Le Nouvelliste 3 février 2009

De la lumière au bout du tunnel

De la lumière au bout du tunnel
Photo: Stéphane Lessard
Le président de Récupération Mauricie, Jean-Guy Doucet, en rencontre avec l'équipe éditoriale du Nouvelliste, hier après-midi.

Brigitte Trahan

(Trois-Rivières) La rencontre convoquée d'urgence, hier matin, par la ministre Line Beauchamp au centre de tri de Récupération Mauricie a finalement permis de voir de la lumière au bout du tunnel. Les nouvelles sont si bonnes que le directeur général, Michel Camirand, a pu annoncer en après-midi aux 160 employés des usines de Saint-Étienne-des-Grès et du Groupe RCM à Yamachiche que la fermeture annoncée depuis décembre pour le 28 février n'aura finalement pas lieu.

Les représentants de la ministre, ceux de Recyc-Québec, du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale et le député de Maskinongé, Jean-Paul Diamond, sont arrivés à cette rencontre de la dernière chance avec des alternatives en main et une oreille attentive. Plusieurs stratégies seront donc mises en place prochainement pour donner de l'oxygène à Récupération-Mauricie jusqu'à la fin de la crise.

Toutefois, rien ne sera donné tout cuit dans le bec.

C'est qu'une bonne part du sauvetage repose maintenant sur les épaules des municipalités de la région. Il faudra en effet convaincre les municipalités membres de la Régie de gestion des matières résiduelles de la Mauricie de voir passer la facture de la récupération de 25 $ à 47 $ la tonne, soit le même taux qu'elles paient actuellement pour l'enfouissement, a expliqué hier le président de Récupération Mauricie, Jean-Guy Doucet, à l'occasion d'une rencontre avec l'équipe éditoriale du Nouvelliste.

Redevances dues

Toutefois, l'effort demandé ne serait pas aussi important qu'il en paraît à première vue, estime-t-il. C'est qu'actuellement, l'organisme Éco Entreprises Québec engrange depuis 2007 des redevances qui lui sont versées par les générateurs de matières recyclables. Ces redevances appartiennent aux municipalités qui n'en ont toutefois pas encore vu la couleur. Il était question de leur remettre ces sommes en septembre prochain, mais à la lumière de la rencontre d'hier, des efforts seraient mis pour devancer la remise à juillet, explique M. Doucet. Or, pour la région 04, dit-il, cela représente 1 162 000 $ juste pour l'année 2007.

La valeur de ces redevances étant calculée en soustrayant le prix de vente à l'ensemble du coût du recyclage, Jean-Guy Doucet s'attend à des sommes encore plus intéressantes pour les municipalités pour l'année 2008, voire même astronomiques pour 2009.

Certes, reconnaît-il, les municipalités ont le droit de disposer de ces sommes pour réaliser les projets de leur choix. Toutefois, Jean-Guy Doucet veut les convaincre de s'en servir pour soutenir le service du recyclage.

Faire ses frais

Il en coûte actuellement 100 $ pour trier des matières récupérables au Québec et ce, pour tous les centres de tri. Or, si les municipalités de la région acceptent de payer 47 $ la tonne au lieu de 25 $ pour la récupération, cela s'ajouterait au prix de 20 $ que vaut actuellement une tonne de matières sur les marchés mondiaux. Ajoutez à cela les 18 $ de subventions à l'emploi reçus par le centre de tri pour ses employés handicapés ainsi que la nouvelle aide annoncée hier par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité et vous avez la recette pour sauver Récupération Mauricie de la fermeture, analyse Jean-Guy Doucet.

Certes, le centre de tri ne ferait pas de profits, mais au moins il ferait ses frais, plaide-t-il.

Avec l'argent qui dort chez Éco Entreprises Québec et les ristournes que reçoivent déjà les municipalités pour chaque tonne de matières qui n'est pas enfouie, Jean-Guy Doucet estime que les municipalités pourraient récupérer environ 38 % des 47 $ qu'on leur demande de fournir.

«On a senti un effort des gens qui étaient là (à la rencontre), soit le président de la Régie (Pierre Bouchard) et Pierre-A. Dupont de la Ville de Trois-Rivières. Ils vont faire les démarches nécessaires. Ils nous demandent du temps», dit-il. Jean-Guy Doucet se dit d'ailleurs intéressé à rencontrer lui même le maire Yves Lévesque à ce sujet. «Ça leur coûte meilleur marché de faire ça que n'importe quoi d'autre», estime-t-il.

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