PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS
La circulation a été au ralenti une bonne partie de la
journée d'hier sur la route 138, à Yamachiche, en raison de
l'affaissement de l'autoroute 40 est. La file de
camions-remorques et de voitures s'étendait parfois du
carrefour giratoire à la sortie du village de Yamachiche.
Des employés du ministère des Transports guidaient la
circulation à ces deux endroits. |
Pare-chocs à pare-chocs à 20 km/h sur la route
138
Les automobilistes
pourraient circuler sur l'autoroute 40 jeudi
MARIE-EVE LAFONTAINE
Yamachiche
Les automobilistes ont eu tout le temps d'admirer le village de
Yamachiche, hier. Pendant une bonne partie de la journée, les
véhicules ont circulé pare-chocs à pare-chocs sur la route 138,
entre la sortie 174 (La Porte de la Mauricie) et le village de
Yamachiche, en raison de l'afflux de circulation provoqué par
l'affaissement de l'autoroute 40 est.
«Ça m'a pris 20 minutes pour franchir la
distance que je fais en cinq minutes d'habitude. Ça n'a pas de
bon sens. Je ne peux pas croire qu'une route (l'autoroute 40)
peut s'écrouler comme ça», a lancé un automobiliste mécontent,
coincé dans l'embouteillage.
Les automobilistes devront continuer à ronger leur frein puisque
l'autoroute risque de demeurer fermée jusqu'à jeudi matin. «On
devrait être en mesure de rétablir la circulation mercredi soir
ou jeudi. Il y a beaucoup à faire. Tout d'abord, il fallait
retirer tous les matériaux endommagés. Ensuite, il faut monter
le ponceau et l'insérer. Ça débute aujourd'hui (hier) et ça va
possiblement prendre plus d'une journée. Après il y a du
remblayage à faire, il faut compacter et finalement on peut
asphalter», explique Mme Brigitte Biais, porte-parole du
ministère des Transports du Québec.
Le détour se fait donc toujours par la bretelle
174 jusqu'à la sortie 187 dans le secteur Pointe-du-Lac. Au plus
fort du trafic, hier, il fallait compter environ 25 minutes pour
faire le détour. «Il faut être patient. Ça roule lentement. II y
a des gens du Ministère qui font la circulation, mais c'est tout
de même vraiment au ralenti. Ça avance pare-chocs à pare-chocs»,
notait, hier matin, Mme Blais.
La file de camions-remorques et de voitures
s'étendait sur environ six kilomètres sur l'heure du midi.
Il n'était pas vraiment possible de circuler à plus de 20 km/h.
Le trafic était d'ailleurs incessant au cœur de Yamachiche. Une
affluence qui ne semblait pas troubler les quelques Yamachichois
questionnés sur le sujet. «Je reste à Yamachiche donc je connais
les détours. On s'en accommode», mentionne M. Serge Ferron.
À son coin de rue comme à chaque semaine, son
panneau d'arrêt à la main, la brigadière, Ginette Lamy, ne
semblait pas impressionnée outre-mesure par les énormes poids
lourds qu'elle devait arrêter pour faire traverser la route 138
aux enfants qui fréquentent l'école Omer-Jules-Désaulniers. «On
fait attention comme d'habitude. Comme les véhicules ne roulent
pas vite, ça va bien. Quand c'est le temps de les arrêter, il
n'y a pas de problème.»
Cet afflux d'automobiles a-t-il provoqué un boom
de consommation au village de Yamachiche comme dans le bon vieux
temps de la route nationale 2 alors que l'autoroute 40, dont
deux des quatre voies ont été ouvertes entre Berthierville et
Trois-Rivières en 1975, n'était encore qu'un vague projet? Si
certains commerçants se frottaient les mains face à la
possibilité que cette manne inattendue vienne faire tinter leur
tiroir-caisse, d'autres ne se faisaient guère d'illusions.
«Personne n'arrête. Personne ne veut sortir de la filée. Ils
sont déjà tous en tabarouette parce qu'ils sont en retard»,
souligne Mme Suzanne Gauthier, du garage Marcel Gauthier.
Le dépanneur Clair de lune, situé à la
sortie du village de Yamachiche où la circulation
redevient fluide, a toutefois connu un accroissement
substantiel de sa clientèle au cours de la fin de
semaine. «En fin de semaine, il y avait vraiment
beaucoup plus de monde. Au moins le double de clients
qu'à l'habitude, surtout samedi après-midi», souligne M.
Simon Lacerte. C'était un peu plus tranquille hier. «Il
y a beaucoup de trafic, mais les gens arrêtent moins»,
ajoute le collègue de M. Lacerte, Marc-André Huard
Au restaurant chez Maurice également les
clients sont plus nombreux, mais ce ne sont pas
nécessairement des automobilistes coincés dans le trafic
qui viennent y casser la croûte. «On récupère les gens
du village. Ils ne vont pas chez les voisins. Au lieu
d'aller à Louiseville, ils restent à Yamachiche. Il y a
peut-être un 10% de clients qui viennent du trafic»,
raconte M. Maurice Lefebvre, qui estime que son chiffre
d'affaires a augmenté de 30% depuis la fermeture de
l'autoroute.
C'était différent au dépanneur chez Vic,
situé sur le boulevard Duchesne, dans le village de
Yamachiche. «Il n'y a pas plus de clientèle. On ne voit
pas la différence. Il y a peut-être même une petite
diminution parce que ça prend plus de temps aux gens de
Yamachiche à se rendre», mentionne M. Richard Noël.
«J'ai failli ne pas venir. Ça prend 10 minutes se rendre
ici plutôt que 30 secondes», a ajouté une cliente.
À la halte 174, on n'a pas remarqué un
accroissement important de la clientèle. «C'est sûr
qu'il y a du trafic, mais ça ne veut pas dire que tout
le monde arrête. Mais veut, veut pas, il y a un peu plus
d'achalandage», mentionne M. François Quintal.
Rappelons que l'autoroute 40 est fermée
à la circulation depuis samedi après-midi après qu'un
trou béant se soit formé sur la chaussée. Le ponceau
situé à l'endroit où la chaussée s'est effondrée a été
inspecté pour la dernière fois en juin 2004. Installé il
y a 30 ans, il devait être remplacé cet été. «C'est un
cycle de remplacement normal. La saison actuelle a
peut-être accéléré les choses. Il y a eu beaucoup de
pluie et le niveau d'eau assez élevé est venu gruger ce
qu'il y avait en dessous de la chaussée», explique Mme
Blais.
|
PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS
La fermeture de l'autoroute 40 a
amené une clientèle accrue pour
certains commerçants alors que
d'autres n'en ont pas vraiment
ressenti les impacts. Au
dépanneur Clair de lune, la
clientèle a doublé cette fin de
semaine, selon Simon Lacerte. |
PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS |
Les travaux pour réparer le trou béant qui
s'est formé sur l'autoroute 40 sont des plus
impressionnants. La route a été ouverte, hier, afin
de remplacer le ponceau. La crevasse de cinq mètres
de profondeur s'étendait sur les deux voies. En
raison de l'ampleur de la tâche, l'autoroute ne sera
pas rouverte avant mercredi ou même jeudi. |