|
Sur le
neutre |
Excès de démocratie, promiscuité
gênante, cousinage serré ou simple têtage politique,
difficile à dire, mais je commence à trouver qu'on
sombre un peu trop d'aisance dans la diplomatie
facile dans plusieurs villages et petites
municipalités de la région.
Dès qu'une question apparaît le
moindrement controversée, les édiles se réfugient à
quatre pattes derrière une position de neutralité
dont le seul avantage est de leur procurer un
maximum de confort politique. On préfère jouer à
l'arbitre qu'au juge. On semble s'élever au-dessus
de la mêlée, mais en réalité, on se place hors de la
mêlée. On se met à l'abri des coups et on s'arrange
pour ne pas en donner. On ne monte plus dans
l'arène.
C'est l'ère du tout le monde il est
gentil, tout le monde il est fin, même les pas fins.
Tout le monde a raison, personne n'a tort.
Les exemples abondaient dans le
journal d'hier. «Yamachiche reste neutre», titrait
le journal à propos de la position du conseil dans
le dossier de la caisse pop. Le conseil municipal,
après avoir rencontré lundi une délégation
mécontente du Comité de sauvegarde, avait annoncé
qu'il prendrait position dans le dossier. Cela
allait suivre une réunion en comité privé, donc à
huis clos, à l'abri des regards et des oreilles.
S'il devait y avoir débat ou différence de points de
vue, ça ne se saurait pas à l'extérieur.
Neutralité
La position du conseil a été de ne
pas prendre position. A Yamachiche, tout le monde a
une opinion dans le dossier et une majorité de
citoyens ne se fait pas prier pour l'exprimer. Il
n'y aurait finalement que les membres du conseil
municipal qui n'en auraient pas ou qui ne
souhaiteraient pas en avoir. Ou qui ne veulent pas
se mouiller. On ne cherche même plus le pouls de la
majorité pour le faire sien, le défendre ou même,
suprême courage, le contredire. Aujourd'hui, on ne
veut plus déplaire à personne. Neutre, t'es pour
tout le monde, mais surtout, tu laisses l'impression
d'être contre personne.
Yamachiche n'est pas la seule
municipalité à avoir adopté ce patinage qui consiste
à éviter les obstacles.
On le voit le long de la Batiscan où
les élus refusent aujourd'hui de prendre position
dans le dossier des microcentrales hydroélectriques.
Après une assemblée houleuse à Saint-Adelphe où les
citoyens étaient farouchement opposés au projet du
groupe Axor, qui fera disparaître cinq petites
chutes derrière un mur de béton de quinze mètres, le
conseil municipal s'est aussi empressé d'exprimer sa
neutralité. Plutôt que de refléter dans une
résolution l'opposition des citoyens, on a décidé de
se réfugier derrière un éventuel référendum. Cela
fait démocratique.
A la municipalité de Lac-au-Sable,
on a aussi refusé d'adopter une résolution dénonçant
le projet, sur division il est vrai. Là aussi on
parle de consulter davantage. Comme si le point de
vue exprimé par la population qui a décidé de
s'exprimer n'était pas suffisant.
Sauf Sainte-Thècle
Il semble devenir difficile
d'obtenir l'appui ou au moins une position claire de
la part des élus. Même le préfet de la MRC de
Mékinac, Jules Paquin, est resté sur une position de
neutralité dans ce dossier et à sa suite, les autres
maires de la MRC. Pourtant, on le sait, entre une
chute et un barrage, serait-ce celle du 5 $ , le
maire Pâquin ne faisait pas dans la dentelle il y a
peu encore pour prendre position.
On me donnera peut-être l'exemple de
Champlain, où le maire et son conseil appuient sans
réserve les opposants au projet de privatisation de
leur lieu d'enfouissement sanitaire. Il a quand même
fallu un certain temps et un bon tordage de bras
pour y arriver. Mais on y est arrivé. Il est vrai
que la population est à peu près à 100 p.c. contre
le projet. On ne heurte plus personne en prenant
position.
Et il y a l'exception qui confirme
la règle. A Sainte-Thècle, le conseil n'a pas
hésité, tergiversé, tété, taponné, branlé ni jugé
nécessaire de faire un référendum dont tout le monde
se fout, ni prétexté attendre un savant rapport. Le
conseil a dit non au projet de microcentrale. Point
final. Et ça a semblé être politiquement rentable.
Cherchez l'erreur.