Le Nouvelliste 20 juillet 2000

Branle-bas de combat!
Un vaste déploiement policier se termine en queue de poisson

Valérie Dufour et Michel Cloutier 
Yamachiche

C'est une opération policière grandiloquente qui s'est déroulée hier après-midi aux abords du lac Saint-Pierre après que M. Daniel Béland, un citoyen de Louiseville, ait contacté d'urgence les policiers de la Sûreté du Québec signalant qu'il avait aperçu un avion en train de s'écraser.

Or, l'opération s'est terminée en queue de poisson puisque ledit écrasement n'est probablement nul autre que le fruit de l'imagination du témoin. «Je circulais sur l'autoroute 40 en direction ouest quand j'ai vu un avion qui tournait en rond au-dessus de moi. Il a fait deux tours et ensuite il s'est cambré et il est allé s 'écraser vers le lac Saint-Pierre», a raconté M. Béland au Nouvelliste.


(Alpho Presse:Alain Bédard)
Un vaste déploiement policier a eu lieu hier après-midi entre
 Pointe-du-Lac et Yamachiche après qu'un témoin ait avisé la SQ 
qu'il avait aperçu un avion de type Cessna s'écraser entre 
l'autoroute 40 et le lac Saint-Pierre. Sur la photo, on aperçoit M. Daniel Béland de Louiseville, qui a cru à un sinistre. 
Il tentait alors de guider les hélicoptères qui ont patrouillé 
les zones marécageuses durant un bon moment.

Instantanément, tout un arsenal a été déployé sur les lieux, entre Pointe-du-Lac et Yamachiche. Deux hélicoptères, un des Forces armées canadiennes et l'autre de la SQ, un avion quadrimoteurs, deux bateaux de la garde côtière sans parler d'une douzaine d'agents de la SQ se sont rendus à l'endroit indiqué par le témoin afin d'effectuer des recherches qui ont duré tout l'après-midi. Vaines, elles ont pris fin vers 18 h.

(Alpho Presse:Alain Bédard)
Un important arsenal a été dépêché sur les lieux que l'on croyait sinistrés, comme cet avion Hercule des Forces armées canadiennes, afin de venir en aide aux éventuels survivants.
«Aucun avion n'a été porté dis paru dans la région», explique l'agent Daniel Lamirande de la Sûreté du Québec. «Mais sur la foi d'un témoin convaincu et convaincant, nous n'avions pas le choix de faire tout ce qui était nécessaire dans les circonstances.»

En effet, le témoin n'a certes pas agi de mauvaise foi. Comme le signale l'agent Lamirande, «l'avion a peut-être disparu du champ de vision du témoin dans un drôle d'angle, mais cela ne veut pas dire qu'il s'est écrasé». Daniel Lamirande signalait d'ailleurs qu'un pilote qui avait effectué des manoeuvres correspondantes à celles décrites par le témoin avait été retrouvé dans un petit aéroport local.

On les policiers n'ont voulu courir aucun risque et l'opération a été prise au sérieux. Dès le signal de détresse, des agents-patrouilleurs de la SQ étaient dépêchés vers Yamachiche pour ratisser les nombreux chemins de terre marécageux menant aux rives du lac Saint-Pierre.

Ils ont aussi consulté les gens des environs afin de savoir si quel qu'un d'autre avait été témoin de l'écrasement d'un Cessna. Au domaine privé «Parr-Villemure», situé aux abords du lac, le propriétaire Claude Villemure, un pilote à la retraite, était d'ailleurs étonné de voir arriver vers 13 h 45 des agents sur le qui-vive.

«Ils étaient préoccupés et j 'étais désolé de ne pouvoir leur fournir de renseignement. Je ne savais pas qu'un appareil s'était écrasé dans notre voisinage», dit-il, intrigué, au cours d'un entretien avec Le Nouvelliste, une heure plus tard.

Pilote d'expérience, M. Villemure a regardé le ciel nuageux, estimant que le temps était tout à fait idéal pour voler. «Il n'y a aucun problème pour s'envoler, les nuages sont à quelque 3000 pieds et tout à l'heure, un de mes amis, le pilote Serge Désilet de Yamachiche s'est posé aisément sur ma petite piste. Voyez, elle fait 900 pieds le long de la grève», explique-t-il.

Ainsi, M. Villemure avait raison d'être intrigué puisque l'impressionnante opération policière s'est retrouvée le bec à l'eau. Or il valait mieux pour tout le monde que Daniel Béland ait bel et bien imaginé

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