Le Nouvelliste 5 février 2007

 

Un nouveau tarif qui indigne les pêcheurs

L'Aire faunique communautaire
du lac Saint-Pierre ne fait pas l'unanimité

Josiane Gagnon
Trois-Rivières

En vigueur depuis le 1er janvier, le tarif exigé aux pêcheurs sportifs du lac Saint-Pierre pour la nouvelle Aire faunique communautaire (AFC) est loin de faire l'unanimité sur la glace.

À la pourvoirie Qui-Maur-Icie de Yamachiche, samedi, les amateurs de pêche blanche étaient très nombreux à s'indigner des 12 $ qu'ils doivent payer pour la saison afin d'obtenir l'autorisation de descendre leurs lignes. Pour les visiteurs d'une journée, le coût est de 3 $. "Nous devons déjà payer notre permis de pêche. Nous en avons assez de toujours payer", lance René Bellerive.

Pour plusieurs, cette somme, ajoutée aux autres frais comme le chauffage de la cabane et l'accès au site, est de trop. Selon le propriétaire de Qui-Maur-Icie, Claude Desaulniers, qui installe et gère 150 cabanes, le nombre de visiteurs a baissé de 10 % par rapport à l'an dernier, et ce nouveau coût en serait la cause.

Même certains habitués remettent leur passe-temps en question. "J'ai une cabane qui dort en haut, sur la terre ferme. Je ne la descends plus, car je suis tanné des frais, et je ne veux pas payer", explique Emmanuel Noël.

Aussi propriétaire d'un petit chalet, Jocelyn Renière pourrait prendre la même décision l'an prochain. «Nous venons ici pour nous reposer, et ils nous achalent toujours avec des augmentations», déplore-t-il.

Par ailleurs, plusieurs propriétaires de cabanes se questionnent sur l'utilisation des sommes d'argent amassées par l'AFC. «Si c'était un lac fermé, on se dirait qu'au moins, ils pourraient faire de l'ensemencement avec cet argent-là. Mais là, je ne vois pas à quoi ça sert», commente Jack
Durand.


Le nouveau tarif imposé aux pêcheurs pour l'Aire faunique communautaire du Lac Saint-Pierre ne fait pas l'unanimité sur la glace.
Photo: Sylvain Mayer, archives.

Claude Desaulniers se montre lui aussi très sceptique. Il serait toutefois prêt à reconnaître l'utilité de l'AFC si ses actions menaient réellement à l'augmentation de la qualité de la pêche sportive. Et cela passe par l'interdiction de la pêche commerciale durant la période de frai, en avril et en mai, affirme-t-il. «S'ils réussissaient à obtenir ça, tout le monde paierait sa cotisation sans rien dire.»

L'autre problème, signale le propriétaire du Domaine du lac-Saint-Pierre, à Louiseville, René Béland, c'est que l'AFC exige énormément de paperasse. «Nous recevons beaucoup de visiteurs, mais chaque fois, en plus de leur expliquer ce qu'est la pêche blanche, nous devons leur faire remplir des papiers et leur dire pourquoi ils paient un tarif supplémentaire.»

Tout en admettant devoir composer avec l'AFC un peu malgré lui, René Béland se dit prêt à laisser la chance au coureur. «Ça devra faire ses preuves. Peut-être que ça nous donnera une représentativité auprès du gouvernement et que ça aura un impact là où ça compte afin d'améliorer la pêche, entre autres en limitant la pêche commerciale durant la frai.»

Associée au Comité ZIP du lac Saint-Pierre, l'AFC est une corporation à but non lucratif chargée de gérer la pêche sportive. Son mandat lui a été confié par la Société de la faune et des parcs du Québec.•

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