Le Nouvelliste 8 janvier 2013

 

De la grosse perchaude en abondance

L'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre veut démontrer que la perchaude est abondante au lac Saint-Pierre, contrairement à ce que disent les biologistes.

Photo: Stéphane Lessard


Brigitte Trahan

(Trois-Rivières) Les gens qui ont commencé à pêcher dans l'une ou l'autre des pourvoiries du lac Saint-Pierre capturent de la perchaude en abondance, comme le racontent notamment Denis St-Pierre du Centre de pêche Le Martin pêcheur d'Yamachiche et Yvan Paulhus du Centre de pêche Paulhus de Pierreville.

«Il se sort beaucoup de perchaudes. Il faut les remettre à l'eau, mais c'est épouvantable s'il y en a», raconte M. St-Pierre. «De la grosse perchaude, en plus», prend-il soin de préciser.

Le centre de pêche Paulhus n'ouvrira que ce week-end, mais déjà, les pêcheurs s'adonnent quand même à leur sport favori et la perchaude est capturée en abondance, raconte Yvan Paulhus.

Depuis l'ouverture de sa pourvoirie, il y a quelques jours, M. St-Pierre a constaté que pas moins de 1000 perchaudes ont été prises par sa clientèle. Mais les gens sont obligés de les remettre à l'eau, dit-il. «Ils sont fâchés parce que de l'autre bord du pont de Trois-Rivières, ils ont le droit de la prendre au filet», dit-il.

 


Tommy Chamberland, David Gagnon et René Chamberland ont pratiqué une de leurs activités hivernales préférées, hier, au Centre de pêche Martin pêcheur d'Yamachiche.

Photo: Stéphane Lessard

L'Association des pêcheurs du lac Saint-Pierre veut démontrer que la perchaude est abondante au lac Saint-Pierre, contrairement à ce que disent les biologistes. Elle a donc amorcé, il y a quelques jours, une cueillette d'informations concernant les stocks de perchaudes en demandant aux clients de diverses pourvoiries de remplir un questionnaire sur le nombre de perchaudes capturées au cours de leur séjour.

Cette étude maison se poursuivra jusqu'à la fin de la saison de pêche hivernale.

Le président de l'Association, Jean Lévesque, explique qu'il n'a toutefois pas l'intention de remettre les résultats au ministre du Développement durable, Environnement, Faune et Parcs.

«Au niveau du ministère, c'est tellement hermétique. Il n'y a pas moyen de leur parler», déplore-t-il.

L'Association a notamment tenté, mais en vain, d'obtenir les résultats des travaux réalisés sur les cormorans par le ministère, l'été dernier, raconte-t-il. «C'est comme s'ils avaient peur des opinions contraires, mais ça en prend pour faire un débat», fait valoir M. Lévesque.

Les résultats de l'étude de l'Association seront toutefois rendus publics, promet-il.

Le président du comité consultatif sur la perchaude et spécialiste de la faune aquatique à l'UQTR, le professeur Pierre Magnan n'est nullement surpris que les gens capturent de la perchaude de bonne taille et en abondance.

«Qu'elle soit abondante et grosse, c'est le résultat des mesures qui ont été prises en 2008 et ça, je l'ai toujours dit. Il y a eu protection de la fraie et imposition d'un quota de12,3 tonnes. Ce furent des mesures draconiennes. Même l'an passé, les gens nous disaient qu'elle était belle. C'est ça qui rend la chose difficile à expliquer», dit-il.

Ce qu'il faut comprendre, plaide le scientifique, c'est qu'il faut justement protéger toutes ces grosses perchaudes afin de leur donner une chance de reconstituer le stock malgré un écosystème qui dépérit.

C'est en effet la relève qui est presque disparue du lac Saint-Pierre, martèle-t-il et c'est elle qu'il faut reconstituer.

Accusés de ne pas pêcher aux bons endroits et de pêcher à la même place même si les niveaux d'eau ont baissé, les scientifiques du réseau de suivi ichtyologique utilisent néanmoins 200 stations d'échantillonnage au lac Saint-Pierre qui sont visités sur cinq ans dont 40 stations visitées aux deux ans. «On a l'heure juste», assure le professeur Magnan.

Ce dernier invite les gens à traiter les perchaudes capturées avec le plus de délicatesse possible et de les remettre à l'eau le plus rapidement possible pour assurer leur survie. Une étude détaillée, dit-il, a démontré que le taux de survie des perchaudes remises à l'eau est en effet de 80 %.

 

 

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