vient donc modifier négativement le pouvoir de négociation de ses membres, selon les prétentions du syndicat.

 

Celui-ci demande ainsi à la Commission des relations du travail d'enjoindre provisoirement, et ensuite de manière permanente, à la direction de Silicium Québec de cesser de violer l'article 109.1 du Code du travail, de cesser d'utiliser les services des dix personnes concernées et de ne pas en utiliser d'autres pour remplir les fonctions des salariés faisant partie de l'unité de négociation en lock-out.

 

Baisse salariale de 20 %, recours accru à la sous-traitance, diminution de la contribution de l'employeur au régime d'assurance de 100 % à 50 %, retraite du régime de retraite à prestation déterminée: voilà quelques-unes des demandes patronales qui font litige.

 

Finalement, une grève initialement prévue hier a été évitée à la Résidence Valeo Jean XXIII et à la Maison Valeo Jean XXIII. La rencontre de conciliation du 22 mai dernier aura permis aux deux parties d'en arriver à une entente de principe qui sera soumise au vote le 4 juin prochain. Son approbation permettrait de renouveler un contrat de travail échu depuis le 31 décembre 2012.

 

Entre 75 et 100 personnes y travaillent, selon le conseiller aux communications du Syndicat québécois des employées et employés de services (FTQ), Benoît Hamilton.

 

 

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