ATRAHAN DE
YAMACHICHE
Des amendes de plus
de 62 000 $ à payer
Des porcs
n'étaient pas complètement
insensibilisés
au moment de leur saignée
Claude
Savary
Trois-Rivières —
La compagnie de transformation
alimentaire ATrahan de Yamachiche,
spécialisée dans le traitement des
viandes porcines, devra payer des
amendes totalisant 62 000 $ plus les
frais pour avoir commis des
infractions répétées, entre les mois
d'octobre 2007 et mai 2008, quant à
certaines méthodes d'abattage de
porcs.
Aucune de ces infractions n'a
cependant mis en cause la salubrité
et la qualité des viandes traitées,
comme l'ont souligné les avocats au
dossier. En fait, il s'agit
davantage de méthodes de travail qui
ont fait en sorte que certains
animaux n'étaient pas complétement
insensibilisés au moment de leur
saignée.
Selon le juge Jean-François Dionne
de la cour du Québec, il s'agit ici
davantage d'une certaine forme de
cruauté envers des animaux. Des
modifications apportées par
l'entreprise ont corrigé la
situation de telle sorte que la
compagnie ATrahan n'a plus aucune
poursuite à son dossier depuis deux
ans.
Cette compagnie deYamachiche, fondée
en 1956, traite entre 17 000 et 19
000 porcs par semaine, selon Me Marc
Simard, le procureur retenu par
l'entreprise dans la présente
affaire. Les infractions reprochées
ont été commises quelques mois après
un difficile conflit de travail. La
reprise des activités, a expliqué Me
Simard, a été compliquée par le fait
de problèmes de logistique, de
changement d'employés et de méthodes
de travail.
Concrètement, l'ensemble des 26
chefs d'accusation pour lesquels la
compagnie a admis sa culpabilité
concernent l'utilisation du marteau
percuteur, qui doit insensibiliser
l'animal avant de procéder à son
égorgement (saignée). Cet instrument
était en mauvais état. Il est arrivé
que certains porcs ayant subi une
saignée soient accrochés à un rail
alors qu'ils étaient encore
conscients et se débattaient. Dans
un cas, un porc a même sauté en bas
de la table de travail après avoir
été saigné.
Le travail de l'inspecteur fédéral
et du vétérinaire a aussi été gêné à
quelques reprises alors qu'après un
arrêt de la chaîne d'abattage pour
inspection, on a repris le travail
sans en avoir reçu l'autorisation.
Au cours de la période concernée, Me
Pierre Gilbert, le procureur fédéral
de la poursuite, a mentionné que la
direction de l'entreprise n'avait
apporté que peu d'attention aux
rapports de l'inspecteur.
Selon Me Gilbert, la compagnie a
vite compris que son agrément
fédéral qui lui permet d'exporter
ses produits de viande à travers le
monde aurait pu souffrir d'une
décote qui aurait nui à sa
réputation. L'avocat a expliqué que
les critères pour obtenir et garder
ce statut sont très stricts.
Me Marc Simard a déclaré que la
compagnie souhaitait tirer un trait
sur cet épisode et maintenir son
niveau d'excellence. Au départ,
ATrahan faisait face à 68 chefs
d'accusation mais au terme de
nombreuses discussions, seuls 26
chefs ont été retenus. La compagnie
a 90 jours pour acquitter les
amendes totalisant 62 000 $ plus les
frais.•