Le Nouvelliste 19 juillet 2002

Amenez-en, des projets !

Le Fonds jeunes promoteurs du CLD de Maskinongé est sous-utilisé


Guy Veillette

Le Centre local de développement de la Municipalité régionale de comté de Maskinongé a de l'argent à distribuer. Son Fonds jeunes promoteurs, qui existe depuis 1999, est sous-exploité au point où les responsables lancent un cri d'alarme pour inciter les entrepreneurs en herbe à utiliser cette ressource.

À ses deux premières années d'existence, cette enveloppe a été utilisée à
 24 % de ses capacités. Le ministère des Régions attribuait un montant de
33 000 $, et à chaque fois, seulement 8000 $ étaient utilisés.

En 2001, sept projets ont été acceptés par le CLD, qui a ainsi versé 35 500 $ à ces jeunes entrepreneurs. Mais au 31 décembre, le solde du Fonds jeunes promoteurs était quand même rendu à un peu plus de 65 000 $, en raison du capital inutilisé des premières années. De beaux sous disponibles qui ne trouvent pas preneurs. Cette année, jusqu'ici, seulement deux projets ont été acceptés.

«Étant donné que tous nos fonds sont indépendants, on ne peut pas prendre cet argent et l'affecter ailleurs», rappelle Martin Miron, agent de communication et de développement au CLD de la MRC de  Maskinongé. «On a même pensé à lancer un concours et offrir une bourse à un jeune entrepreneur, mais nous avons su que ce n'était pas possible. En tout cas, on veut que ça bouge plus que ça!»

 


 Le Nouvelliste Stéphanne Lessard

David Lemire et Alexandre Tourigny expérimentent leurs premiers pas en affaires grâce aux Jardins Céres. Il s'agit de l'une des deux seules entreprises à avoir bénéficié du Fonds jeunes promoteurs du CLD de la MRC de Maskinongé jusqu'ici en 2002

LES JARDINS CÉRES

Bien entendu, il faut répondre à certains critères pour bénéficier d'une subvention maximale de 6000 $ du Fonds jeunes promoteurs. On doit notamment établir un bon plan, créer deux emplois permanents et surtout, en être à une toute première expérience en affaires. On vise, donc les jeunes de 18 à 35 ans. Le monde des services, comme le commerce au détail ou la restauration, est toutefois exclu de ce programme. Enfin, le projet doit constituer l'occupation à temps plein du promoteur.

Mais surtout, les jeunes peuvent bénéficier d'une assistance technique essentielle lorsqu'on se lance en affaires. Sandrine Renou, conseillère en entreprise, guideainsi ces recrues à travers les méandres administratifs qui se dressent immanquablement à chaque démarrage.

C'est ainsi que David Lemire et Alexandre Tourigny ont pu lancer leur petite entreprise cette été. Les Jardins Céres se spécialisent dans la culture et la vente de fruits et légumes lors de la belle saison, et dans les services-conseils en agro-environnement pour meubler le reste de leur année.

Pour eux, le Fonds jeunes promoteurs a constitué un bon complément au prêt obtenu grâce au programme Stratégie jeunesse de la Société d'aide au développement des collectivités. Le Soutien aux travailleurs autonomes d'Emploi Québec donne également un sérieux coup de main, puisqu'il assure un salaire minimum hebdomadaire de 280 $ pendant 65 semaines. «Les revenus générés par l'entreprise peuvent ainsi être réinvestis plus rapidement pour acquérir de l'équipement», fait remarquer Mme Renou.

Pour les deux jeunes entrepreneurs, ces programmes ont fait la différence  leur décision, dans leur décision de se lancer en affaires. Ils ont loué 25 hectares de terres pour leur production, et ont aménagé un petit kiosque pour vendre leurs produits à Yamachiche. Trois personnes se relaient pour les ventes, et une autre a été engagée pour donner un coup de main à la récolte.

«Nous sommes ouverts depuis le 28 juin et on est surpris à quel point ça va bien», raconte David Le mire. «Je pense que les gens sont contents d'avoir ça dans le village. Les kiosques les plus près étaient situés à Pointe-du-Lac ou Louiseville.»

Les deux jeunes entrepreneurs évaluent leur projet à près de 100 000 $. L'aide financière dont ils disposent leur permet de tenter des expériences et ainsi, mieux ajuster leur tir.

«Nous avons fait des choses que nous devrons modifier ou abandonner, parce qu'elles ne sont pas rentables dans le marché actuel», illustre Alexandre Tourigny. «Pour les radis par exemple, il va falloir améliorer notre technique, parce qu'on passe trop de temps pour ce que ça rapporte. On se rend compte de ce genre de détail au fur et à mesure


M. Tourigny, agronome de formation, a su dès l'adolescence qu'il voulait travailler dans ce milieu. «Même si je n'avais pas d'antécédents, je voulais vivre de l'agriculture», raconte-t-il. «Â 15 ans, j'ai travaillé dans une ferme laitière et j'y ai pris goût. J'ai toujours eu ce rêve, il restait à trouver la façon de le réaliser. La valeur des terres a quadruplé depuis dix ans. Si on n'en possède pas, il faut faire preuve d'originalité.»

Il faut aussi avoir les nerfs solide pour se lancer dans une entreprise aussi dépendante des conditions climatiques. Malgré un début de saison désastreux, les récoltes sont bonnes.

«Le printemps a été difficile à cause du froid», reconnaît M. Tourigny. « Le maïs sucré a trois bonnes semaines de retard. Mais pour les fraises, il s'agi d'une année exceptionnelle. De plus, le temps frais que nous connaissons étire la saison. Même chose pour le brocoli qui aime le temps frais et l'humidité.»

« Mais dans la vente au détail, on se rend compte que les gens recherchent les primeurs. Il faut accepter les réalités du métier!»

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