Le Nouvelliste 18 mars 2013

 

Pêche blanche: «C'est une saison vraiment dramatique»

 

Les pourvoyeurs du lac Saint-Pierre parlent d'une piètre saison de pêche blanche.

Photo: Stéphane Lessard


Gabriel Delisle

(Trois-Rivières) L'hiver qui s'achève sera à oublier pour les pêcheurs et les pourvoyeurs du lac Saint-Pierre. Ils viennent de connaître une de leurs pires saisons de pêche blanche. Le moratoire sur la pêche à la perchaude leur a fait très mal.

«Nous avons perdu entre 50 et 60 % des clients», lance d'entrée de jeu Claude Desaulniers de la pourvoirie Qui-Mauricie. «On s'est tous plantés.»

 

Même son de cloche à Pierreville, au Centre de pêche Paulhus, où la saison de pêche blanche n'a eu lieu cette année que du 12 janvier au 27 février. «C'est une saison vraiment dramatique», avoue Mario Paulhus qui affirme avoir vu une baisse de sa clientèle de 50 à 60 %.

 

«Les gens n'étaient pas là. Ça n'a pas été une belle saison», ajoute quant à lui le président de l'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre, Jean Lévesque, qui précise que la diminution de la clientèle a notamment été marquée sur la rive sud, où les grandes baies glacées sont plus rares. «S'il n'y a pas de changement au moratoire, les pourvoyeurs de la rive sud n'ouvriront pas l'an prochain.»

 

C'est d'ailleurs ce que fait valoir Mario Paulhus. Selon lui, la diminution de la clientèle est attribuable au moratoire sur la pêche à la perchaude. Il affirme aussi que si le moratoire sur la pêche à la perchaude n'est pas levé l'hiver prochain, il n'aura d'autre choix que de demeurer fermé. «On va manger moins d'argent comme ça.»

 

Le propriétaire de la pourvoirie Qui-Mauricie estime de son côté qu'il perdra encore plus de clients l'an prochain si le moratoire est maintenu.

 

«Nous avons appris que le moratoire était maintenu le 20 décembre dernier. Plusieurs pêcheurs avaient déjà mis leur cabane sur l'eau. Je pense que 25 % d'entre eux ne reviendront pas l'an prochain si le moratoire est maintenu», affirme Claude Desaulniers qui ne sait pas encore si son centre de pêche sera ouvert en 2014 dans l'éventualité où la pêche à la perchaude ne reprenait pas.

 

Toutefois, le ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, a récemment annoncé dans la région que le moratoire était non seulement maintenu pour 2013, mais qu'il est également étendu à l'est du pont Laviolette jusqu'à la hauteur de Saint-Pierre-les-Becquets.

 

Les scientifiques du ministère ont mesuré ces dernières années une importante diminution des stocks de perchaude. L'arrivée d'espèces envahissantes et étrangères à l'écosystème comme le cormoran et le gobie à taches noires fait pression sur la population de perchaude.

 

De plus, l'augmentation des cyanobactéries (algues bleues) qui détruisent l'habitat du poisson rend l'espèce vulnérable selon le ministère et les chercheurs. L'Association des pêcheurs, qui désire participer à de nouvelles études de population avec le ministère, doute toujours de ces résultats.

 

Les pêcheurs et les pourvoyeurs ont dû se rabattre cet hiver sur d'autres espèces comme le doré. Claude Desaulniers estime par contre que les pourvoyeurs du lac Saint-Pierre ne peuvent pas vivre que de la pêche au doré. «Nous ne sommes pas capables. Ça coûte trop cher si c'est juste pour le doré.»

 

Mario Paulhus ajoute que la pêche au doré n'est pas une activité familiale. Ces poissons ne mordent pas autant que les perchaudes. De plus, cette espèce se pêche surtout au lever et au coucher du soleil. «On ne réveille pas un enfant à 5 h le matin pour pêcher le doré», précise M. Paulhus.

 

 

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