Une chicane de famille digne des
meilleures téléséries a éclaté au sein des Entreprises
Duchesne, d'Yamachiche. La dispute concerne le contrôle de
ce manufacturier de matériaux de construction, qui fabrique
les fameux clous Duchesne, distribués dans les
quincailleries du Québec.
Quelques jours avant Noël, deux des huit enfants de la
famille ont déposé une poursuite contre leur mère, deux
soeurs et des avocats de la firme Ogilvy Renault. Robert et
Guy Duchesne tentent de faire annuler une émission d'actions
qui donnerait indirectement le contrôle de l'entreprise
familiale à leur soeur Françoise, qui en dirige les
activités. Ils cherchent également à démettre les
administrateurs Louis Vaillancourt et Olivier F. Kott, parce
qu'ils seraient en conflits d'intérêts. Ces deux
administrateurs sont des avocats de la firme Ogilvy Renault.
Cette Fondation est dirigée par sept administrateurs, en
vertu des dernières volontés du père. Deux d'entre eux
doivent être des membres de la famille travaillant dans
l'entreprise, un doit être de la famille mais sans
travailler dans 1'entreprise, deux doivent être des
cadres non liés a la famille et deux autres des
consultants ou avocats externes.
En juillet 2003, 1'entreprise EDL a émis des actions
privilégiées a Madeleine Villemure et a sa société de
portefeuille. Mme Villemure est la conjointe de Marcel
Duchesne. Ces actions ont eu pour effet de donner plus
de 90 % des droits de vote de EDL à Mme Villemure,
laissant la Fondation avec moins de 10 %. Les
administrateurs et membres de la Fondation n'ont été
aucunement consultés pour ce changement de contrôle,
fondation qui avait pourtant 100 % des droits de vote de
EDL, selon la requête.
«Madeleine Villemure Duchesne, âgée de 76 ans, n'a pas
les connaissances pour mettre au point une telle
stratégie de prise de contrôle et y a participé, de
toute évidence, sous l'influence et la domination de sa
fille Françoise Duchesne, présidente de EDL, et de ses
conseillers juridiques, le cabinet Ogilvy Renault, et
plus particulièrement Me Louis Vaillancourt», est-il
écrit dans la requête.
Toujours selon la poursuite, la perte de contrôle de
1'entreprise EDL va a 1'encontre du premier règlement de
la Fondation, en ce qu'il la rend ainsi inopérante, une
option qui n'est possible qu'avec le consentement de
tous les membres.
Les deux avocats d'Ogilvy Renault sont en conflit
d'intérêts, selon la requête, parce qu'ils sont membres
du conseil d'administration de la Fondation (Me
Vaillancourt en est le président), mais également membre
du conseil de EDL et conseiller de EDL dans l'émission
des actions privilégiées qui a fait perdre le contrôle
de EDL a la Fondation.
La requête demande à la Cour supérieure de déclarer
nulle 1'emission d'actions privilégiées de juillet 2003
et d'interdire a Françoise Duchesne, Lucille Duchesne et
aux avocats Louis Vaillancourt et Olivier F. Kott d'être
membres, administrateurs ou dirigeant de la Fondation.
L'avocat des cinq défendeurs, incluant la mère, est
George Hendy, de la firme Osler Hoskin & Harcourt, de
Montréal. Joint au téléphone, M. Handy a préféré ne pas
commenter. A Yamachiche, Françoise Duchesne n'a pas
rappelé pour expliquer sa version des faits.