Le Nouvelliste 12 février 2005

Un impact majeur sur les finances des municipalités

MARTIN LAFRENIÈRE
Yamachiche

Si jamais les producteurs agricoles de la Mauricie et du Centre-du-Québec suivent le mot d'ordre de l'UPA de ne pas payer la totalité de leur compte de taxes avant d'avoir reçu la contribution du MAPAQ, certaines municipalités pourraient vivre des situations financières extrêmement difficiles.

À Sainte-Monique, de nombreux agriculteurs figurent parmi les quelque 600 habitants. Selon les prévisions budgétaires de la municipalité pour 2005, les recettes en paiements de taxes sont de 547 319 $. De cette somme, la part des producteurs totalise 334 690 $, soit 61,15 %. Advenant que les producteurs ne paient que 28 % de leur compte respectif,
Sainte-Monique aura un manque à gagner de 240 976,80 $.

La situation n'inquiète pas Denise Gendron. La mairesse a raconté hier qu'il faudra voir si le mot d'ordre de l'UPA sera respecté par ses membres.

«S'il y a un problème pour les agriculteurs de recevoir leur remboursement du MAPAQ, c'est désolant pour eux. Le ministère de l'Agriculture doit développer un mécanisme de remboursement plus efficace.»

Si jamais une forte majorité de producteurs de Sainte-Monique emboîtent le pas, les conséquences pourraient toutefois être majeures, étant donné que l'agriculture occupe presque toute la place à Sainte-Monique.

«Chez nous, 99 % de notre territoire est zoné agricole, a ajouté Mme Gendron. Il faut savoir qu'il y a beaucoup de dépenses reliées à l'agriculture. Et si on a des travaux à faire dans les chemins, ce n'est pas juste pour les voitures qui passent. C'est aussi pour les camions qui livrent de la marchandise aux producteurs, pour les tracteurs de ferme, etc.»

Du côté de Yamachiche, les prévisions budgétaires de 2005 indiquent des recettes de taxes municipales de 1 880 103 $. La participation des agriculteurs représente 27,4 % de cette somme, soit 514 867 $. Le manque à gagner potentiel est de
370 704,24 $.

Un peu plus à l'est de la Mauricie, Saint-Maurice prévoit percevoir 901 378 $ en taxes municipales de l'ensemble de sa population. Les producteurs devront payer 225 344,50 $ en taxes, ce qui équivaut à 25 % des recettes. Le trou dans le budget de la municipalité sera de 162 248,04 $ à la condition que tous les producteurs suivent le mot d'ordre de l'UPA à la lettre.

Isabelle met son chapeau de maire

À Yamachiche, on sait déjà que ce ne sont pas tous les producteurs agricoles qui vont respecter la recommandation faite par l'UPA. Michel Isabelle, le maire de la municipalité, va payer ses taxes comme à l'habitude même s'il est directement interpellé par l'UPA étant donné qu'il est un producteur laitier.

«Un maire ne peut transgresser ses propres règlements et ce pourquoi il est élu. Ce serait déplacé. Je vais payer 100 % de mes taxes et je vais demander un remboursement au ministère de l'Agriculture, qui a un programme pour ça. Je n'attendrai pas d'avoir reçu mon chèque du gouvernement pour payer mes taxes.»

M. Isabelle se dit très à l'aise de porter en priorité son chapeau de maire. Mais du même souffle, il avoue sans difficulté que l'agriculture a son importance au sein d'une collectivité.

«L'agriculture est une force économique au Québec. La facturation pour les services de la Sûreté du Québec a fait déborder le vase, car elle est basée sur l'évaluation globale. J'en ai parlé avec le ministre Chagnon quand il est venu à Yamachiche dernièrement.»

En adoptant cette position de façon très claire, Michel Isabelle ne craint pas d'être accusé de laisser tomber ses amis agriculteurs dans le présent dossier.

«Je ne manque pas de solidarité, sauf qu'il ne faut pas se tromper de cible. Le danger est que les agriculteurs prennent les municipalités pour des adversaires.»

martin.lafreniere@lenourelliste.gc.ca 

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