Le Nouvelliste 27 mars 2002
                              

Cabanes à sucre: pour tous les goûts


 

BRIGITTE TRAHAN
Sainte-Thècle

 

Le Nouvelliste, Alain Bédard

  À la ferme Le Crépuscule, M. Jean-Pierre Clavet n'entaille que 300 à 400 érables, et produit du sirop biologique.

Qu'est-ce qui vous plaît le plus? Un bon repas de cabane à sucre dans une grande salle de 300 places où il y a une ambiance de fête, de la danse et beaucoup d'animation?

Votre choix se porte peut-être davantage sur les petites cabanes à sucre sympathiques où l'on recueille l'eau d'érable dans un tonneau tiré par un cheval et où mijote de la tire chaude, prête à figer sur la dernière neige du printemps?

De nos jours, on a le choix et les acériculteurs ont compris que les goûts varient. Il y a donc de la place pour tout le monde et des styles variés de cabanes à sucre.

M. Angelo Trépanier et son épouse Anita de l'érablière Aux 1000 érables compte parmi les plus gros de la région. Aidés de leur fille et de leur fils, ils entaillent chaque année 30 000 arbres. Mme Trépanier est la ministre des tablées tandis que monsieur voit à la transformation des produits et aux entailles. C'est un solide travail d'équipe. "On y met beaucoup d'heures et il faut beaucoup d'ambition", raconte Mme Trépanier.

Leur érablière, c'est leur métier; c'est même toute leur vie. "Nous y travaillons depuis 39 ans", raconte-t-il. "Au début, nous avions 1000 entailles, d'où le nom Aux 1000 érables."

Plus au sud de la Mauricie, à la ferme Le Crépuscule d'Yamachiche, Jean-Pierre Clavet n'entaille que 300 ou 400 des 1000 érables qui poussent, entremêlés d'autres essences, sur sa terre.

Producteur biologique de boeuf, porc, poulet et ail, M. Clavet voit son érablière comme faisant partie du petit écosystème qu'est devenue sa ferme en accord avec les principes de la culture biologique.

 

Voilà une toute autre philosophie dans une toute autre dimension d'érablière. Ici, on fait du sirop bio. "Les gens se demandent toujours où tu veux en venir avec ça parce qu'ils se disent qu'un érable, c'est un érable", dit-il.

Pourtant, ne possède pas une érablière biologique qui veut. Le cahier de charge à respecter pour y arriver est beaucoup trop gros pour en mentionner tous les détails ici. Toutefois, certaines choses sont faciles à retenir. L'érablière ne doit pas être arrosée d'herbicides (un phénomène qui survient souvent près des pylônes d'électricité). On doit aussi éviter d'entailler dans une bande de 25 pieds autour de l'érablière, question d'éviter tout contact avec les pesticides des voisins. Les produits de lavage ne doivent être que des savons doux biodégradables.

Il existe de grosses érablières biologiques, mais celle de la Ferme Le Crépuscule, une des très rares en Mauricie et au Centre-du-Québec, a le charme des petites cabanes familiales d'autrefois. Ti-Coq, le cheval, fait le boulot de ses ancêtres. Il se promène en forêt pour aller vider les chaudières avec son maître. Ici, on entaille en fonction des cycles lunaires pour éviter que les grands froids endommagent les entailles. "On le fait par respect pour la nature", explique M. Clavet.

À la cabane aux 1000 érables, la technologie est au service de la tradition et c'est de tubulure dont on se sert pour recueillir l'eau. "C'est indispensable non seulement à cause du nombre d'arbres que nous avons mais aussi parce qu'un cheval ne serait pas capable d'aller en haut de la montagne", raconte Angelo Trépanier. Une érablière de 30 000 entailles comme celle-là impose qu'on entaille plus tôt et qu'on désinfecte les entailles.

N'empêche que son produit fait le régal de bien du monde. M. Trépanier a en effet décroché le titre prestigieux de Maître sucrier à quatre reprises. "Je donne aussi des cours de transformation. J'ai donné au moins 4000 heures jusqu'à présent", raconte-t-il.

C'est donc dire qu'il fabrique de tout, du caramel à l'érable en passant par le sucre et les bonbons, la grande spécialité de la maison.

À la cabane biologique de la Ferme Le Crépuscule, on ne fait pas de transformation. Toutefois, tout ce qui se trouve sur la table est biologique, à commencer par le jambon (élevé de manière biologique) que l'on fait fumer avec du bois d'érable comme le faisaient nos ancêtres.

En butinant de cabane en cabane, on est donc certain de trouver, quelque part entre le cheval et la tubulure, une cabane à sucre bien à son goût car il y en a vraiment de tous les styles.

 

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