Le Nouvelliste 24-25 juillet 2010

ATRAHAN DE YAMACHICHE
Des amendes de plus
de 62 000 $ à payer
Des porcs n'étaient pas complètement insensibilisés
au moment de leur saignée

Claude Savary

Trois-Rivières — La compagnie de transformation alimentaire ATrahan de Yamachiche, spécialisée dans le traitement des viandes porcines, devra payer des amendes totalisant 62 000 $ plus les frais pour avoir commis des infractions répétées, entre les mois d'octobre 2007 et mai 2008, quant à certaines méthodes d'abattage de porcs.

Aucune de ces infractions n'a cependant mis en cause la salubrité et la qualité des viandes traitées, comme l'ont souligné les avocats au dossier. En fait, il s'agit davantage de méthodes de travail qui ont fait en sorte que certains animaux n'étaient pas complétement insensibilisés au moment de leur saignée.

Selon le juge Jean-François Dionne de la cour du Québec, il s'agit ici davantage d'une certaine forme de cruauté envers des animaux. Des modifications apportées par l'entreprise ont corrigé la situation de telle sorte que la compagnie ATrahan n'a plus aucune poursuite à son dossier depuis deux ans.

Cette compagnie deYamachiche, fondée en 1956, traite entre 17 000 et 19 000 porcs par semaine, selon Me Marc Simard, le procureur retenu par l'entreprise dans la présente affaire. Les infractions reprochées ont été commises quelques mois après un difficile conflit de travail. La reprise des activités, a expliqué Me Simard, a été compliquée par le fait de problèmes de logistique, de changement d'employés et de méthodes de travail.

Concrètement, l'ensemble des 26 chefs d'accusation pour lesquels la compagnie a admis sa culpabilité concernent l'utilisation du marteau percuteur, qui doit insensibiliser l'animal avant de procéder à son égorgement (saignée). Cet instrument était en mauvais état. Il est arrivé que certains porcs ayant subi une saignée soient accrochés à un rail alors qu'ils étaient encore conscients et se débattaient. Dans un cas, un porc a même sauté en bas de la table de travail après avoir été saigné.

Le travail de l'inspecteur fédéral et du vétérinaire a aussi été gêné à quelques reprises alors qu'après un arrêt de la chaîne d'abattage pour inspection, on a repris le travail sans en avoir reçu l'autorisation. Au cours de la période concernée, Me Pierre Gilbert, le procureur fédéral de la poursuite, a mentionné que la direction de l'entreprise n'avait apporté que peu d'attention aux rapports de l'inspecteur.

Selon Me Gilbert, la compagnie a vite compris que son agrément fédéral qui lui permet d'exporter ses produits de viande à travers le monde aurait pu souffrir d'une décote qui aurait nui à sa réputation. L'avocat a expliqué que les critères pour obtenir et garder ce statut sont très stricts.

Me Marc Simard a déclaré que la compagnie souhaitait tirer un trait sur cet épisode et maintenir son niveau d'excellence. Au départ, ATrahan faisait face à 68 chefs d'accusation mais au terme de nombreuses discussions, seuls 26 chefs ont été retenus. La compagnie a 90 jours pour acquitter les amendes totalisant 62 000 $ plus les frais.•

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