Ça parle au Diable 30 juin 2007

Une ferme sans terre

Après avoir parcouru le Québec des dizaines et des dizaines de fois au cours des dernières années à exercer son métier de « trimmer » qui consiste à rendre les vaches esthétiquement attrayantes lors d'exposition ou en cas de vente, Normand Isabelle a concrétisé son rêve de devenir producteur laitier le 4 juin dernier alors qu'il a fait pour la première fois la traite de son propre troupeau composé aujourd'hui d'une quinzaine de bêtes.

Il lui en aura fallu de la salive pour réussir à convaincre la Commission de production du territoire agricole du bien fondé de sa demande qui consistait à acheter une ferme sans terre.

Depuis 7 ans détenteur d'un diplôme en gestion et exploitation de ferme, Normand Isabelle a vite réalisé que le coût d'achat d'une ferme laitière devenait tout à fait prohibitif s'il fallait en plus de l'achat de quota, investir massivement en terre pour pâturage comme en équipement spécialisé.

Fort de l'appui du paternel, Normand s'est alors mis à la recherche d'une ferme.

Le hasard faisait bien les choses, c'est à Yamachiche qu'il a trouvé tout ce qu'il cherchait : une maison, une étable, un garage et deux petits lopins de terre pour sécuriser un tant soit peu son approvisionnement en foin.

M. Michel Pellerin, le vendeur de la ferme qui avait fait encan quelques mois plus tôt et qui, comble de bonheur, avait déjà loué toutes ses terres, se révéla pour Normand un collaborateur de première importance très au fait de la difficulté pour la relève agricole de s'implanter.

Après de multiples rencontres avec les responsables affectés au crédit et au zonage agricole, il a alors eu le feu vert pour mettre son nouveau projet de vie en marche. Prêt agricole en poche, il a ainsi pu procéder à l'achat de quota qui, Dieu soit loué, était de
 33 000$ à 24 990$ le kilo en quelques mois à peine.

Tout ce qu'il restait maintenant à faire était de rééquiper l'étable en système de traite laitière, buvette et système de nettoyage. Ce qui fut fait sans délais.

« Depuis 10 ans, c'est plus de 2000 fermes qui ont disparu du paysage québécois. C'est sûr que le coût d'acquisition astronomique de la ferme, de la terre et de la machinerie est la principale raison de cet état de choses. » nous disait Normand.

C'est sans trop de dettes ni de stress que ce fils de Yamachiche s'est assuré pour les années à venir d'un revenu constant avec la vente de lait dont le prix est régi et réglementé.
Il ne lui reste plus qu'à maximiser ses installations qui peuvent facilement abriter jusqu'à 40 bêtes.

Normand a bon espoir de se qualifier pour la subvention à l'établissement qui servira à l'achat de quota et à la construction d'une grange.

Fort de l'appui de sa conjointe Stéphanie Bérubé, de sa famille, de son conseiller financier, du C.L.D et de quelques bons fournisseurs, le rêve de Normand se matérialise toujours un peu plus chaque jour.

« Small is beautiful » écrivait Alvin Toffler il y a 30 ans dans un livre qui allait bouleverser la pensée économique d'alors. »

Force est d'admettre que la façon de faire de Normand Isabelle pourrait bien transformer la façon de faire l'agriculture dans les années peut-être pas si lointaines.

André Lamy

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