Pas si
lucratives, ces granules de résine ?
Une déclaration de RCM cause une onde de choc chez les
recycleurs
Yamachiche — Il y a quelques jours, le Groupe RCM, un recycleur
de Yamachiche, inaugurait en grandes pompes ses toutes nouvelles
machines permettant de produire des granules de résine à partir
de contenants multicouches et de pellicules de plastique.
Un des administrateurs du Groupe RCM, Jean-Guy Doucet, faisait
alors valoir que le prix de ces granules variait aux alentours
de 1200 $ la tonne.
Or, voici que des joueurs de l'industrie, soit
Gaudreault Environnement, Northern Plastic Lumber de
l'Ontario et Exxel Polymers, viennent mettre le holà à
cette déclaration.
Pour fabriquer des madriers de plastique recyclé, par
exemple, Northern Plastic Lumber achète du plastique
granulé de polyéthylène haute densité (HDPE) et de
polypropylène (PP). Le coût? Entre 55 $ et 180 $ la
tonne, en fonction des fluctuations du marché.
De leur côté, Gaudreault et Exxel Polymers affirment que
le prix du marché pour le HDPE fait à partir de matières
recyclées transformées en granules non lavées varie
entre 200 $ et 520 $ la tonne.
On est donc loin des 1200S la tonne, font valoir ces
entreprises.
Du côté de RCM, le directeur général, Michel Camirand,
explique que l'erreur vient de M. Doucet et croit que ce
dernier s'est tout simplement mêlé. «Le prix de la
résine vierge au moment où il a fait sa déclaration
était à 1,20 $ le kilo. Dans son enthousiasme, il a mêlé
les chiffres. Ça peut arriver chez un bénévole dans un
conseil d'administration», plaide Michel Camirand. «Je
ne me voyais pas passer le lendemain et dire: M. Doucet
s'est fourvoyé», plaide-t-il.
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Photo:Eve Guillemette
Michel camirand directeur général de
Récupération Mauricie. |
En effet, RCM, n'a jamais rectifié les déclarations de M.
Doucet.
Mais pour les autres recycleurs,ce chiffre lancé dans les
médias de 1200 $ la tonne n'est pas anodin. Il fait mal.
«Ce genre de déclaration nuit aux recycleurs qui doivent
rivaliser avec des prix non réalistes», plaident-t-il dans un
communiqué conjoint. «Certains centres de tri, ayant entendu
parler que les granules de plastique se vendraient 1200 $ la
tonne, exigent d'être davantage payés pour leurs matières
premières. N'obtenant pas gain de cause, ils attendent que
l'entreprise ayant avancé ces chiffres (RCM) démarre sa
production», racontent les recycleurs.
Ceci, disent-ils, a pour conséquence de «causer une accumulation
de matières premières non utilisées, d'engendrer un phénomène de
rareté et ainsi créer un marché illusoire».
Bien qu'il refuse aujourd'hui de dire à combien RCM avait évalué
le prix de sa résine au moment de réaliser son plan d'affaires,
le directeur général Michel Camirand avait alors déclaré, dans
une entrevue accordée au Nouvelliste le 24 novembre 2009, que le
plan d'affaires avait été conçu à partir d'un prix de 450 $ la
tonne.
Voilà qui semble beaucoup plus près de la réalité du marché,
malgré toutes ses fluctuations.
«Actuellement, notre premier acheteur serait prêt à nos offrir
700 $ la tonne», avait toutefois précisé M. Camirand au cours de
la même entrevue.
La texte, alors publié par Le Nouvelliste, avait été reproduit
sur le site web du Groupe RCM.
Dans une entrevue accordée au Nouvelliste, M. Camirand explique
que les banquiers voulaient des engagements à long terme dans le
plan d'affaires. M. Camirand estime que Gaudreault, en publiant
son communiqué de presse, «s'est placé dans une situation pour
améliorer sa position face à ses fournisseurs qui lui disent:
c'est toi qui fait de gros profits et face à ses clients qui lui
disent: tu me la vends trop cher». «Il y a en qui souhaitent
qu'on trébuche», croit M. Camirand.•