Le Nouvelliste 16 avril 2007
Les grévistes ont voté samedi en
faveur de l'entente de principe conclue la semaine dernière.
Photo: Sylvain Mayer
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ATRAHAN TRANSFORMATION
Retour au travail
jeudi
Josiane Gagnon
Yamachiche
C'est maintenant officiel: la grève est
terminée chez ATRAHAN Transformation de Yamachiche. Samedi matin,
les syndiqués ont approuvé à 87% l'entente de principe intervenue la
semaine dernière avec la direction de l'entreprise.
Cent soixante-seize des 200 employés de l'usine
étaient présents pour l'assemblée, qui a duré près de cinq heures au
sous-sol de l'église yamachichoise. Parmi eux, 153 ont voté en
faveur du nouveau contrat de travail, 22 l'ont rejeté et un bulletin
a été invalidé. Selon le protocole de retour, les employés
rentreront graduellement au travail dès jeudi.
Quelques minutes après l'annonce des résultats, le conseiller
syndical des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce
(TUAC), Yves Dupont, se disait satisfait. "Il fallait rectifier le
tir et on l'a fait. Ça a pris six mois, mais c'était le prix à
payer. Tous les objectifs qui avaient été fixés au début ont été
atteints", maintient-il.
Au cours des négociations, toutes les mesures disciplinaires et
griefs en suspens ont été réglés, ce qui permet aux deux partis de
repartir sur de nouvelles bases, ajoute M. Dupont.
La nouvelle convention collective acceptée par les
travailleurs est d'une durée de six ans et demi, soit jusqu'à
septembre 2013. "En principe, nous ne sommes pas friands de
conventions de six ans, mais dans le contexte, avec l'entente
générale qu'on avait, c'était excellent, et nous sommes capables de
vivre avec ça", explique Yves Dupont.
Tout au long du processus, la reconnaissance syndicale et la
surveillance des employés se sont retrouvées au coeur des litiges.
"C'était un dossier particulier. Ce n'est pas un combat qu'on voit
tous les jours. On part vraiment d'un autre monde et d'une autre
façon de faire", analyse le président du local 1991-P des TUAC,
Mario Maisonneuve.
Dorénavant, les travailleurs n'auront plus à poinçonner avant de se
rendre aux toilettes, comme ils devaient le faire auparavant. Les
caméras dans les vestiaires et à la cafétéria seront retirées, et
aucune ne pourra être dirigée spécifiquement vers eux. La direction
de l'entreprise a également consenti des libérations syndicales, en
plus de permettre aux délégués de siéger sur différents comités,
comme celui sur la santé et la sécurité.
Côté salaires, les employés actuels seront maintenant tous payés au
maximum de l'échelle, une mesure qui augmentera d'un ou deux dollars
le taux horaire d'une soixantaine de personnes. De plus, tous les
travailleurs auront droit à une hausse de 0,30 $ de l'heure.
Au cours des six prochaines années, ils toucheront des augmentations
graduelles de 1,05 $ de l'heure. L'employeur a également accepté de
payer pour des assurances-dentaire.
Tout cela est assez satisfaisant, considère Yves Dupont, surtout en
considérant la crise vécue dans l'industrie du porc et les baisses
de salaires qu'ont connues certains de leurs collègues dernièrement.
"Une rare solidarité"
Au moment de tourner la page sur ce conflit de
travail, Mario Maisonneuve dresse un portrait flatteur des
grévistes. "Ça n'a pas été une grève sauvage. Ils n'ont jamais rien
brisé. Au bout de six mois, plusieurs autres groupes auraient été
beaucoup plus indisciplinés. Ces gens-là ont développé une
solidarité qu'on voit rarement."
Évidemment, la décision des travailleurs a été accueillie avec grand
soulagement samedi par le maire de Yamachiche, Michel Isabelle.
"C'est une bonne nouvelle. Nous attendions ça avec impatience",
admet-il.
Dans la petite municipalité de 2683 âmes, plusieurs travaillent chez
ATRAHAN, et tout le monde a un frère, un voisin ou un ami qui était
touché par le conflit, mentionne-t-il. |