L'Écho 30 mai 2012

Spartacus Triomphe

Spartacus Triomphe

 

 
 PIERRE-LOUIS PAQUIN

 

 «Dans le fond. si le gladiateur Spartacus était  vivant aujourd'hui, il aurait sa monture . C'est ce qu'a dit Christian Rivard au sujet de la moto Artisanal Chopper qu'il a mis plus de quatre années à construire avec l'aide de John Harrison.
 


Spartacus dans toute sa gloire. Christian Rivard croit qu'une moto est faite pour rouler. Elle  devrait donc sortir de son garage, quelque part en 2013, après les expositions de l'hiver prochain.
Photo:
Collaboration spéciale

 

 

Le cheval mécanique a fait écarquiller les yeux des amateurs et des juges les plus sévères. Il a, en effet, multiplié les prix prestigieux au fil des expositions.


Les travailleurs méticuleux se sont frottés à des professionnels en matière de conception de moto. Plusieurs exposants qui ont plié l'échine devant la monture mauricienne sont de véritables artistes reconnus, certains engagés pour concevoir des motos pour les vedettes américaines et pour les poches profondes, d'autres pour le compte de compagnies renommées. Christian Rivard et John Harrison, eux, gagnent leur vie au sein de l'entreprise Atrahan Transformation de Yamachiche, qui n'a rien à voir avec l'industrie de la moto. Ils ont multiplié les heures pendant les soirs et les fins de semaine. Munis d'outils modestes, ils ont bâti une grande complicité et... ont triomphé.

 

 

 


LES HONNEURS JAILLISSENT
«On n'était même pas au courant des critères, on n'a jamais fait la moto en fonction des critères. On s'est rendu compte que le public aimait ça, mais que les juges regardaient avec un autre oeil. Pour eux, ce n'était pas nécessairement la beauté de la moto qui comptait», explique M. Rivard. Pourtant, les juges aussi ont été conquis par le résultat final.


Première place Radical Chopper et Best paint au Bike  Tattoo 2012 de Laval.

 


Première place au National Motorcycle and Tattoo show à Toronto: Radical Chopper, Best Bike of the show et Best individual Display, toujours au Motorcycle and Tattoo show torontois. À cela s'ajoutent les honneurs d'un des plus prestigieux événements en Amérique du Nord en la matière, à l'International Motorcycle Supershow 2012 de Toronto, où Spartacus a remporté la troisième place pour la Canada Cup, Best Painting, Best Chrome Plating, Best Artwork, Best Seat, Best Individual Display (special award), en plus d'être le choix numéro 1 du public pour son design, son originalité et sa présentation. La liste est longue.


Mentionnons que les bâtisseurs peuvent représenter la même moto plusieurs années consécutives en corrigeant les détails dépréciés par les juges. Spartacus en était à une première année d'exposition.


«C'est comme une drogue, il n'y a pas de mot pour décrire ça», mentionnait John Harrison, se remémorant les victoires du gladiateur.


Du MINI-TRAIL À SPARTACUS
Il faut dire que Christian Rivard a eu la piqûre de la moto bien avant la construction de Spartacus.


«Je devais avoir 11 ans. Je partais avec mon Mini-Trail à 9h le matin et je ne revenais que passé 17h. Je peux te dire que mes parents étaient inquiets», avoue-t-il.


C'est en 2007 que l'idée de construire Spartacus a germé pour la première fois dans l'esprit de M. Rivard, alors qu'il s'était rendu au New Hampshire, à Laconia, pour y voir une exposition de motos.


«La première fois, j'ai dessiné la moto sur une napkin», se souvient-il. Environ 2500 heures d'ouvrage plus tard, avec l'aide du mécanicien John Harrisson de Steeve Bélanger, Johnny Bélanger, Martin (Fitto ) Bouchard et Éric Précourt, Spartacus a vu naître sa monture.


Puisque nul ne triomphe sans un minimum d'adversité, les concepteurs ont eu quelques sueurs à un moment ou l'autre de l'aventure. John Harrison se souvient d'une péripétie qui a mis Spartacus en péril, alors qu'il était presque terminé.


«On avait levé la moto avec un système hydraulique. Mais, quand Christian a lâché le commutateur, le système (hydraulique) ne s'est pas arrêté et le bicycle a continué de monter. Il s'est accoté sur un échafaudage en métal, les poignées ont
crochi et on a quasiment échappé Spartacus par terre. On a vraiment eu peur cette fois-là.» Une séance de photos avec une jolie demoiselle a aussi frôlé la catastrophe, mais généralement, le tandem a su éviter les épreuves.


«Les vrais moments difficiles, il n'y en a pas eu beaucoup», avise M. Rivard.


Si au départ, M. Harrison voulait rester loin de l'aventure, il s'est finalement épris du projet. Les deux travailleurs avaient la même vision du produit fini, la chimie s'est donc installée rapidement.


«On voulait quelque chose à l'image du gladiateur et je crois qu'on a réussi», annonce fièrement M. Rivard.

 

Au final, l'esclave et gladiateur thrace qui a dirigé la Troisième Guerre servile en Italie du Sud entre -73 et -71 et qui a fait trembler Rome, ne refuserait certainement pas une pareille monture s'il était vivant aujourd'hui.

 


 

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