Le Nouvelliste 20-21 novembre 2010

 

Pas si lucratives, ces granules de résine ?
Une déclaration de RCM cause une onde de choc chez les recycleurs


Yamachiche — Il y a quelques jours, le Groupe RCM, un recycleur de Yamachiche, inaugurait en grandes pompes ses toutes nouvelles machines permettant de produire des granules de résine à partir de contenants multicouches et de pellicules de plastique.


Un des administrateurs du Groupe RCM, Jean-Guy Doucet, faisait alors valoir que le prix de ces granules variait aux alentours de 1200 $ la tonne.

 

Or, voici que des joueurs de l'industrie, soit Gaudreault Environnement, Northern Plastic Lumber de l'Ontario et Exxel Polymers, viennent mettre le holà à cette déclaration.


Pour fabriquer des madriers de plastique recyclé, par exemple, Northern Plastic Lumber achète du plastique granulé de polyéthylène haute densité (HDPE) et de polypropylène (PP). Le coût? Entre 55 $ et 180 $ la tonne, en fonction des fluctuations du marché.


De leur côté, Gaudreault et Exxel Polymers affirment que le prix du marché pour le HDPE fait à partir de matières recyclées transformées en granules non lavées varie entre 200 $ et 520 $ la tonne.

 

On est donc loin des 1200S la tonne, font valoir ces entreprises.


Du côté de RCM, le directeur général, Michel Camirand, explique que l'erreur vient de M. Doucet et croit que ce dernier s'est tout simplement mêlé. «Le prix de la résine vierge au moment où il a fait sa déclaration était à 1,20 $ le kilo. Dans son enthousiasme, il a mêlé les chiffres. Ça peut arriver chez un bénévole dans un conseil d'administration», plaide Michel Camirand. «Je ne me voyais pas passer le lendemain et dire: M. Doucet s'est fourvoyé», plaide-t-il.

 


Photo:Eve Guillemette
Michel camirand directeur général de Récupération Mauricie.

 

En effet, RCM, n'a jamais rectifié les déclarations de M. Doucet.

 

Mais pour les autres recycleurs,ce chiffre lancé dans les médias de 1200 $ la tonne n'est pas anodin. Il fait mal.


«Ce genre de déclaration nuit aux recycleurs qui doivent rivaliser avec des prix non réalistes», plaident-t-il dans un communiqué conjoint. «Certains centres de tri, ayant entendu parler que les granules de plastique se vendraient 1200 $ la tonne, exigent d'être davantage payés pour leurs matières premières. N'obtenant pas gain de cause, ils attendent que l'entreprise ayant avancé ces chiffres (RCM) démarre sa production», racontent les recycleurs.


Ceci, disent-ils, a pour conséquence de «causer une accumulation de matières premières non utilisées, d'engendrer un phénomène de rareté et ainsi créer un marché illusoire».


Bien qu'il refuse aujourd'hui de dire à combien RCM avait évalué le prix de sa résine au moment de réaliser son plan d'affaires, le directeur général Michel Camirand avait alors déclaré, dans une entrevue accordée au Nouvelliste le 24 novembre 2009, que le plan d'affaires avait été conçu à partir d'un prix de 450 $ la tonne.


Voilà qui semble beaucoup plus près de la réalité du marché, malgré toutes ses fluctuations.


«Actuellement, notre premier acheteur serait prêt à nos offrir 700 $ la tonne», avait toutefois précisé M. Camirand au cours de la même entrevue.


La texte, alors publié par Le Nouvelliste, avait été reproduit sur le site web du Groupe RCM.


Dans une entrevue accordée au Nouvelliste, M. Camirand explique que les banquiers voulaient des engagements à long terme dans le plan d'affaires. M. Camirand estime que Gaudreault, en publiant son communiqué de presse, «s'est placé dans une situation pour améliorer sa position face à ses fournisseurs qui lui disent: c'est toi qui fait de gros profits et face à ses clients qui lui disent: tu me la vends trop cher». «Il y a en qui souhaitent qu'on trébuche», croit M. Camirand.•

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