Le Nouvelliste 19 avril 2005



PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS

La circulation a été au ralenti une bonne partie de la journée d'hier sur la route 138, à Yamachiche, en raison de l'affaissement de l'autoroute 40 est. La file de camions-remorques et de voitures s'étendait parfois du carrefour giratoire à la sortie du village de Yamachiche. Des employés du ministère des Transports guidaient la circulation à ces deux endroits.


Pare-chocs à pare-chocs à 20 km/h sur la route 138

Les automobilistes pourraient circuler sur l'autoroute 40 jeudi

MARIE-EVE LAFONTAINE
Yamachiche

Les automobilistes ont eu tout le temps d'admirer le village de Yamachiche, hier. Pendant une bonne partie de la journée, les véhicules ont circulé pare-chocs à pare-chocs sur la route 138, entre la sortie 174 (La Porte de la Mauricie) et le village de Yamachiche, en raison de l'afflux de circulation provoqué par l'affaissement de l'autoroute 40 est.

«Ça m'a pris 20 minutes pour franchir la distance que je fais en cinq minutes d'habitude. Ça n'a pas de bon sens. Je ne peux pas croire qu'une route (l'autoroute 40) peut s'écrouler comme ça», a lancé un automobiliste mécontent, coincé dans l'embouteillage.

Les automobilistes devront continuer à ronger leur frein puisque l'autoroute risque de demeurer fermée jusqu'à jeudi matin. «On devrait être en mesure de rétablir la circulation mercredi soir ou jeudi. Il y a beaucoup à faire. Tout d'abord, il fallait retirer tous les matériaux endommagés. Ensuite, il faut monter le ponceau et l'insérer. Ça débute aujourd'hui (hier) et ça va possiblement prendre plus d'une journée. Après il y a du remblayage à faire, il faut compacter et finalement on peut asphalter», explique Mme Brigitte Biais, porte-parole du ministère des Transports du Québec.

Le détour se fait donc toujours par la bretelle 174 jusqu'à la sortie 187 dans le secteur Pointe-du-Lac. Au plus fort du trafic, hier, il fallait compter environ 25 minutes pour faire le détour. «Il faut être patient. Ça roule lentement. II y a des gens du Ministère qui font la circulation, mais c'est tout de même vraiment au ralenti. Ça avance pare-chocs à pare-chocs», notait, hier matin, Mme Blais.

La file de camions-remorques et de voitures s'étendait sur environ six  kilomètres sur l'heure du midi. Il n'était pas vraiment possible de circuler à plus de 20 km/h. Le trafic était d'ailleurs incessant au cœur de Yamachiche. Une affluence qui ne semblait pas troubler les quelques Yamachichois questionnés sur le sujet. «Je reste à Yamachiche donc je connais les détours. On s'en accommode», mentionne M. Serge Ferron.

À son coin de rue comme à chaque semaine, son panneau d'arrêt à la main, la brigadière, Ginette Lamy, ne semblait pas impressionnée outre-mesure par les énormes poids lourds qu'elle devait arrêter pour faire traverser la route 138 aux enfants qui fréquentent l'école Omer-Jules-Désaulniers. «On fait attention comme d'habitude. Comme les véhicules ne roulent pas vite, ça va bien. Quand c'est le temps de les arrêter, il n'y a pas de problème.»

Cet afflux d'automobiles a-t-il provoqué un boom de consommation au village de Yamachiche comme dans le bon vieux temps de la route nationale 2 alors que l'autoroute 40, dont deux des quatre voies ont été ouvertes entre Berthierville et Trois-Rivières en 1975, n'était encore qu'un vague projet? Si certains commerçants se frottaient les mains face à la possibilité que cette manne inattendue vienne faire tinter leur tiroir-caisse, d'autres ne se faisaient guère d'illusions. «Personne n'arrête. Personne ne veut sortir de la filée. Ils sont déjà tous en tabarouette parce qu'ils sont en retard», souligne Mme Suzanne Gauthier, du garage Marcel Gauthier.

Le dépanneur Clair de lune, situé à la sortie du village de Yamachiche où la circulation redevient fluide, a toutefois connu un accroissement substantiel de sa clientèle au cours de la fin de semaine. «En fin de semaine, il y avait vraiment beaucoup plus de monde. Au moins le double de clients qu'à l'habitude, surtout samedi après-midi», souligne M. Simon Lacerte. C'était un peu plus tranquille hier. «Il y a beaucoup de trafic, mais les gens arrêtent moins», ajoute le collègue de M. Lacerte, Marc-André Huard

Au restaurant chez Maurice également les clients sont plus nombreux, mais ce ne sont pas nécessairement des automobilistes coincés dans le trafic qui viennent y casser la croûte. «On récupère les gens du village. Ils ne vont pas chez les voisins. Au lieu d'aller à Louiseville, ils restent à Yamachiche. Il y a peut-être un 10% de clients qui viennent du trafic», raconte M. Maurice Lefebvre, qui estime que son chiffre d'affaires a augmenté de 30% depuis la fermeture de l'autoroute.

C'était différent au dépanneur chez Vic, situé sur le boulevard Duchesne, dans le village de Yamachiche. «Il n'y a pas plus de clientèle. On ne voit pas la différence. Il y a peut-être même une petite diminution parce que ça prend plus de temps aux gens de Yamachiche à se rendre», mentionne M. Richard Noël. «J'ai failli ne pas venir. Ça prend 10 minutes se rendre ici plutôt que 30 secondes», a ajouté une cliente.

À la halte 174, on n'a pas remarqué un accroissement important de la clientèle. «C'est sûr qu'il y a du trafic, mais ça ne veut pas dire que tout le monde arrête. Mais veut, veut pas, il y a un peu plus d'achalandage», mentionne M. François Quintal.

Rappelons que l'autoroute 40 est fermée à la circulation depuis samedi après-midi après qu'un trou béant se soit formé sur la chaussée. Le ponceau situé à l'endroit où la chaussée s'est effondrée a été inspecté pour la dernière fois en juin 2004. Installé il y a 30 ans, il devait être remplacé cet été. «C'est un cycle de remplacement normal. La saison actuelle a peut-être accéléré les choses. Il y a eu beaucoup de pluie et le niveau d'eau assez élevé est venu gruger ce qu'il y avait en dessous de la chaussée», explique Mme Blais.

 


PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS

La fermeture de l'autoroute 40 a
amené une clientèle accrue pour
certains commerçants alors que
d'autres n'en ont pas vraiment
ressenti les impacts. Au
dépanneur Clair de lune, la
clientèle a doublé cette fin de
semaine, selon Simon Lacerte.


PHOTO: FRANÇOIS GERVAIS

Les travaux pour réparer le trou béant qui s'est formé sur l'autoroute 40 sont des plus impressionnants. La route a été ouverte, hier, afin de remplacer le ponceau. La crevasse de cinq mètres de profondeur s'étendait sur les deux voies. En raison de l'ampleur de la tâche, l'autoroute ne sera pas rouverte avant mercredi ou même jeudi.

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