Le Nouvelliste 30 octobre 2006

«Tout ce que nous demandons, c'est du respect»

Une centaine de personnes ont manifesté hier à Yamachiche pour dénoncer
le déroulement des négociations chez ATRAHAN


Josiane Gagnon
josiane.gagnon@lenouvelliste.qc.ca

Yamachiche — Plus d'une centaine de personnes ont bravé la pluie et le froid hier à Yamachiche pour manifester contre le déroulement des négociations chez ATRAHAN Transformation. Jeudi dernier, les 200 travailleurs de l'usine ont entamé leur quatrième semaine de grève, et aucune séance de négociation n'est prévue pour l'instant.

Le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Henri Massé, a tenu à se déplacer pour appuyer les syndiqués. «Il n'y a pas beaucoup de grèves présentement au Québec, et c'est important de ne pas en perdre une», déclare-t-il.

Les travailleurs sont prêts à aller jusqu'au bout, si l'on en croit Yves Dupont, conseiller syndical des Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce, local 1991-P (TUACFTQ). «Le message que nous voulons envoyer aujourd'hui, c'est que nous sommes solidaires. Nous espérons que la direction accepte de négocier de bonne foi et qu'elle fasse une réflexion après la manifestation.»

Jusqu'ici, la question salariale n'a pas encore été abordée dans les négociations. Les clauses normatives ont suffi à elles seules à convaincre les syndiqués de débrayer. «M. Trahan veut maintenir le contrôle sur les travailleurs, mais nous ne laisserons pas faire ça», poursuit le conseiller syndical.


PHOTO: SYLVAIN MAYER
Une centaine de personnes ont bravé la pluie et le froid hier pour exprimer leur mécontentement à la direction d'ATRAHAN.

 Sur les pancartes plastifiées de même que dans les discours, hier, les patrons de l'entreprise ont été qualifiés à plusieurs reprises de «dictateurs». Les caméras installées pour filmer les employés, selon le syndicat, ainsi que les nombreuses mesures disciplinaires — il y a eu 560 jours de suspension durant l'année — ont contribué à créer un véritable «régime de terreur», considèrent les travailleurs.

«Un employé est déjà arrivé avec 39 secondes de retard un 22 décembre et on lui a coupé ses trois jours fériés. C'est un cas vécu, et il n'y en pas seulement un», raconte Jannick Vallières, membre du comité de négociations.

«Tout ce que nous demandons, c'est du respect», ajoute Yannick Auger, aussi membre du comité.

Selon Henri Massé, la famille Trahan ne semble pas accepter qu'il y ait un syndicat dans son entreprise. «Obliger ses travailleurs à poinçonner avant d'aller aux toilettes, c'est rare qu'on voit ça en 2005», soutient M. Massé.

Plusieurs travailleurs membres des TUAC-FTQ se sont déplacés hier pour manifester en compagnie des grévistes. Richard Lacombe, employé chez Olymel à Saint-Esprit, croit que les employés d'ATRAHAN sont victimes d'abus de la part de leurs patrons. «Il faut dénoncer ça absolument», lance-t-il.

À l'abattoir Colbex, de Saint-Cyrille-de-Wendover, la convention collective des employés arrivera à échéance dans quelques mois. Pour Pascal Lussier, qui y travaille, il est inacceptable que les propriétaires d'ATRAHAN ne mette pas un peu d'eau dans leur vin pour négocier. «Il faut que ça arrête», tranche-t-il.

Le moral est très bon, confirme Jannick Vallières. «Quelqu'un a inscrit sur sa pancarte "joyeux Noël, joyeuses Pâques et bonne Saint-Jean", ça montre que nous sommes prêts à nous battre longtemps>.

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