Le Nouvelliste 5 avril 2005

 Les deux pieds dans l'eau

Plusieurs résidants de Yamachiche ont passé une nuit blanche

Yamachiche
MARIE-EVE
LAFONTAINE

 Plusieurs résidants de Yamachiche ont eu une mauvaise surprise dimanche soir lorsque l'eau s'est mise à monter rapidement inondant leur sous-sol et les obligeant à passer la nuit à pomper. Selon le service des incendies de Yamachiche, près d'une cinquantaine de sous-sols ont été inondés.

«À 15 h, il n'y avait rien, et à 17 h 30, j'avais cinq pieds d'eau dans mon sous-sol. Aussitôt qu'une pompe arrêtait, l'eau montait d'un pied.» Tanya Senneville et son fils Kevin font partie des nombreux Yamachichois qui ont passé la nuit de dimanche à hier sur la corde raide.

Mme Senneville a eu l'aide d'amis et de membres de sa famille pour lui permettre, c'est le cas de le dire, de sauver les meubles. «Les voisins et ma famille m'ont aidée. Les pompes ne fournissaient pas. On a commencé avec une et on a fini avec trois. On s'est arrangé avec les moyens du bord», raconte-t-elle.

À un moment donné, l'eau a pratiquement atteint le rez-de-chaussée. Les meubles de cuisine tout neufs et livrés pas plus tard que vendredi dernier ont été déménagés illico au deuxième étage. Le niveau de l'eau a fini par se stabiliser vers 3 h 30. «Un moment donné, j'étais découragée. Un peu plus et l'eau se rendait en haut. J'ai passé la nuit assise sur une chaise de parterre à guetter l'eau. J'espère que je ne passerai pas une autre nuit blanche.» Ces trois pompes fonctionnaient encore à plein régime hier midi.

C'est le débordement de la Petite rivière Yamachiche, qui serpente le village, qui a causé bien des inondation dans les sous-sols dont plusieurs sont situés sur le boulevard Raoul-Duchesne. Elle a même flirté avec un niveau de 9,6 mètres alors que le point critique est de 10 mètres.

«En l'espace de deux heures, l'eau était rendue dans ma cour, je me demandais quand cela allait arrêter», déplore Mme Senneville. «L'eau montait, montait. Je me demandais quand elle allait arrêter. Quelqu'un à la municipalité m'a dit qu'elle allait descendre vers minuit. J'avais hâte à minuit en maudit», renchérit M. David Hien. Ce dernier également a passé la nuit chaussé de ses bottes d'eau à surveiller ses pompes. «Tout a commencé par un petit filet d'eau et ça fini par deux pieds d'eau. Quand c'est la première fois que ça t'arrive, tu ne sais pas trop quoi faire. J'avais deux pompes, mais elles ne fournissaient pas. C'est avec une troisième qu'on a commencé à en venir à bout», raconte-t-il. Il a tenté de sauver quelques meubles et électroménagers en les hissant sur des blocs, mais le tout trempait passablement dans l'eau hier matin. «On n'a pas dormi. On a joué de la chaudière toute la nuit», lâche-t-il.

Même chose pour Luc Brousseau qui a réussi à limiter les dégâts grâce à ses trois pompes et en ne fermant pas les yeux de la nuit. «J'ai passé une nuit blanche. Je suis resté debout pour m'assurer que les pompes ne lâchaient pas. J'espère juste qu'il n'y aura pas de panne d'électricité.»


PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS
Plusieurs résidants de Yamachiche ont enfilé leurs bottes d'eau au cours de la nuit de dimanche à hier pour lutter contre les caprices de la Petite rivière Yamachiche. David Hien fait partie de ceux qui ont eu les pieds dans l'eau toute la nuit.

Le niveau de la rivière s'est stabilisé après qu'un embâcle ait été rompu à l'aide de machinerie lourde. Deux commerces ont ouvert leurs portes dimanche soir pour permettre aux résidants de se procurer une ou des pompes. Les pompiers ont été à pied d'oeuvre toute la nuit pour conseiller et aider les résidants au prise avec cette montée des eaux. «L'eau a commencé à monter samedi soir. Elle a continué toute la journée d'hier (dimanche) et elle a atteint un niveau critique vers 18 h. Les pompiers ont visité les maisons à risque pour prévenir les gens que l'eau montait», explique M. Jacques Pellerin, chef des incendies à Yamachiche.

La Grande rivière Yamachiche a également débordé un peu, mais elle n'avait pas causé trop de dommages hier.

Il y a eu des débordements notamment sur les chemins Canton Nord et Canton sud ainsi que sur le chemin Charles-Lesieur. «J'avais peur que mes palettes de bois partent avec la rivière. Je les ai déplacées, mais il y a bien des choses que je n'ai pas été capable d'aller chercher. La rivière n'a jamais été aussi haute», estime M. Gaétan Lafond, qui vit en bordure de la Grande rivière et qui a vu une partie de son terrain être inondée.

À la Municipalité, on avait bon espoir hier que la situation revienne rapidement à la normale. «On est confiant. Habituellement, on vit une journée d'inondations. C'est rare que ça s'étende sur deux jours», précise M. Pellerin.

 


PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS
Plusieurs terrains ont été inondés à Yamachiche. Ce véhicule,
visiblement abandonné, a été victime de la crue des eaux.

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