Pierre-Louis Paquin.
À l’arrière, le président de Bio Malt Mauricie,
Alain Valois, Jacques Dion de SEMICAN, Jeannot Lemieux, du
Marché du Boisé et Philippe Dumais de la microbrasserie À La Fût.
À l’avant, Bruno Vachon de la malterie Frontenac et Mario Lamy,
producteur biologique de Yamachiche, s’étaient réunis pour
discuter des enjeux de la bière biologique en Mauricie.
Publié le
7 Juin 2012
Pierre-Louis Paquin
Les brasseurs,
producteurs, malteurs et microbrasseurs de la Mauricie élargie s’étaient
donné rendez-vous hier (jeudi) en plein champ à Yamachiche, sur les
terres de la ferme Mylamy, quelques jours avant la récolte de grains
voués à la conception d’orge biologique. Au terme de la rencontre, des
Gerbes d’Or ont été remises à un producteur de Beauharnois, Lucien
Lemieux et à Mario Massicotte de St-Maurice.
«Mario a semé très tôt, il a fait la job, son grain était très beau.
Il a été reconnu selon plusieurs critères», a expliqué le président de
Bio Malt Mauricie, Alain Valois à propos de la ferme qui a développé la
meilleure qualité d’orge brassicole en Mauricie pendant l‘été 2011.
«Pour l’année 2012, ça va se jouer dans les deux trois prochaines
semaines», a-t-il expliqué.
Compétition déloyale
Avant d’amorcer la période la plus intense de l’année dans leurs
champs, les protagonistes de l’industrie brassicole tenaient cette
réunion pour lever leurs chapeaux aux plus méritants, mais surtout pour
partager des conseils sur le monde de la microbrasserie. Plusieurs
bières étaient d'ailleurs offertes en dégustation.
Interrogé à savoir si les gros brasseurs comme Labatt et Molson
menaient une compétition déloyale, Alan Valois tranche. «Je pense que
oui, mais les brasseurs québécois démontrent de plus en plus qu’ils vont
avoir l’appui des producteurs québécois. C’est sûr que les grandes
brasseries vont aussi acheter de l’orge du Québec. Par contre, nos
brasseurs vont se distinguer davantage avec leurs produits, c’est garant
d’un bon avenir.»
Mentionnons que selon le procédé conventionnel pour brasser une bière
inspirée de la méthode allemande, 21 jours sont nécessaires, dans un
délai minimal, pour obtenir un produit de qualité. Quatre ingrédients
sont alors requis: du malt, de l’eau, de la levure et du houblon. Avec
l’ajout de plusieurs composantes, certaines brasseries d’envergure
peuvent fabriquer une bière en seulement cinq jours selon Bio Malt
Mauricie.
Jeannot Lemieux est propriétaire du Marché du Boisé de Trois-Rivières,
un des premiers endroits à avoir ouvert ses portes aux microbrasseries
québécoises.
«C’est toujours pire! Certaines brasseries nous obligent à vendre à
un prix tel que le profit n’est pas assez élevé pour payer l’employé qui
met la caisse dans le réfrigérateur», confie-t-il en pointant du doigt
les géants de l’industrie.
En contrepartie, il a noté un changement majeur dans l’attitude des
consommateurs.
«Avant, plusieurs clients achetaient une caisse de 24 de Molson ou
Labatt et essayaient une bière de microbrasserie. On voit de moins en
moins ça maintenant. Les mêmes clients, pour la plupart, ne consomment
que des produits de microbrasserie aujourd‘hui», conclut-il.
Bio Malt Mauricie, qui entrera dans sa troixième année d’existence
sous peu, a l’intention de multiplier les activités du genre dans la
région pour favoriser l’émergence des produits locaux dans les
chaumières du Québec.