Le Nouvelliste 11 octobre 2006

«Ils ont mis tant de temps à arriver»

La mère d'Alexandra Guimond

Paule
Vermot-Desroches
paule.vermot-desroches@lenouvelliste.qc.ca

Yamachiche — Il était 19 h 24, vendredi soir dernier, lorsque la jeune Alexandra Guimond a téléphoné à sa mère pour lui dire qu'elle se trouvait à quelques minutes de la maison et qu'elle s'en venait. Dans les secondes qui ont suivi, Alexandra, 15 ans, a été heurtée à mort par un automobiliste qui, selon les témoins, roulait à très haute vitesse.

Toujours très ébranlée par les événements, la mère d'Alexandra, Pauline Laverrière, déplore aujourd'hui que les
 

«Est-ce qu'elle était encore vivante?
Est-ce qu'on aurait pu la sauver?
Je n'en sais rien, je ne suis pas médecin»

ambulanciers ne soient pas arrivés plus rapidement sur les lieux. «Je dirais que ça a pris une bonne demi-heure avant qu'ils arrivent. Elle m'a appelé à 19 h 24. L'accident est donc arrivé entre 19 h 24 et 19 h 26. Ils ont mis tellement de temps à arriver», a-t-elle raconté au Nouvelliste, hier soir.

«Quand j'ai vu qu'elle n'arrivait pas, j'ai commencé à penser que quelque chose s'était produit. Je l'ai rappelée deux fois sur son cellulaire et ça ne répondait pas. Je suis partie à sa recherche», se souvient-elle. C'est là que la mère est arrivée sur les lieux de l'accident et a trouvé sa fille couchée sur le côté de la route. Les témoins de la scène avaient pris la jeune Alexandra, qui était restée coincée dans le pare-brise de l'automobile, pour la déposer en bordure de la route avant que Mme Laverrière n'arrive sur place.
«Je criais à tout le monde d'appeler les ambulances. Je ne comprenais pas pourquoi elles n'étaient pas arrivées. Ma fille était encore chaude. Est-ce qu'elle était encore vivante? Est-ce qu'on aurait pu la sauver? Je n'en sais rien, je ne suis pas médecin», explique la maman qui dit ne pas accepter de devoir vivre avec cette question. «C'est toujours le doute. J'aurais aimé ne pas avoir à connaître cela, mais je vais vivre le reste de ma vie dans le doute», a-t-elle soupiré.

Selon ce que Mme Laverrière a appris, les ambulanciers se seraient trompés de chemin en se rendant sur les lieux de l'accident, ce qui expliquerait leur retard. La dame a également raconté que, dans l'ambulance qui la transportait vers le CHRTR pour traiter un choc nerveux, l'ambulancière n'arrivait pas à faire fonctionner sa radio afin de communiquer avec l'hôpital.


PHOTO .STEPHANE LESSARD
Pauline Laverrière ne comprend pas pourquoi elle a dû attendre aussi longtemps avant de voir les ambulances arriver sur les lieux de l'accident qui a tué sa fille, vendredi soir.

Ces informations n'ont cependant pas été confirmées, puisqu'il nous a été impossible hier après-midi de joindre le directeur des opérations de la Coopérative des ambulanciers de la Mauricie.

«Je ne suis pas retournée sur les lieux de l'accident vendredi soir. Je suis sortie de l'hôpital pour me rendre dans un autre hôpital. Ma fille se trouvait à Louiseville et je voulais être près d'elle. On ne me disait pas qu'elle était morte, on me disait simplement qu'on s'occupait d'elle», mentionne la maman, qui se doutait bien que le pire s'était produit.

Vitesse
«L'homme qui a tué ma fille, ça a pris 300 pieds avant qu'il réussisse à freiner», indique Pauline Laverrière, qui a elle même vu les traces de freinage sur la chaussée. «Il a dépassé une voiture, alors qu'il n'avait pas le droit de le faire sur cette route. L'automobiliste qui s'est fait dépasser a tout vu. Le gars devait rouler au moins à 130 km/h», ajoute la mère d'Alexandra.

À l'heure où l'accident est survenu, il y avait encore de la clarté à l'extérieur, a remarqué Mme Laverrière. Selon elle, l'automobiliste aurait eu suffisamment le temps de voir sa fille pour l'éviter s'il avait roulé à une vitesse normale. «C'est 80 la limite ici. Mais ça roule toujours au moins à 100 ou même 110. Dans le passé, les voisins et moi avions déjà avisé un policier qui se trouvait sur le bord de la route qu'il serait bon de faire plus de surveillance. L'homme nous avait simplement répondu que les policiers n'avaient pas le temps», se souvient-elle.

Maintenant, c'est une réglementation beaucoup plus sévère que la mère réclame concernant la limite de vitesse dans cette zone. «Encore ce soir (hier), les gens continuent de rouler en fou. Ça va prendre quoi?», se demande-t-elle. Pour le moment, aucune accusation n'a encore été déposée contre le jeune homme qui a heurté Alexandra. L'enquête est toujours en cours. Mais le temps est très long pour Pauline Laverrière et les siens. «Je dois faire mon deuil et là, je ne peux pas parce que l'enquête n'est pas finie», a-t-elle lancé..  

_____________________________

(CLIQUEZ ICI POUR FERMER LA FENÊTRE)