Le Nouvelliste 4 février 2008

La grève évitée chez Duchesne et fils

 
Duchesne et fils de Yamachiche

Les syndiqués de Duchesne et fils ont accepté les dernières offres patronales, samedi, écartant du même coup la grève.
Photo: Sylvain Mayer

Josiane Gagnon
Trois-Rivières

Le spectre d'une grève qui planait sur l'entreprise Duchesne et fils de Yamachiche est maintenant écarté. Réunis en assemblée générale, samedi matin, les syndiqués ont voté à 76 % en faveur des dernières offres patronales. Sur les 130 travailleurs que compte le syndicat, 112 ont pris part au vote.

En acceptant ce nouveau contrat de travail, ils ont choisi de ne pas tenir compte des recommandations de leur exécutif syndical, qui se disait insatisfait de la proposition.

"Nous avons fait des avancées, mais ça ne comblait pas les attentes de l'exécutif. Il y avait des clauses normatives qu'on voulait régler, mais les travailleurs n'étaient pas prêts à faire le deuxième pas", commente le représentant national du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP-FTQ), Luc Deschênes.

Celui-ci fait référence, entre autres, au respect de l'ancienneté lors des mises à pied et des rappels ainsi qu'à une lettre d'entente signée avec la direction de l'entreprise lui donnant le droit d'importer des clous de la Chine.

"L'employeur dit que c'est pour être plus compétitif, et nous n'avons pas de difficulté à le croire. Mais nous aurions plutôt voulu être un partenaire là-dedans. Nous espérons qu'il n'en abusera pas et que ça ne prendra pas la forme d'un chèque en blanc."

Il y a deux semaines, les employés de Duchesne et fils avaient voté à 81 % en faveur d'un mandat de grève dans l'espoir de faire avancer les négociations.

Depuis, ils ont obtenu certains gains, rapporte M. Deschênes.

"Le point majeur de cette offre-ci par rapport à l'autre est au niveau du déplacement du travail. Avant, il pouvait y avoir un recul de quatre à cinq dollars de l'heure lors d'un changement de fonction. Présentement, c'est amoindri", explique-t-il.

Même s'il considère que cette convention comporte des lacunes, Luc Deschênes indique qu'il accepte le vote et qu'il continuera à représenter les travailleurs jusqu'à ce qu'elle se termine, dans cinq ans.

Avec la cinquantaine de mises à pied réalisées à l'automne à la suite de la baisse du carnet de commandes, M. Deschênes comprend que ses membres puissent être réticents à se lancer dans une grève.

À la sortie de l'assemblée générale, qui a duré plus de deux heures, les travailleurs rencontrés par Le Nouvelliste semblaient soulagés de ce dénouement.

"J'aime mieux travailler que de rester dehors sur un banc de neige. Après l'adoption de notre premier mandat de grève, nous avons eu pas mal de gains", se réjouit Laurent Trahan.

De son côté, Claude Bélisle préfère reprendre le chemin du boulot, même s'il est conscient que la nouvelle convention n'est pas parfaite.

"Certains points sont bons, d'autres non, mais on les changera plus tard. C'est peut-être le contexte économique qui a fait pencher la balance. Ces temps-ci, l'ouvrage est rare."

Insatisfait à la suite d'une rencontre avec les patrons de l'entreprise, mardi, le syndicat avait décidé d'utiliser le mandat de grève voté par les travailleurs il y a deux semaines.

Le débrayage a débuté samedi matin à 7 h. Comme l'offre de convention collective a finalement été acceptée, les syndiqués sont graduellement retournés au travail durant la journée.

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