L'Écho 1 décembre 2002

On tente d'éviter le pire

Le Foyer Ernest-Jacob sera-t-il démoli?




(Jean-Paul Plante) - La démolition du Foyer Ernest-Jacob (FEJ) d’Yamachiche est dans la mire du Centre de santé de la MRC de Maskinongé (CSMM) comme bâtiment à démolir, dans un avenir très rapproché. C’est ce qu’a laissé savoir le directeur général du CSMM, M. Yves Martin, lors d’un point de presse donné le 22 novembre dernier, à Louiseville.

YVES MARTIN

L’annonce de la démolition avait été faite au conseil des maires de la MRC de Maskinongé, en octobre, a mentionné M. Martin. «Le Centre se voit malheureusement contraint d’entamer, dès maintenant, les démarches de démantèlement de l’immeuble», a lancé M. Martin. Celui-ci motive la décision par l’absence d’acquéreur remplissant les conditions d’admissibilité à la vente de l’immeuble.

Habitations populaires du Québec

L’appel d’offres relativement à la vente du FEJ a été lancé en octobre. Il s’est terminé le 5 novembre. Une seule offre d’achat conditionnelle a été présentée, soit celle des Habitations populaires du Québec. «Mais à la suite d’une analyse de la soumission, celle-ci a dû être rejetée parce qu’elle ne rencontrait pas les exigences de conformité stipulant qu’une offre d’achat conditionnelle n’était pas recevable», de préciser M. Martin.

Habitations Populaires du Québec a présenté une offre d’achat au montant de 1 $. Cette offre étai assortie de nombreuses conditions comme la réalisation d’une étude de marché concluante, l’obtention de subventions dans le cadre du programme Accès-Logis du gouvernement provincial, la levée par la fabrique d’Yamachiche voulant que le bâtiment poursuive sa vocation d’aide aux personnes âgées.

Le maire Isabelle est offusqué.

«Or, le devis d’appel d’offres fourni par le Centre de Santé de la MRC de Maskinongé à tout organisme intéressé à soumissionner était clair: toute offre conditionnelle ou restrictive de la part d’un soumissionnaire entraînait automatiquement le rejet de cette offre. Une telle exigence n’est ni abusive ni anormale, puisque les directives gouvernementales demandent qu’elle soit posée et respectée lorsqu’il y a disposition d’édifices gouvernementaux excédentaires», de dire le d.g. du CSMM.

Selon M. Martin, l’étape (appel d’offres) a été franchie après que de très nombreux efforts aient été consacrés depuis 1999 pour trouver une nouvelle vocation au FEJ. «Après avoir été offert sans succès à tous les organismes gouvernementaux de la région,un projet de centre communautaire pour les aînés a dû être abandonné comte tenu l’absence d’engagement manifesté par la municipalité d’Yamachiche», a déclaré le d.g. du CSMM.

Il a terminé son intervention en ces termes: «Le récent appel d’offres s’étant révélé infructueux, le CSMM doit maintenant s’assurer de disposer du bâtiment en toute sécurité et dans les meilleurs délais«.

L’hypothèque de 535 000 $ en vigueur sur le Foyer Ernest-Jacob sera absorbée par le gouvernement, a laissé savoir M. Martin.

Le maire Michel Isabelle d’Yamachiche et le député Rémy Désilets sont intervenus dans le dossier et font en sorte que l’on puisse éviter l’irréparable, soit la démolition.

«On n’a pas le droit de démolir un tel bâtiment» - Michel Isabelle
 
Rémy Désilets

Le maire d’Yamachiche, M. Michel Isabelle est d’avis qu’on n’a tout simplement pas le droit de démolir un bâtiment comme celui du Foyer Ernest-Jacob. «Ce n’est pas d’hier que l’on tente de propager l’idée que c’est presque un taudis. Pour sa part, l’architecte Roger Villemure dit que le bâtiment est en bon état et sécuritaire.»

