Le Nouvelliste 5 septembre 2006

OPINIONS

L'exemple d'un échec

À Yamachiche, en 2004, le Comité de la sauvegarde a tenté de préserver l'intégrité de la grande place du village en face de l'église. Mal lui en prit; malgré une pétition contre le projet, malgré un sondage démontrant que plus de 75 % de la population ne voulait pas de la construction de la Caisse Desjardins dans le stationnement de l'église, malgré plusieurs tentatives de dialogue constructif, jamais il n'a été possible d'établir le canal de coopération attendu de la part de nos élites dirigeantes.

Les réponses furent toujours les mêmes : «Il est trop tard, vous n'avez aucun droit, tout a été décidé selon les règles par les autorités». Certaines d'entre elles avaient même averti les gens du Comité que nous aurions besoin d'une injonction interlocutoire pour réussir à empêcher l'édification de l'entreprise bancaire sur les terrains historiques du patrimoine villageois.

Cependant, grâce à la persévérance et la bonté de certaines gens, la direction de la Fabrique accepta finalement un moratoire d'un an sur le projet. Malheureusement, le conseil d'administration de la Caisse refusa ce moratoire, et décida malgré tout d'aller de l'avant avec sa construction.

L'échec du Comité pour sauver son patrimoine doit s'expliquer principalement sous 3 volets : 1-Le refus des personnes en autorité d'établir un dialogue et une écoute constructive avec les gens du Comité de la Sauvegarde. 2- Le refus du Comité de la Sauvegarde de jouer la «guerre» légale en demandant à des avocats de répondre à «l'intimidation interlocutoire». 3- La difficulté à faire accepter la conservation de l'environnement (quel qu'il soit) par les promoteurs avides d'intérêts privés.


PHOTO: STÉPHANE LESSARD
La construction de la nouvelle Caisse populaire sur les terrains de l'église de Yamachiche doit inspirer ceux qui luttent pour la sauvegarde du Boisé des Plateaux.

Chacun de ces volets aura connu toutes sortes de bonnes raisons; cependant, le résultat d'aujourd'hui n'est rien de moins qu'une réelle et vraie destruction de l'environnement patrimonial du village de Yamachiche : aujourd'hui, une réelle pollution visuelle désenchante la grande place du village de Yamachiche.

Peut-on apprendre de nos erreurs du passé? Il le faudrait.

Le Comité de sauvegarde du Boisé des Plateaux semble être, lui, sur la bonne voie: la «guerre» légale a été acceptée et soutenue financièrement par les gens du quartier.

Maintenant, il serait nécessaire que la population du grand Trois-Rivières soutienne le comité, s'il le demandait.

La proposition du député Gabias serait une avenue de sortie honorable et adéquate, c'est-à-dire une solution du moindre mal pour tous. Avec un peu de bonne volonté, ça pourrait sonner la fin de cette querelle historique, et permettre à tous de passer à d'autres choses de plus bénéfiques pour l'ensemble de la population de Trois-Rivières.

À Yamachiche, il est trop tard, mais à Trois-Rivières le boisé est toujours en vie. Si l'histoire pouvait nous enseigner pour une fois...
Et pourquoi pas un vrai dialogue pour la paix et la prospérité?


François Champoux
membre du Comité de la Sauvegarde
de Yamachiche Trois-Rivières

_____________________________

(CLIQUEZ ICI POUR FERMER LA FENÊTRE)