Le Nouvelliste 25 octobre 2003

PETITES ÉPICERIES FACE AUX GÉANTS DE L'ALIMENTATION

Une lutte difficile à mener

Martin Lafrenière
Trois-Rivières


Image-média mauricie; François Gervais

Daniel Derepentigny a été le propriétaire du marché Saint-Georges, situéà Yamachiche, pendant huit ans.


 

Selon Daniel Derepentigny, la lutte que mènent les grandes surfaces dans le marché de l'alimentation laisse bien peu de place aux épiceries

M. Derepentigny est le dernier propriétaire propriétaire  d'une épicerie à Yamachiche. Jeune homme d'affaires fringant, il s'est porté acquéreur de ce commerce en 1993.

Étant le patron de l'entreprise, il a consacré un nombre incalculable d'heures à travailler pour satisfaire ses clients, pour trouver des façons d'en attirer des nouveaux, pour ajouter des services. Mais devant le manque de rentabilité, le marché Saint-Georges a fermé ses portes en décembre 2001. Et selon lui, il est de plus en plus difficile pour une épicerie de dimension moyenne de faire face aux supermarchés qui inondent le secteur de l'alimentation.

«Pour le client, il y a quatre points qui sont importants: le service à la clientèle, les prix des produits, la variété des produits et faire ses achats dans un magasin moderne et bien décoré. Face à une grande surface, le petit épicier peut faire aussi bien, sinon mieux, en ce qui concerne le service à la clientèle. Pour les prix, on peut s'en sortir, car les spéciaux de la semaine font le tour de tous les marchés. Pour la variété, c'est plus compliqué pour un petit commerçant: il n'a pas le volume de ventes suffisant pour avoir une grande variété. Et finalement, il ne peut pas suivre les grandes surfaces pour les épiceries modernes. Les gros marchés peuvent changer leur décoration à tous les cinq ans et ils ont des équipements très sophistiqués et très dispendieux. On assiste présentement à une mode des produits surgelés. Mais un frigidaire se vend 1000 $ le pied linéaire: pour un frigidaire de 50 pieds, ça coûte 50 000 $!»

L'arrivée de supermagasins a été une des raisons qui ont conduit à la fermeture du marché Saint-Georges. Quand Maxi s'est installé à Louiseville et que le marché Métro Émery a agrandi son commerce, le marché Saint-Georges a subi quelques contrecoups. Mais la compétition la plus féroce est venue d'un commerce qui n'est pas un supermarché. «C'est surtout l'ouverture du Tigre géant qui a fait mal, ses rappelé M. Derepentigny, car ce magasin offre des produits de marque inconnue, mais à très bas prix.»

L'épicerie que possédait Daniel Derepentigny offrait une surface de vente de 4700 pieds carrés. Selon ses estimations, il aurait dû investir 150 000 $- et c'est un minimum - pour diriger un commerce plus compétitif. Mais maintenant que ce sont de grosses corporations qui possèdent majoritairement les grandes surfaces, la donne a radicalement changé.

«Les grands marchés d'alimentation ont le soutien des bannières, car IGA, Maxi ou Loblaws reçoivent un meilleur retour sur leur investissement. En plus, les petites bannières ont de la difficulté à tenir des produits spécialisés, étant donné que le roulement est trop faible. Mais quand une personne veut un produit bio, elle va aller faire son épicerie, dans un magasin qui vend du produit bio et va tout acheter au même endroit. De nos jours, ça ne dérange personne de rouler pendant 15 ou 20 minutes - pour se rendre dans des grandes surfaces. Depuis 1993, 13 commerces ont germé dans la municipalité. Les gens ont pris l'habitude de magasiner ailleurs qu'à Yamachiche», a conclu celui qui a réorienté sa carrière il y a quelques mois en retournant aux études,dans le domaine des pâtes et papiers.

martin.lafreniere@ lenouvelliste.qc.ca



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