Le Nouvelliste 13 juillet 2011

Ben Milot: «Je suis cassé de partout»

 


Les visiteurs à l'Expo de Trois-Rivières ont l'occasion d'assister, deux fois par jour, aux prouesses de Ben Milot.

Photo: Stéphane Lessard


Serge L'Heureux

(TROIS-RIVIÈRES) Venez voir Ben Milot. Venez voir Ben Milot voler. Venez voir Ben Milot flipper. Venez voir Ben Milot: il adore ça. Même, il a besoin de ça. «Quand je fais un show, c'est là que je vais chercher mon petit rush d'adrénaline qui me fait continuer. Je ne peux pas retrouver une job qui va m'amener ça. Quand les estrades sont pleines, comme samedi dernier (à l'Expo), ça me fait juste travailler plus fort. C'est ma vie», explique le motocycliste de Yamachiche.

Sa vie, dit-il. «Dans les deux dernières années, j'ai été blessé pendant 10 mois. Je suis cassé de partout, je le sens. Je vais avoir 29 ans, vendredi; dans notre sport, c'est vieux. J'ai déjà eu une vingtaine de fractures; c'est le prix à payer. J'ai donné.»

 

L'automne dernier, près de chez lui à Louiseville, un saut a mal tourné. Résultat: fracture du fémur, du coude et du bras. «Un coup de vent m'a pris de court, raconte-t-il. Je pensais que j'étais conscient du vent, mais ça nous rattrape tout le temps. La réalité nous ramène les pieds sur terre.»

 

L'année d'avant, c'était les ligaments croisés des deux genoux, en même temps. Ayoye.

Après des mois des réadaptation et de physiothérapie, Ben Milot est remonté sur sa moto, cet hiver en Floride. C'est sa vie. «C'est le plus long break que j'ai jamais pris depuis 20 ans: cinq mois d'arrêt complet, reprend-il. Je ne suis jamais parti d'aussi loin que ça. Il fallait que je me rebâtisse une confiance, que je reprenne mes figures. En plus, j'ai changé de moto: je roule maintenant sur une KTM. C'était un double défi: m'habituer à une nouvelle moto... et à une nouvelle jambe, avec une tige de métal.»

 

Il a même, tenez-vous bien, pensé à arrêter. «Ça m'a passé par l'esprit, avoue-t-il. À toutes les années, je me blesse. En physio, je me suis rendu compte que la guérison était plus lente; les mouvements de mon épaule étaient plus lents. Mais là, je n'ai plus de douleur; je n'ai pas de problème à faire tous mes sauts.»

 

Il a fallu quand même y mettre le temps pendant ce mois en Floride. «Surtout pour les trucs les plus difficiles, comme les flips. J'y suis allé étape par étape parce que la pire affaire, c'était de me blesser à nouveau. Là, je suis revenu à 95 %. Tu ne regagnes pas toutes ces années-là en deux ou trois semaines. Le secret, c'est de faire de la moto le plus possible, à tous les jours. Plus je roule, plus j'ai confiance, plus je me laisse aller», assure-t-il.

 

En mai, Milot a repris les spectacles, comme ceux qu'il donne à l'Expo jusqu'à dimanche. «C'est un des gros shows de la tournée. Quand ils m'ont contacté, ils m'ont demandé de faire quelque chose de différent, c'est motivant.»

Deux fois par jour, à 17 h et 20 h, Milot et sa bande se produisent devant le Colisée avec, en soirée, des effets pyrotechniques. Il veut profiter de chaque moment. «Je le sais que j'en suis à mes dernières années, deux ou trois ans encore. Je m'arrange pour qu'on s'amuse pour les années qui me restent, sans se blesser et en préparant mon après-carrière.»

 

Lundi après-midi, des rafales de vent l'ont incité à annuler la représentation. Les rafales de vent, il connaît ça; rappelez-vous de Louiseville, l'automne dernier. «Ça ne vaut pas le peine de prendre ces risques-là. Je suis rendu à une autre étape de ma carrière et je ne veux pas remettre en jeu tout ce que j'ai gagné. C'est déjà assez dangereux comme ça», reconnaît-il.

 

Venez voir Ben Milot atterrir. En douceur, si possible.

 


 

(fermer)