Le Nouvelliste 30 juin 2008

Les maisons rouges reconnues comme site historique

Les maisons rouges reconnues comme site historique

Le gouvernement a finalement reconnu l'enfilade de maisons rouges de Yamachiche comme site historique,
Photo: Sylvain Mayer

Josiane Gagnon

Yamachiche

 

C'est maintenant chose faite. Après avoir annoncé son intention de reconnaître comme site historique l'enfilade de maisons de briques rouges situées dans le village de Yamachiche, il y a quelques mois, la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, Christine Saint-Pierre, est finalement passée de la parole aux actes.

 

En fin d'après-midi, vendredi, son Ministère a émis un communiqué confirmant ce nouveau classement accordé en vertu de la Loi sur les biens culturels.

«Cette suite de maisons forme un ensemble unique au Québec, reconnu par tous les spécialistes du patrimoine bâti. Situé au coeur du noyau villageois, il attire l'attention quand on circule sur l'ancien chemin du Roy à Yamachiche. Son classement permet également de reconnaître le travail d'ornementation, particulièrement intéressant, des architectes et entrepreneurs Joseph et Georges-Félix Héroux», déclare la ministre Saint-Pierre.

Joint samedi après-midi, le maire de Yamachiche, Michel Isabelle, n'était pas au courant de ce dénouement.

«Je peux dire que je suis déçu de ne pas en avoir été informé avant les médias, ou en même temps au moins. C'est un dossier qui date de plusieurs années et nous avons mis beaucoup d'énergie là-dedans. Il y a une façon de faire qui aurait été plus normale», considère-t-il.

Fier défenseur de ce projet, il a préféré réserver ses commentaires pour plus tard, le temps de prendre connaissances des détails.

Certains points restaient encore à déterminer, ajoute-t-il, comme la valeur des subventions qui seront accordées aux propriétaires de ces résidences, maintenant tenus de préserver l'apparence extérieure de leur propriété.

«Au début, c'était 25 % des coûts des rénovations qui étaient admissibles, mais nous étions en discussions pour obtenir 40 %», rapporte le maire Isabelle.

Le député adéquiste de Maskinongé, Jean Damphousse, qui représente les électeurs yamachichois, a suivi le dossier de près au cours des derniers mois.

Informé de la nouvelle par la ministre Saint-Pierre au moment de l'ajournement de l'Assemblée nationale pour l'été, le 20 juin, il n'en sait pas beaucoup plus, indique-t-il.

«Elle ne m'a pas donné de détails. Je trouve ça curieux que le maire Isabelle n'ait pas reçu plus d'informations que ça. Moi aussi, j'obtiens les informations à la miette au gouvernement», soutient-il.

Celui-ci se disait toutefois heureux de cette décision, qui assurera la conservation des maisons de briques rouges.

«Ça n'existe nulle part ailleurs, et c'est important que ce soit reconnu. Je félicite les gens de Yamachiche, car ils ont dû être patients.»

Parmi les propriétaires concernés, l'annonce n'a pas été accueillie avec le même enthousiasme partout, en fin de semaine.

Jean Lord et son épouse Claire, entre autres, se sont montrés surpris, car ils n'étaient pas au courant qu'une décision avait été prise.

Une simple lettre aurait pu éclaircir plusieurs de leurs interrogations, considèrent-ils.

«Le gouvernement a averti les médias. Pourquoi est-ce qu'il ne nous a pas avertis avant?», se demande M. Lord.

Habitant leur maison de la rue Sainte-Anne depuis 45 ans, le couple l'a entretenue avec soin.

M. Lord, qui effectue plusieurs travaux lui-même, se demande maintenant s'il sera obligé de recourir à un entrepreneur pour avoir droit aux subventions.
Jean Lord et son épouse Claire

Jean et Claire Lord sont fiers de leur maison qu'ils habitent depuis 45 ans.
Photo: Sylvain Mayer


Une de ses voisines, Pierrette Varin, se dit de son côté satisfaite du geste du gouvernement.


«Il y a des obligations à la suite de ça et c'est peut-être un peu épeurant, mais finalement, c'est une bonne chose. Ces maisons-là vont toujours rester comme elles sont là, et bien entretenues», se réjouit-elle.

Quant aux subventions qui devraient être accordées, elles sont nécessaires, estime-t-elle, car les matériaux qui permettent de conserver le cachet original sont souvent plus chers.•

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