C’est en ces termes que le maire yamachichois a répondu d’entrée de jeu lorsque L’Écho lui a demandé ses commentaires sur la décision du Centre de santé de la MRC de Maskinongé de démolir le Foyer Ernest-Jacob (FEJ) et ce, dans un avenir pas très lointain.

Selon M. Isabelle, un ardent défenseur du Foyer, des éléments nouveaux permettent de demander au gouvernement plus de souplesse au gouvernement et au Centre de santé. «Tout le monde est au courant de la politique de la ruralité et du montant de 1,7 million $ qui ira à la MRC de Maskinongé. Or, dans cette politique, note M. Isabelle, «On parle d’une problématique du logement social dans Maskinongé». Si le ministère de la Santé est prêt à absorber le montant de l’hypothèque de 535 000 $, pourquoi ce montant ne serait-il pas remis aux Habitations populaires du Québec via le programme Accès-Logis?,questionne-t-il. Pour M. Isabelle, l’évaluation du terrain et de la bâtisse, qui est de 1,5 million $ représente fort bien «la part du milieu». À cela, M. Isabelle ajoute que le coût de la démolition serait d’environ 70 000 $. Tous ces éléments mis en commun font en sorte qu’il serait avantageux de prendre encore du temps plutôt que de poser des gestes irréparables.

 

Pas la charité...

Selon le maire Isabelle, «Si le ministre de la Santé connaissait les nouveaux développements dans le dossier, il retarderait le processus de démolition envisagé par le Centre de santé de la MRC de Maskinongé». À cet égard, le maire mentionne qu’un partenaire majeur a manifesté de l’intérêt pour le FEJ, la semaine dernière. «Des éléments nouveaux font en sorte que nous avons confiance dans la possibilité d’éviter la démolition et dans la relance du Foyer qui viendrait combler une lacune dans la MRC au niveau du logement social.

Le maire Isabelle a rencontré le député Rémy Désilets et celui-ci , à son tour, a parlé au ministre François Legault, mardi dernier. Lors de sa rencontre avec le député, il a été notamment question des nouveaux éléments dans le dossier. «Le député a été informé qu’avec les 70 000 $ que l’on injecterait pour la démolition du foyer, il serait possible de chauffer et d’éclairer le Foyer jusqu’à ce que les partenaires intéressés à sa relance puissent en arriver à des ententes qui permettront de relancer le bâtiment.»

M. Isabelle a conclu en ces termes: «On demande une dernière chance afin de sauver le Foyer Ernest-Jacob. On ne demande pas la charité. Personne ne pourra dire qu’on n’aura pas tout essayé afin de sauver le Foyer et de lui donner une vocation qui lui permettra de jouer pleinement un rôle social intéressant pour le milieu», de conclure le maire.

Désilets-Legault

Par ailleurs, L’Écho s’est entretenu avec le député Rémy Désilets à Québec, mardi après-midi. M. Désilets a laissé savoir qu’il avait rencontré le ministre François Legault, tôt en matinée, afin de l’informer des derniers développements dans le dossier.

«J’ai demandé au ministre de reporter l’échéance afin de permettre à la municipalité de mettre de l’avant un projet rassembleur. La proposition a été reçue positivement par M. Legault. Il m’a dit qu’il mettait ses fonctionnaires sur le dossier et qu’il me reviendrait au cours de la semaine sur le sujet», de préciser le député.

M. Désilets se dit confiant de recevoir une réponse positive du ministre. «Il est possible d’arrêter la machine administrative gouvernementale qui est en marche dans le dossier. Il faut mettre «la switch à off», se rasseoir et régler le dossier une fois pour toutes. Il faut que ce soit la bonne fois», de déclarer le député.

Selon lui, il est important que tout le monde se mobilise autour d’un projet qui aura de l’avenir. «Il faut éviter de prendre des décisions irréparables et ne pas couper ni l’électricité ni le chauffage. Faut se tourner vite. Il est préférable de s’engager dans un sprint plutôt que tout le monde sorte perdant de cette situation, soit la municipalité et le gouvernement. Un projet mobilisateur est possible et nous n’avons pas le droit de l’ignorer», conclut M. Désilets.

 

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