Le Nouvelliste 12 septembre 2000

Brigitte Trahan

«Cordonnier mal chaussé», dit le vieil adage. Rien n'est plus faux, toute-fois, pour Jean-Louis Deschamps, menuisier, charpentier, ébéniste et technicien en plans d'Yamachiche. Le talent tout à fait exceptionnel de cet homme s'affiche dans sa propre

maison, dont il a magnifiquement conçu et réalisé lui-même tons les meubles et les boiseries raffinés. Ce «cordonnier-là» est si bien «chaussé», d'ailleurs que son intérieur devrait faire l'objet d'un reportage dans une revue de décoration. «Je me propose d'inviter les gens d'une de ces revues... lorsque j'aurai terminé mon escalier», explique-t-il.

(Alpho presse:Alain Bédard)
Jean-Louis Deschamps des Boiseries JLD d'Yamachiche montre ici un ensemble de chambre à coucher qu'il a conçu et réalisé..

Fait d'acajou avec des insertions en noyer, l'escalier en demi-colimaçon trône en plein milieu de sa résidence, à moitié terminé, laissant déjà deviner son allure tout à fait spectaculaire après quelque 1500 heures de travail. M. Deschamps estime qu'il lui faudra 3000 heures, au total, pour réaliser ce grand projet.

Mais il n'est pas du genre a s'accrocher dans un si «petit» détail. Il peut mettre jusqu'à 20 heures juste pour dessiner les plans d'un meuble de salle de bain ou d'une armoire. «Tout ce qui mérite d'être fait, mérite d'être bien fait», plaide-t-il. Cela vaut aussi et surtout pour tout ce qu'il fait pour ses clients: meubles en tous genres, portes ou fenêtres de style ancien, boiseries de fantaisie, armoires de cuisines. et de salle de bain, bibliothèques, bref, pour tout ce qui peut se fabriquer en bois tant pour l'intérieur que pour l'extérieur.

Après 26 ans de métier, dont 23 ans à son propre compte (Les Boiseries JLD enr.), Jean- Louis Deschamps peut dire que le bois n'a plus aucun secret pour lui. «Je peux faire tout ce qui se fait et essayer de faire tout ce qui n'a jamais été fait», dit-il.

Il a d'ailleurs eu maintes occasions de mettre cela en pratique puisqu'au fil des ans, on s'est mis à lui confier de plus en plus la restauration de maisons anciennes. Qu'il s'agisse de reproduire les très larges moulures des vieilles constructions d'époque ou bien de refaire à neuf ces riches planchers de bois décorés par des insertions de diverses essences, aucun défi ne semble être à son épreuve. On l'a vu faire de très belles réalisations à la maison historique Hamelin de Louiseville, au Moulin Saint-Louis de Sainte-Ursule ou même au vieux presbytère d'Yamachiche pour ne citer que quelques exemples.

Une moulure de fantaisie en bois naturel signée Jean-Louis Deschamps peut prendre des allures tout à fait extraordinaires. Chez lui, par exemple, le centre des moulures est orné d'érable piqué, ce qui donne un cachet inimitable. «Je ne fais jamais la même chose deux fois, chaque création est unique», insiste-t-il. «Il n'y a que deux limites à ce que je peux faire: mon imagination et le budget du client», renchérit-il.

On parle ici de quelqu'un qui travaille aussi avec n'importe quelle essence de bois et qui peut reproduire à peu près tout ce qui se fait, quitte à se faire fabriquer sur mesure des outils spéciaux nécessaires à la réalisation d'un projet. «Je suis curieux et j'observe beaucoup. J'ai appris beaucoup de choses sur les anciennes méthodes de fabrication de meubles, soit dans les livres ou simplement en examinant de vieux meubles sous toutes leurs coutures», dit-il.

Jean-Louis Deschamps n'est pas qu'un simple artisan mais aussi un artiste qui, phénomène rare en l'an 2000, vit de son art sans doute parce que c'est aussi un homme d'affaires. «Je dis souvent à ma fille, qui étudie en design intérieur, qu'il faut penser aux dimensions de notre produit afin que les clients n'aient pas à payer de superflu inutilement», fait-il valoir. «Tu ne fabriques pas un dessus de table de deux pouces d'épaisseur à moins que le client l'ait précisément commandé et qu'il accepte de payer pour ce superflu», illustre-t-il..