L'Écho 9 avril 2000


Pour Marie-Christine Hudon et Nicolas Gauthier d'Yamachiche

L'élevage de sangliers: une Passion

qui conduit à des défis

Elle est âgée de 23ans, native de Jonquière, souriante, aimant la vie. Lui a 24 ans, natif de Québec mais connaît la région comme le fond de sa poche. Il a beaucoup de parenté à Yamachiche, ce qui explique le lieu de résidence de ce couple fort sympathique que forment Marie-Christine Hudon et Nicolas Gauthier.

))) Jean-Paul Plante

Dans les faits, Marie-Christine et Nicolas sont les propriétaires de la ferme Laies marcassins du rieur sanglier du 671, Grande Rivière Nord, où ils font l'élevage de sangliers. Bacheliers en agroéconomie de l'Université Laval de Québec, le couple Hudon/Gauthier s'est lancé dans la grande aventure en février 1999 en montant tout d'abord un plan d'affaires axé sur l'élevage et la commercialisation du sanglier.


Marie-Christine Hudon et Nicolas Gauthier tenant deux marcassins qui perdront leur apparence rayée de bébé pour devenir roux foncé puis noirs à mesure qu'ils vieilliront.
(Photo Jean-Paul Plante)

Un bâtiment d'élevage de chevaux, situé à quelques centaines de mètres de la maison, a servi de point d'ancrage pour héberger et engraisser les premiers sangliers qu'ils ont acquis, soit 13 femelles en fin de gestation. Deux semaines après cet achat, le cheptel atteignait déjà 100 têtes. Présentement, le cheptel est d'environ 210 têtes, de O à 13 mois. Une quarantaine de sangliers ont été vendus au jour de l'an chez des gens qui ont fait des méchouis ou encore qui les ont fait abattre pour en faire des plats très recherchés car le sanglier est très en demande, de mentionner Nicolas Gauthier.

14 mois

Engraisser un sanglier et le rendre à maturité, soit entre 130 et 140 livres, le poids idéal pour l'abattage, peut prendre environ 14 mois.

Le cycle de reproduction est de 5 à 6 mois. Les femelles (laies) ont des portées variant de 3 à 5 petits (marcassins).

L'élevage du sanglier ne représente pas de véritables problèmes, de dire Marie-Christine et Nicolas. Il s'agit d'un animal qui s'adapte très facilement à tous les climats quoiqu'étant sensibles à la chaleur intense. En pareille situation, il se creusera alors un trou pour s'y terrer;à la fraîche.«Nous pouvons élever des sangliers autant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Quand les bébés naissent et sont élevés à l'extérieur; le taux de mortalité est d'environ 30% car il y a du cannibalisme. Ce taux passe à environ 7% Si la naissance et l'élevage se font à l'intérieur, » précise Nicolas Gauthier qui explique l'agressivité existant entre les sangliers et l'esprit «dominants / dominés» comparable à une meute de loups. En élevage intérieur, il est plus facile de détecter les prédominances et de séparer les plus faibles des plus forts, mentionnent Marie-Christine et Nicolas.

Les deux jeunes éleveurs sont d'accord pour dire que «c'est le fun d'élever des sangliers». Pour les nourrir; on fait un mélange de six grains entiers non moulus. Nicolas mentionne que le sanglier est un animal qui peut se priver de nourriture pendant quelques jours. S'il est à l'extérieur; il va <fouiller le sol> et le tourner comme si on le faisait à la pelle. Il va alors manger les racines.

Côté environnement, le sanglier est beaucoup moins polluant que le porc, disent les éleveurs.


Les sangliers sont autant à leur aise dans de vastes enclos, comme celui-ci, qu'à l'intérieur. Ce sont des bêtes qui s'adaptent très facilement aux températures, quoique sensibles à la chaleur. Mais ils possèdent un truc infaillible pour remédier à cette situation: se creuser un trou et s'y terrer.
(Photo Jean-Paul Plante) 

Méchouis

Le couple a fait quelques méchouis depuis qu'il s'est lancé dans l'aventure de l'élevage du sanglier. La réponse a été très bonne. Il a participé aux Fêtes de la Nouvelle-France tenues à la Seigneurie volant de Saint-Paulin, l'été dernier;de même qu'au Festival de la galette de sarrasin de Louiseville en octobre. Ils sont également allés à l'Île Saint-Quentin et au Marché de Victoriaville. À ces endroits, ils ont pu se faire connaître et faire découvrir la viande de sanglier à bien des gens. Deux expériences qu'ils ont bien appréciées;

La Giboyeuse

Une autre belle aventure dans laquelle le couple Hudon/Gauthier est impliqué est celle de son association à trois autres entreprises pour l'acquisition d'une salle de découpe et l'obtention d'un permis C-1 qui permettra à celles-ci de faire la découpe, le désossage et la transformation de viande: sangliers, cerfs, lapins, oies, canards et pintades. L'association des quatre entreprises que sont la Ferme Laies marcassins du rieur sanglier d'Yamachiche, les Jardins de l'oie de Baie-du-Febvre, les Cerfs Cerco de Sainte-Sophie d'Halifax et Saveurs de renom de Bécancour portera le nom de «La Giboyeuse».

La Giboyeuse visera principalement la restauration, les institutions et l'hôtellerie. On y fera (pour ce qui est du sanglier) l'emballage sous vide de filets et de longes, les deux parties les plus recherchées en restauration.

Les cubes, viande hachée, viande à fondu, etc. seront dirigés vers la vente directe. Finalement, une autre partie servira dans la préparation de cretons, pâtés de foi, saucisses, terrines et tourtières pour le marché de détail et la restauration spécialisée. On envisage même mijoter quelques recettes dans lesquelles on pourrait retrouver, à titre d'exemple, un mélange de sanglier, d'oie et de cerf.

Dans quelques semaines, Marie-Christine Hudon et Nicolas Gauthier seront au Marché Godefroy de Bécancour et à celui de Victoriaville, via la Giboyeuse. Une autre belle expérience pour ces jeunes dynamiques d'Yamachiche.

Bref, voilà deux jeunes qui ont uni leur talent et leurs efforts dans une belle aventure qui a débuté il y a un peu plus d'un an et qui donne déjà des résultats fort encourageants. A preuve: la Giboyeuse! Un défi intéressant qui laisse entrevoir un avenir très promeneur pour nos deux jeunes d'Yamachiche dont le dynamisme et la détermination ne font aucun doute. 

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