Ça parle au Diable 6 juillet 2005


Jean Neault, prêtre-curé,
paroisse Ste-Anne-Yamachiche
Le 26 juillet prochain, l'Église catholique va célébrer la fête de sainte Anne, la mère de Marie, donc la grand-mère de Jésus. Les quatre évangélistes ne nous disent rien sur elle. Mais elle est mentionnée dans trois évangiles apocryphes. Le culte de sainte Anne a connu une extension dans l'Église dès le Vllle siècle à partir de Jérusalem. C'est surtout entre le Xlle et le XVe siècles qu'il s'est accru. II a connu un nouvel essor au XVllle avec l'apparition de la sainte en 1623 à Yves Nicolazic, un habitant de Ker Anna près d'Auray en Bretagne. La tradition veut que les premiers colons de cette province de France aient apporté chez nous la dévotion à sainte Anne. Un fait marquant dans cette histoire : c'est qu'un jour, se voyant en péril sur le fleuve, des marins bretons firent le vœu d'ériger à sainte Anne une chapelle sur les rives en son honneur. Ils abordèrent à Beaupré et là ils accomplirent leur promesse en 1658. C'est encore aujourd'hui un lieu de pèlerinage. Pour nous à Yamachiche, c'est en 1711 que fut confiée à la protection de Sainte Anne la communauté naissante. Elle ne sera pas la seule paroisse confiée à cette grande sainte. À date, il y a 101 paroisses et missions au Canada et il y a 17 municipalités qui portent son nom : Sainte-Anne-de-Beaupré, Sainte-Anne-de-le-Pocatière, Sainte-Anne-de-la-Pérade, Sainte-Anne-du-Lac, Sainte-Anne-de-le-Rochelle, Sainte-Anne-de-Sorel, Sainte-Anne-des-Monts, Sainte-Anne-de-Kent, et plusieurs autres. Dans notre région, la dévotion populaire à sainte Anne s'explique par le fait que les colons originaires d'Yamachiche en firent leur protectrice. À l'époque des pèlerinages, on raconte certaines guérissons subites. Elle a soulagé, dit-on, plusieurs personnes de leurs infirmités et de misères multiples.

D'ailleurs, ils venaient chaque année pour remplir une promesse suite à des grâces obtenues. Dès le début de ces pèlerinages, la population joignit activités de prières et activités récréatives. Puis vint le jour où le curé Thomas Kimber se plaignit dans une lettre à son évêque que les activités récréatives avaient pris trop d'ampleur ; que les pèlerins abusaient de la boisson, qu'il y avait des batailles jusque dans l'église. L'évêque de Québec Mgr Pierre Denaut, en 1801 répondit au désir du curé en suspendant indéfiniment les pèlerinages à Yamachiche. Cela n'a pas mis fin à la dévotion populaire.

Quarante ans plus tard les pèlerinages reprirent prouvant que sainte Anne avait continué à régner dans les coeurs des habitants d'Yamachiche. C'est à partir de 1843 que les fidèles eurent la possibilité de vénérer une relique de sainte Anne. Le curé S.-N. Dumoulin, par l'intermédiaire de l'évêque de Québec, put obtenir une phalange complète du petit doigt de la main gauche de la sainte. Cette relique provient du diocèse de Carcassonne de France. Elle est vénérée par les fidèles les jours qui précèdent la fête.

La statue de sainte Anne du cimetière est aussi objet de dévotion puisque son histoire est édifiante à plusieurs égards. Elle fut sculptée par un artiste québécois pour être placée au faîte de l'église paroissiale en 1832. En 1876, ayant subi les injures du temps, les paroissiens ne voulurent pas s'en départir et lui érigèrent un monument dans le cimetière. Plusieurs personnes ignorent la vie trépignante qu'a connu leur paroisse dans le passé. Les pèlerinages amenèrent des centaines de visiteurs chaque année. Les pèlerins venaient à pied, en voiture, en train et par bateau. L'Annale de Sainte-Anne-de-Beaupré fit connaître les merveilles accomplies par la grande sainte ce qui favorisa encore plus la dévotion des québécois. C'est pourquoi les évêques demandèrent en 1876 au pape IX de proclamer sainte Anne patronne de la province de Québec. Chaque année, à Yamachiche, le 26 juillet ou le samedi le plus proche de cette date, (cette année le 23 juillet) pour respecter une longue tradition, la population rend hommage à sa sainte patronne. Dans les jours qui précèdent il y a messes et vénérations de la relique de la sainte. J.Alide Pellerin, historien, a publié en 1980 un livre intitulé « Yamachiche et son histoire ». Ce livre de référence pour les yamachichois et les historiens a un chapitre de plusieurs pages qui racontent le culte de Sainte-Arme dans notre milieu.

On y apprend que cette dévotion ne tenait pas du folklore, mais bien de la foi en la puissance de son intervention auprès de son petit fils Jésus. Lorsque vous passerez à Yamachiche, ne soyez pas surpris de voir une personne devant la statue de sainte Anne. Cette dernière aime recevoir les confidences de ses petits-enfants.

Jean Neault, prêtre-curé Paroisse Ste-Anne-Yamachiche


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