Le Nouvelliste 9 janvier 2008

L'Aire faunique communautaire riposte

Brigitte Trahan

Louiseville

Louise Corriveau avait un peu envie de rire, hier, après avoir lu les déclarations du propriétaire de la pourvoirie Qui-Mauricie, Claude Desaulniers à savoir que les pourvoiries étaient menacées de fermeture par les règles de l'Aire faunique communautaire du lac Saint-Pierre (AFC).

"J'ai de la difficulté à comprendre ses propos, car il siège sur notre comité", explique la directrice de l'AFC.

 

Il est vrai que depuis l'entrée en vigueur de l'AFC, les pêcheurs sportifs ont droit de capturer 10 perchaudes, comme s'en plaint M. Desaulniers, mais leur quota n'était que de cinq perchaudes auparavant, rappelle-t-elle. Vue du lac St-Pierre
Photo: Stéphane Lessard


"De plus, les pêcheurs n'avaient droit de pratiquer leur sport que cinq jours par semaine alors que maintenant, ils peuvent le faire tous les jours", signale-t-elle.

Bref, l'AFC du lac Saint-Pierre a favorisé les pêcheurs sportifs, dit-elle.

"C'est vrai que s'ils vont de l'autre bord du pont, ils peuvent capturer 50 perchaudes, mais ceci n'est pas justifié, à notre avis. L'AFC est d'ailleurs en train de faire pression sur le ministère des Ressources naturelles et de la Faune pour changer cette situation, car les perchaudes qui sont de l'autre bord du pont viennent au lac Saint-Pierre", plaide-t-elle.


Toujours préoccupante?


Selon Mme Corriveau, la situation des perchaudes demeure préoccupante et les dernières études à ce sujet démontrent que leur population n'a toujours pas augmenté, dit-elle.

Le Nouvelliste a tenté d'obtenir confirmation de cette information auprès du professeur Pierre Magnan de l'UQTR, qui étudie la question depuis des années, mais ce dernier n'émettra de commentaires que d'ici la fin de la semaine.

C'est que, dans la foulée du rapport Thibeault, un tout nouveau comité vient d'être formé au sein duquel siègent l'AFC, le MRNF et l'UQTR afin de maintenir un suivi serré de la faune aquatique du lac Saint-Pierre.

Le professeur Magnan agit à titre de responsable scientifique de ce comité. Ce n'est que d'ici vendredi qu'une déclaration du comité devrait être formulée sur l'état actuel de la perchaude, dit-il.

Chose certaine, le professeur Magnan n'a guère apprécié les déclarations de M. Desaulniers, en particulier lorsqu'il dit que le gouvernement s'était engagé à diminuer la pêche commerciale et qu'il ne l'a pas fait.

Or, ceci est faux. Québec a effectivement racheté une vingtaine des 36 permis de pêche commerciaux en 2005 tout en réduisant de 38 % les débarquements de perchaudes dans le but de protéger la ressource.

Malgré cet effort et si l'on en croit les propos de Mme Corriveau, la ressource n'aurait pas encore pris le dessus.

Outre le suivi de la perchaude, Mme Corriveau ajoute qu'une des autres tâches du comité consistera à amorcer une étude sur le doré en 2008. "La pression de pêche sur le doré est énorme", dit-elle et sa situation n'est pas sans préoccuper aussi l'AFC, fait elle valoir.

Quant à la tarification familiale de 12 $ par année, Mme Corriveau soutient qu'aucun pourvoyeur n'a porté plainte à ce sujet, l'an dernier, alors que l'AFC était entrée en vigueur le 1er janvier 2007.

"Nous avons rencontré les pourvoyeurs à la fin de la saison (hiver 2006-2007) et le seul reproche qu'on avait eu à ce moment-là, c'est que le formulaire à remplir pour faire payer les 12 $ par saison ou les 3 $ par jour était trop long. Nous avons remplacé celui-ci par une carte à poinçon plus rapide à utiliser depuis", dit-elle.

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