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La mort de Gilles Lamy, 62 ans, ébranle la petite
communauté de Yamachiche. Pourquoi la police a-t-elle tiré
sur lui? C'est la question qui est sur toutes les lèvres.
Mais une autre devrait tous nous interpeller aussi: comment
se fait-il qu'un homme clairement identifié comme perturbé
par son entourage avait toujours en sa possession une arme à
feu? On ne sait trop pourquoi Gilles Lamy a été pris d'une
crise de folie et s'est mis à tirer en direction de la
maison d'à côté. Il n'avait pas l'air d'aller bien depuis un
bout de temps, disent les voisins et il refusait de
consulter ou d'aller à l'hôpital. C'est finalement un
miracle si Sylvain Leblanc et son épouse n'ont pas été
atteints par ses balles. Et puis l'homme s'est barricadé
dans sa maison durant plus de 24 heures. On le savait donc
armé, dangereux, imprévisible. Ce n'était peut-être pas un
mauvais diable, comme disent-les gens de Yamachiche, ce
n'était pas un criminel, mais dans son état, il était devenu
extrêmement menaçant. Il fallait donc tenter d'intervenir
avec précaution. |
On a vu des cas où le forcené retourne l'arme contre lui. On a vu des cas où
la police, après de délicats pourparlers, réussit à convaincre l'homme en
crise de déposer son arme et de se rendre. Selon ce qu'on croit savoir pour
l'instant, Gilles Lamy serait sorti et aurait fait face aux policiers, non
pas les bras en l'air, mais en pointant son arme vers eux ce qui les aurait
incité à faire feu.
Les forces d'intervention ont-elles bien agi selon la procédure prévue en
pareil cas? Y a-t-il eu maladresse? Une enquête devrait nous éclairer
davantage. C'est sûr qu'on peut se poser une foule de questions. Pourquoi
a-t-on tiré plusieurs projectiles en direction de Gilles Lamy? Un seul
n'aurait-il pas été suffisant pour le neutraliser? Pourquoi un tireur
d'élite n'aurait-il pas pu viser les jambes au lieu du thorax et ainsi le
blesser sans l'abattre? N'y aurait-il pas d'autres méthodes d'intervention
moins radicales pour désarmer un forcené? Aurait-on pu user de bombes
lacrymogènes ou utiliser des balles anesthésiantes?
Il est normal de se poser toutes ces questions, comme il est facile de jouer
aux gérants d'estrade et d'affirmer que la police aurait dû faire ceci ou
cela. Il faudra attendre le résultat de l'enquête pour porter un jugement
plus éclairé sur le drame. Ce qu'il faut bien reconnaître, cependant, c'est
que les policiers spécialisés ont beau être entraînés pour intervenir dans
toutes sortes de situations périlleuses, comme celle-là, il reste qu'il
s'agit d'opérations délicates, sur fond de grande tension, qui évoluent
parfois de manière imprévue pour une raison ou une autre. C'est bien
pourquoi on a besoin de réponses aux questions qui sont actuellement dans
l'air. S'il y a eu bavure policière, il y aura des suites.
Chose certaine, la mort de Gilles Lamy commande une réflexion plus large
encore. On sait tous que la détresse psychologique est répandue dans notre
société et les maladies mentales ne sont pas non plus des réalités
extraterrestres. Ces dernières années, on nous a appris à être plus
vigilants face à certains signes qui annoncent peut-être chez un parent ou
un ami une intention de suicide. La triste fin de Gilles Lamy devrait nous
inciter à être plus alertés aussi face aux personnes de notre entourage
qu'on sait fragiles ou qu'on voit dépérir, et qui possèdent un fusil de
chasse. Que peut-on faire, comment agir pour mettre cette arme hors de leur
portée? |