Le Nouvelliste 24 février 2007

«Ça n'a rien donné»

Marie-Eve Lafontaine
marie-eve.lafontaine@lenouvelliste.gc.ca

Yamachiche — Alors que depuis deux jours, la famille de Philippe Lajoie se débrouillait seule avec des bénévoles pour poursuivre les recherches, elle a été surprise, hier, de voir les policiers de la Sûreté du Québec débarquer et surtout de constater l'ampleur de l'effectif déployé.

Mais si leur arrivée a suscité bien de l'espoir, le fait qu'ils soient repartis bredouilles a bouleversé la famille. «Ça n'a rien donné. Ils disent que les probabilités qu'il soit là sont presque nulles. On est déçu, mais on garde encore espoir qu'il soit retrouvé», affirme M. André Lajoie, oncle de Philippe.

L'espoir qu'il soit retrouvé vivant était déjà mince, mais il s'amenuise encore davantage au fil des jours. «Il faudrait croire au miracle», confie M. Lajoie. «Qu'il soit mort ou vivant, il faut qu'on le retrouve pour qu'on puisse vivre notre deuil et avoir une réponse à nos questions», ajoute M. Paul Allard, oncle du jeune homme.

La famille espérait beaucoup que les policiers, qui étaient nombreux et bien organisés, allaient finalement mettre un terme à leur incertitude aussi interminable que douloureuse. «C'est sûr que c'est des professionnels. On se disait qu'ils avaient peut-être une piste qu'on ne savait pas. C'est décevant», déplore M. Lajoie.


Philippe Lajoie

Quant à savoir si la famille va reprendre les recherches à court ou moyen terme, M. Lajoie ne s'est pas prononcé, hier, mais tellement d'efforts ont déjà été fournis, qu'il ne voit pas ce qui pourrait être fait de plus. «Tout a déjà été fouillé à cet endroit. On ne peut pas ratisser toute la province du Québec.»

D'ailleurs, certaines personnes doutaient dès le matin des chances de succès des policiers puisqu'ils repassaient pour une énième fois aux mêmes endroits. «Ils savent peut-être quelque chose qu'on ne sait pas ou peut-être qu'ils n'avaient pas fouillé partout et ils ont décidé de revenir. Mais c'est sûr que tant qu'ils ne l'ont pas trouvé, il faut que quelqu'un continue de le chercher», affirme M. Gilles Héroux, un ami de la famille.

Comme plusieurs, ce dernier croit de moins en moins possible que Philippe Lajoie repose près de la porcherie puisque l'endroit a été passé au peigne fin à maintes reprises. «Ça fait trois ou quatre fois qu'on fouille. S'ils ne l'ont pas encore trouvé aujourd'hui (hier), c'est parce qu'il n'est pas ici. Il va falloir qu'ils le cherchent ailleurs.»

Bien que la famille avait annoncé, jeudi, qu'elle suspendait les recherches et que les policiers de la Sûreté du Québec n'avait pas prévenu les médias qu'elle allait reprendre son opération de ratissage, une dizaine de bénévoles, dont trois membres de Québec Secours du district de la Mauricie, se sont quand même présentés sur place, hier. Les policiers, qui avaient érigé un très large périmètre qui empêchait les gens de s'approcher de la porcherie, ont toutefois attendu l'après-midi avant de leur permettre de participer à cette opération.

L'un de ces bénévoles est même descendu de Montréal. Il a été touché par l'histoire de cette famille puisque lui-même a vécu une situation similaire, il y a quelques années. Son beau-frère, l'antiquaire Étienne Therrien de Prévost, avait été assassiné en mars 1997 et retrouvé seulement en juillet de la même année. «On l'avait tellement cherché. Beaucoup de monde était venu nous aider», raconte M. Richard Lafontaine. Il comprend l'angoisse vécue par les proches de Philippe Lajoie. «C'est l'enfer. C'est très difficile de vivre dans une incertitude constante. Je trouve ça triste pour cette famille.».

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