Le Nouvelliste 13 juillet 2004

POINTE
YAMACHICHE

La faune maltraitée

 

BRIGITTE TRAHAN
Yamachiche

Jacques Gélinas et Michel Bourassa aiment bien fréquenter la Pointe Yamachiche. Ce petit coin de plage, au bord du lac Saint-Pierre, leur permet de s'adonner à leur passe temps favori: l'ornithologie. Mais vendredi dernier, leur contemplation de la nature a été brusquement interrompue.

 

«Il y a vraiment
 de l'abus»
-Jacques Gélinas

 


Ces oiseaux abattus par balles ont été photographiés peu après le méfait par l'ornithologue amateur Jacques Gélinas qui a eu connaissance des coups de feu.

D'habitude, c'est à cause du bruit des tout-terrains, des utilitaires sports ou même des motos qui se font un malin plaisir de faire lever les oiseaux sur la grève, quand ce n'est pas l'oeuvre des amateurs de tir au pigeon d'argile ou des amateurs de «kites» (skieurs aquatiques tirés par des cerfs-volants).

Vendredi, ce sont cette fois des dizaines de coups de feu qui ont fait fuir la faune ailée. Après le méfait, Jacques Gélinas est retourné constater les dégâts. Il a trouvé de nombreux oiseaux morts sur la grève et des douilles de projectiles. «J'ai vu deux jeunes au début de la vingtaine faire le coup. J'ai même pu prendre leur numéro de plaque. J'ai rapporté l'histoire à SOS braconnage», dit-il. M. Gélinas avait son appareil photo sur lui. Il a donc pu prendre des images des oiseaux morts.

Ce n'est peut-être pas un hasard si les amateurs de kite surf qui fréquentent cette pointe de sable à Yamachiche la surnomment «Brutal Beach.» La nature y vit agressions par-dessus agressions

«Je suis en simonac. Il y a vraiment de l'abus» fulminait Jacques Gélinas en racontant sa mésaventure au Nouvelliste.

 

La rive nord

du lac Saint-Pierre

deviendra

refuge faunique

 

C'est que les conflits d'usage et les exagérations qui ont cours à la Pointe Yamachiche ne sont pas sans frustrer certaines personnes, dont les ornithologues amateurs.

Hugues Brunoni, qui fut rédacteur en chef de la revue Québec Oiseaux, est de ceux qui déplorent au plus haut point l'attitude des usagers de la Pointe Yamachiche et les conflits d'usage qui ont cours là-bas. Il y a deux ou trois ans, il a rédigé un article pour cette revue spécialisée dans lequel il faisait état de la richesse des espèces qu'on y trouve, du tournepierre à collier à l'avocette d'Amérique en passant par le phalarope à bec étroit sans compter les hérons, canards barboteurs et rapaces. «Vingt-cinq espèces ornithologiques en tout», raconte-t-il dans son texte. «C'est la meilleure place pour l'observation sur la rive nord», estime-t-il.

Hugues Brunoni, Jacques Gélinas et Michel Bourassa croient qu'il est temps que quelqu'un fasse quelque chose pour protéger la faune dans ce secteur. «Si on en faisait une aire de repos pour les oiseaux et qu'on y aménageait une aire de stationnement, comme c'est le cas pour le site d'observation de Berthier, je pense que ces activités cesseraient», estime Hugues Brunoni. «La clientèle far west va là où c'est sauvage», ajoute Jacques Gélinas.

Quant au braconnage qui a eu lieu vendredi, le directeur de la protection de la faune à la SFPQ, M. Guy Nadeau, explique qu'il entrera en contact avec SOS Braconnage et verra à ce que la lumière soit faite sur la plainte.

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