PIERRE-LOUIS PAQUIN
«Dans le fond. si
le gladiateur Spartacus était vivant aujourd'hui, il aurait sa
monture . C'est ce
qu'a dit Christian Rivard au sujet de la moto Artisanal Chopper
qu'il a mis plus de quatre années à construire avec l'aide de John
Harrison.
Spartacus dans toute sa gloire. Christian Rivard croit qu'une moto
est faite pour rouler. Elle devrait donc sortir de son garage,
quelque part en 2013, après les expositions de l'hiver prochain.
Photo:
Collaboration spéciale
Le cheval mécanique a fait écarquiller les yeux
des amateurs et des juges les plus sévères. Il a, en effet, multiplié
les prix prestigieux au fil des expositions.
Les travailleurs méticuleux se sont frottés à des professionnels en
matière de conception de moto. Plusieurs exposants qui ont plié l'échine
devant la monture mauricienne sont de véritables artistes reconnus,
certains engagés pour concevoir des motos pour les vedettes américaines
et pour les poches profondes, d'autres pour le compte de compagnies
renommées. Christian Rivard et John Harrison, eux, gagnent leur vie au
sein de l'entreprise Atrahan Transformation de Yamachiche, qui n'a rien
à voir avec l'industrie de la moto. Ils ont multiplié les heures pendant
les soirs et les fins de semaine. Munis d'outils modestes, ils ont bâti
une grande complicité et... ont triomphé.
LES HONNEURS JAILLISSENT
«On n'était même pas au courant des critères, on n'a jamais fait la moto
en fonction des critères. On s'est rendu compte que le public aimait ça,
mais que les juges regardaient avec un autre oeil. Pour eux, ce n'était
pas nécessairement la beauté de la moto qui comptait», explique M.
Rivard. Pourtant, les juges aussi ont été conquis par le résultat final.
Première place Radical Chopper et Best paint au Bike Tattoo 2012
de Laval.
Première place au National Motorcycle and Tattoo show à Toronto: Radical
Chopper, Best Bike of the show et Best individual Display, toujours au
Motorcycle and Tattoo show torontois. À cela s'ajoutent les honneurs
d'un des plus prestigieux événements en Amérique du Nord en la matière,
à l'International Motorcycle Supershow 2012 de Toronto, où Spartacus a
remporté la troisième place pour la Canada Cup, Best Painting, Best
Chrome Plating, Best Artwork, Best Seat, Best Individual Display
(special award), en plus d'être le choix numéro 1 du public pour son
design, son originalité et sa présentation. La liste est longue.
Mentionnons que les bâtisseurs peuvent représenter la même moto
plusieurs années consécutives en corrigeant les détails dépréciés par
les juges. Spartacus en était à une première année d'exposition.
«C'est comme une drogue, il n'y a pas de mot pour décrire ça»,
mentionnait John Harrison, se remémorant les victoires du gladiateur.
Du MINI-TRAIL À SPARTACUS
Il faut dire que Christian Rivard a eu la piqûre de la moto bien avant
la construction de Spartacus.
«Je devais avoir 11 ans. Je partais avec mon Mini-Trail à 9h le matin et
je ne revenais que passé 17h. Je peux te dire que mes parents étaient
inquiets», avoue-t-il.
C'est en 2007 que l'idée de construire Spartacus a germé pour la
première fois dans l'esprit de M. Rivard, alors qu'il s'était rendu au
New Hampshire, à Laconia, pour y voir une exposition de motos.
«La première fois, j'ai dessiné la moto sur une napkin», se souvient-il.
Environ 2500 heures d'ouvrage plus tard, avec l'aide du mécanicien John
Harrisson de Steeve Bélanger, Johnny Bélanger, Martin (Fitto ) Bouchard
et Éric Précourt, Spartacus a vu naître sa monture.
Puisque nul ne triomphe sans un minimum d'adversité, les concepteurs ont
eu quelques sueurs à un moment ou l'autre de l'aventure. John Harrison
se souvient d'une péripétie qui a mis Spartacus en péril, alors qu'il
était presque terminé.
«On avait levé la moto avec un système hydraulique. Mais, quand
Christian a lâché le commutateur, le système (hydraulique) ne s'est pas
arrêté et le bicycle a continué de monter. Il s'est accoté sur un
échafaudage en métal, les poignées ont
crochi et on a quasiment échappé Spartacus par terre. On a vraiment eu
peur cette fois-là.» Une séance de photos avec une jolie demoiselle a
aussi frôlé la catastrophe, mais généralement, le tandem a su éviter les
épreuves.
«Les vrais moments difficiles, il n'y en a pas eu beaucoup», avise M.
Rivard.
Si au départ, M. Harrison voulait rester loin de l'aventure, il s'est
finalement épris du projet. Les deux travailleurs avaient la même vision
du produit fini, la chimie s'est donc installée rapidement.
«On voulait quelque chose à l'image du gladiateur et je crois qu'on a
réussi», annonce fièrement M. Rivard.