Le Nouvelliste 26 janvier 2007

«La situation est dramatique»

Les producteurs de porcs vont demander l'imposition des conditions de travail


Rollande Parent
Presse canadienne

Montréal — La Fédération des producteurs de porcs estime que ses membres ont été suffisamment patients. Si les fermetures d'usines d'abattage se confirment — notamment celle d'Olymel à Vallée-Jonction — en raison des négociations salariales qui piétinent, elle demandera au gouvernement d'imposer les conditions de travail pour répondre à une urgence nationale.

 
Le président de l'Union des producteurs agricoles du Québec, Laurent Pellerin, a évoqué cette possibilité, hier en conférence de presse.

«Si les conflits s'éternisent et que, dimanche soir, on annonce la fermeture de Vallée-Jonction, il va peut-être falloir que le gouvernement envisage de décréter des conditions transitoires de travail. On a déjà parlé au ministre de l'Agriculture et au ministre du Travail», a déclaré M. Pellerin.

«On ne peut pas vivre avec la disparition de 43 pour cent de capacité d'abattage au Québec», a soutenu M. Pellerin après avoir rappelé que l'usine de Vallée-Jonction, en Beauce, traite 20 pour cent de la production porcine, tandis que les usines de Saint Valérien et de A. Trahan, à Yamachiche, en abattent ensemble quelque 20 pour cent.


Depuis la mi-décembre, 25 000 à 30 000 porcs sont en attente d'abattage à chaque semaine.
PHOTO LA PRESSE

La direction d'Olymel demande des concessions salariales de 30 pour cent à ses 1200 employés de son usine de Vallée-Jonction, mais les travailleurs syndiqués ont rejeté cette demande dans une proportion de 99 pour cent. Aux prises avec des difficultés financières, Olymel affirme avoir besoin de telles concessions pour abaisser ses coûts, à défaut de quoi elle fermera l'usine à la fin du mois.

Olymel envisage aussi de fermer à la fin du mois de mars l'usine de Saint Valérien. À Yamachiche, l'usine A. Trahan ne fonctionne pas en raison d'un conflit de travail qui perdure.

«On va peut-être aller jusqu'à demander au ministre du Travail d'intervenir parce que le médiateur qu'il a nommé ne semble pas avancer vite. À un moment donné, il y aurait une urgence nationale. Ces porcs-là, on ne peut pas les empiler dans les bâtiments indéfiniment», a fait valoir le président de l'UPA.

«La situation est dramatique. On assistera d'ici peu à l'effondrement de la filière porcine québécoise et à tout un cortège de faillites chez les producteurs de porcs du Québec, sans compter l'impact désastreux sur les emplois en région», a-t-il ajouté.

Pour l'heure, la Fédération des producteurs de porcs a négocié des ententes pour faire abattre des porcs dans des usines ontariennes et dans les Maritimes, les fins de semaine. Des discussions sont en cours pour qu'une certaine quantité de porcs soient abattus dans d'autres usines québécoises.

Le président de la Fédération des producteurs de porcs du Québec, Claude Corbeil, s'attend à ce que la direction de ces usines réclame de signer des ententes en bonne et due forme. «Ces ententes seront irréversibles et de longue durée», a-t-il averti.

Le temps presse. Depuis la mi-décembre, 25 000 à 30 000 porcs sont en attente d'abattage à chaque semaine. «L'heure est grave et nous ne pouvons plus attendre pour sauver notre production», a dit M. Corbeil.

«On demande aux gens d'être raisonnables et de négocier pour arriver à une entente. Si notre appel à la raison ne suffit pas, nous demanderons au gouvernement de s'en mêler et de faire comprendre aux parties l'importance des enjeux, soit 28 000 emplois et des revenus annuels de 3,1 milliards $», a-t-il ajouté.•

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