Le Nouvelliste 16 février 2001

 


(Alpho Presse:Stéphane Lessard)
Un colis suspect déposé au restaurant Le Minois à Yamachiche a été à l'origine d'une vaste 
mobilisation policière de la Sûreté du Québec, hier matin, avec la collaboration des pompiers 
à temps partiel de la municipalité. Plusieurs résidences ont été évacuées et des rues fermées.

 

Branle-bas de combat pour un colis suspect


Évacuation de plusieurs résidences à Yamachiche

Nancy Massicotte 
Yamachiche

Le coeur de la municipalité de Yamachiche a été paralysé pendant plus de quatre heures, hier, après qu'un appel à la bombe ait été logé au restaurant Le Minois. Au terme d'une vaste opération policière et municipale nécessitant l'évacuation de plusieurs résidences et la fermeture de rues, les artificiers de la Sûreté du Québec ont finalement découvert que le colis suspect était inoffensif.

Il n'en demeure pas moins que cet événement a troublé la quiétude habituelle des lieux. Les citoyens n'en revenaient tout simplement pas qu'un individu ait pu placer une fausse bombe dans un restaurant aussi tranquille et sans histoire.

Le Minois existe depuis une cinquante d'années. Il appartient depuis six ans à Gilles Millette, qui est aussi le conjoint de Mme Françoise Duchesne, présidente de Duchesne et fils. En fait, pour plusieurs personnes, ce colis suspect n'était rien d'autre que l'oeuvre d'un déséquilibré.

L'oeuvre en question a cependant été à l'origine d'une importante opération policière qui a commencé dans les minutes suivant l'appel à la bombe, c'est-à-dire vers 9 h45. C'est à ce moment que le téléphone a sonné au restaurant, situé au coin des rues Sainte-Anne et Saint-Jacques. Ghislaine Bellemare, serveuse, a répondu: «Le gars avait un ton agressif. Il m'a demandé si le boss était là. J'ai transféré l'appel à Gilles Millette. Quelques minutes plus tard, j'ai su qu'il y avait un colis suspect derrière le restaurant. Là je suis devenue inquiète. Mes jambes tremblaient » a-t-elle raconté.

Le propriétaire a raconté que l'individu au téléphone était bizarre et que sa voix lui était inconnue. «Il m'a dit qu'il avait mangé de la marde dans sa vie et qu'aujourd'hui, c'était à mon tour d'en manger. Il a ensuite dit de ne pas toucher à la boîte qui était déposée près des réservoirs de gaz, car elle allait sauter. Au début, j'ai pensé que c'était une blague. J'ai demandé à l'individu de s'identifier mais il n'a pas voulu. J'ai alors compris que c'était peut-être plus sérieux que je pensais», a mentionné M. Millette.

Ce dernier a bel et bien constaté qu'une boîte de carton ressemblant étrangement à une bombe avait été placée près des trois réservoirs contenant 400 livres de gaz propane. «Quand je l'ai vu, ça ne m'a pas trop inquiété. C'était trop évident. Je suis d'ailleurs convaincu que c'était une diversion», a-t-il ajouté.

(Alpho Presse:Stéphane Lessard)
Le propriétaire du restaurant Le Minois, M. Gilles Milette.

Comme il n'y avait aucun risque à prendre, les policiers de la Sûreté du Québec ont été appelés et les quelque cinq ou six clients du restaurant évacués. La suite s'est déroulée rondement. Aidés des pompiers à temps partiel de Yamachiche, les policiers ont établi un périmètre de sécurité de 400 mètres et évacué une cinquantaine de résidences, c'est-à-dire un peu plus de 100 personnes. Parmi les personnes évacuées, on compte des commerçants et les enfants d'une garderie qui ont été transférés à Louiseville.

L'école n'a pas été évacuée puis qu'elle se trouvait à l'extérieur du périmètre de sécurité. Cependant, les écoliers n'ont pas quitté l'établissement scolaire au cours de la journée. Ils ont notamment dîné sur place.

Le maire de Yamachiche, M. Michel Isabelle, a précisé que le plan des mesures d'urgence, coordonné par M. Jacques Pellerin, avait été appliqué sans problème. «C'est une situation peu habituelle mais les gens ont bien collaboré. Le sous-sol de l'église devait servir de lieu de rassemblement pour les personnes évacuées mais finalement, tous ont trouvé refuge chez des amis et des membres de la famille. On ne nous a rapporté aucun problème. Un tel événement est quand même surprenant; nous ne sommes pas à Montréal», a-t-il déclaré.

 

De leur côté, les artificiers de la Sûreté du Québec de Québec et de Montréal sont arrivés vers 12 h à Yamachiche. Après avoir pris connaissance du dossier, ils ont entrepris les vérifications d'usage. Dans le cas présent, ils ont envoyé un robot téléguidé près du colis et projeté du neutralisant sur la boîte. Une légère explosion a suivi. Les artificiers ont ensuite été en mesure de constater qu'il s'agissait d'une fausse bombe.

Or, le colis avait été fabriqué dans les règles de l'art. «C'était une très belle imitation. Elle était constituée de trois cylindres en métal, reliés à des fils et à un téléphone cellulaire. Pour l'instant, nous ignorons qui a fabriqué ce colis et pourquoi. Une enquête sera menée; il est encore trop tôt pour en savoir plus», a indiqué l'agent Daniel Lamirande, relationniste à la Sûreté du Québec.

(Alpho Presse:Stéphane Lessard)
Les  artificiers de la Sûreté du Québec ont rapidement pris la situations en main à leur arrivée devant le restaurant.

À 14 h, le périmètre de sécurité a été levé et les citoyens ont pu réintégrer leur résidence. Parmi eux, on comptait une artiste-peintre, Mme Joan Lefebvre. «Dire que j' ai quitté Trois-Rivières pour venir demeurer ici parce que c'était plus tranquille. Mes amis n'en reviendront pas: ils m'ont souvent taquiné en me disant que ça prendrait une bombe pour me faire sortir de mon atelier. Eh bien, voilà c'est fait!», a-t-elle conclu en riant..

 

(Alpho Presse:Stéphane Lessard)
Voici le fameux colis suspect. Il s'agit en fait d'une fausse bombe, totalement inoffensive, composée de cylindre en métal, reliés à des fils et à un téléphone cellulaire.

_____________________

(CLIQUEZ ICI POUR FERMER LA FENÊTRE)