Le Nouvelliste 25 novembre 2009

Percée majeure en recyclage

La nouvelle ligne de transformation pourra éventuellement accueillir les contenants de boisson jumelant plastique et carton (Tétra Pak) et les sacs de plastique de partout au Québec, voire du Canada.
Photo: Stéphane Lessard

Brigitte Trahan

(Yamachiche) Une percée majeure dans le monde du recyclage vient finalement régler plusieurs problèmes liés à la collecte sélective. Grâce à un procédé unique développé par le Groupe RCM d'Yamachiche, les sacs de plastique et les contenants multicouches (Tetra Pak), utilisés pour empaqueter le jus, le vin, les soupes et autres liquides, seront désormais transformés en une résine de plastique unique destinée à la conception de différents produits.

«C'est la première technique qui permet de recycler tout le contenant en bloc», signale Santiago Fourcades, directeur général du bureau canadien des ventes de Tetra Pak.

L'usine de valorisation des pellicules de plastique et emballages multicouches «est la seule au Canada et la première», se réjouit de son côté le président de Récupération Mauricie, Jean-Guy Doucet. Le projet, élaboré en collaboration avec le Centre de recherche industrielle du Québec, se chiffre à 3,5 millions $ et prendra son envol en mai 2010.

Le procédé consiste à réduire les emballages multicouches en petits morceaux et à les amalgamer aux pellicules de plastique à partir d'un procédé utilisant un mélangeur thermocinétique. Au bout du procédé, on retrouve des granules de résine d'un gris foncé de la grosseur de petits pois. La résine est l'élément de base de la fabrication du plastique.

Vierge, elle vaut 1500 $ la tonne. Il existe aussi de la résine faite à partir de contenants de polyéthylène de haute densité dont la valeur se situe autour de 1100 $ la tonne. La résine que produira RCM a été évaluée, dans le plan d'affaires du projet, à 450 $ la tonne. Mais déjà, «notre premier acheteur est prêt à nous offrir 700 $ la tonne», raconte le directeur général de RCM, Michel Camirand.

Le Groupe RCM prévoit vendre ce produit à différents acheteurs au Canada et aux États-Unis.

Pour la région, la nouvelle activité du récupérateur d'Yamachiche signifie 25 nouveaux emplois.

Pour les centres de tri du Québec, l'arrivée de ce nouveau joueur dans la transformation est une bonne nouvelle, car «c'est un débouché additionnel», signale M. Camirand et le prix de vente de cette matière pourrait augmenter à cause de l'offre et de la demande.

Avec ces granules de résine 100 % post-consommation les acheteurs pourront créer une foule de choses, des matériaux de construction en passant par les litières de chat et même des pots de fleurs car il est possible de les colorer, même en blanc. «Soit que les gens utilisent notre résine à 100 % ou utilisent notre résine à un pourcentage x dans un mélange qu'ils ont déjà ou dans une résine vierge», précise Gilles Cyr de Pak-Pro G. C. Consultant qui agit à titre de consultant dans ce projet pour RCM.

 

Investissement de 3,5 millions $

12 000 tonnes traitées d'ici 3 ans

- 25 nouveaux emplois à Yamachiche

- Aire de recyclage de 16 000 pieds carrés

- Début des travaux: novembre 2009

- Début de la production: mai 2010

- Usine unique au Canada

 

D'autres usines

Le Groupe RCM prévoit qu'éventuellement d'autres usines de traitement du même genre s'installeront en Ontario et en Colombie-Britannique et utiliseront cette technologie. «On devrait être la vitrine technologique et on a des droits sur cette technologie-là qui vont nous amener à développer d'autres entreprises ailleurs», raconte Jean-Guy Doucet.

Le projet de 3,5 millions $ a reçu l'appui financier de nombreux partenaires. Tetra Pak Canada y injecte 500 000 $, A. Lassonde inc., fabricant bien connu de jus en boites multicouches, participe au projet pour 100 000 $, de même qu'Agropur, division Natrel. Recyc-Québec contribue pour 300 000 $. Développement économique Canada a annoncé une contribution remboursable de 413 000 $.

Il ne sera pas nécessaire d'agrandir l'usine du Groupe RCM à Yamachiche pour faire la valorisation des pellicules de plastique et contenants multicouches. «On va agrandir de l'intérieur», explique le directeur général, Michel Camirand. Le projet prendra à lui seul un espace de 16 000 pieds carrés.

Les citoyens ne doivent donc plus hésiter à mettre leurs contenants multicouches et leurs sacs de plastique dans le bac bleu.

Les produits qui seront fabriqués à partir des granules de résine 100 % post-consommation du Groupe RCM seront eux aussi recyclables. Pour l'instant, on ne peut toutefois les identifier avec aucun des logos utilisés pour classer les différentes sortes de plastiques sur le marché (petit chiffre entouré de trois flèches en boucle indiquant le type de plastique auquel on a affaires).

Michel Camirand estime qu'il faudra sans doute en créer un exclusivement pour ces nouveaux produits.

Pour l'instant, RCM ne s'inquiète pas trop de la présence des sacs oxobiodégradables qui ont fait leur apparition sur le marché. Ces plastiques contiennent des agents qui les font dégrader rapidement par rapport aux pellicules normales. Pour l'instant, précise le président de Récupération Mauricie, Jean-Guy Doucet, ils ne sont pas en assez grand nombre pour  provoquer la dégradation des produits qui seront fabriqués à partir de la résine du Groupe  RCM, mais il ne nie pas qu'il faudra tôt ou tard examiner cette situation de plus près.